Extraits d'un article issu de la Lettre de St Maur, intitulé, "Commander pour servir" :
[A]u même titre que le Christ et précisément par le baptême, en lieu et place du Christ, celui qui gouverne exerce pour ses subordonnés au nom du Christ, un pouvoir qui lui a été confié. Cela n’est pas seulement vrai des évêques, mais de tout chrétien en responsabilité. Cette responsabilité qu’elle soit de commandement, de gouvernement, de management, de délibération, d’éducation, le chrétien l’exerce au nom du Christ maître et Seigneur. Dieu nous confie une charge divine, puisqu’il s’agit d’un attribut divin, que nous avons à exercer non pas à titre personnel, mais au nom du Christ. Aussi devant le Christ nous serons responsables de cette charge par lui confiée. C’est la parabole du maître qui confie une ville ou dix villes. Celui qui a reçu le commandement sur les villes est appelé à les gouverner au nom du maître qui, à son retour, lui demandera compte et non pas en son nom personnel. […] Comme le disait l’auteur de l’À Diognète, les chrétiens dans le monde sont comme le sang dans le corps. Si le sang est malade ou fuyant, le corps meurt. Nous attendons souvent tout des évêques, nous plaignant qu’ils ne fassent rien, qu’ils soient trop timides… Très bien, mais ils ne sont pas les seules pierres vivantes de l’édifice. Qui mieux qu’un laïc en responsabilité peut apporter au corps du monde son sang de chrétien, son âme christique ?
Encore faut-il comprendre à sa juste valeur le sens chrétien du commandement. Non seulement il est participation du pouvoir divin – et pas seulement au pouvoir divin – , non seulement il est exercé, en tant que pierre vivante du corps du Christ, en lieu et place du divin maître, mais il est aussi, et de ce fait même, service. Le Christ nous l’a dit lui-même : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ». Mais servir quel maître ? Quel autre maître que son Père le Christ peut-il servir ? Bien sûr qu’il sert le plan divin établi et voulu par son père, c’est même le coeur de sa mission. Mais quel est ce plan sinon le salut de chaque homme, son accès au royaume du Père, son adoption et par là même sa divinisation ? Ainsi, servant le plan de son Père, le Christ se met au service de l’homme. La royauté du Christ, et c’est la réponse à Pilate, est une royauté de service. Concrètement, le chef chrétien, comme nous le dit saint Paul, n’exploite pas ses subordonnés, n’est pas à leur charge, bien au contraire : « Je ne vous exploiterai pas : car je ne cherche pas vos biens mais vous-mêmes ». Le gouvernement des hommes n’a pas pour objectif la satisfaction de celui qui gouverne, ne cherche pas à retirer quelque chose des hommes, tout au contraire. Il cherche l’homme lui-même, pas pour l’asservir, mais comme le souligne saint Paul : « Voilà le but de nos prières, votre perfectionnement ». Celui qui détient une responsabilité au nom du Christ sert le perfectionnement de ses hommes. Mais quel perfectionnement ? Le Christ nous répond par cette phrase d’une exigence qui semble inaccessible quand elle est mal comprise : « Soyez parfait comme votre père céleste est parfait ». Voilà quel est le perfectionnement auquel saint Paul appelle tout responsable. Rien de moins. Le responsable qu’il soit enseignant, patron, chef politique ou militaire, en tant que participant à la principauté du Christ, a pour service royal que l’homme soit parfait comme le Père est parfait. Impossible, irréaliste, utopique penseront la plupart. Oui c’est même absurde si l’on considère que parfait veut dire sans tache, surhomme, super héros ou même devenir Dieu le Père. Mais tout à fait réaliste si l’on considère ce qu’est la perfection du Père. Être parfait ne signifie rien de tout cela, mais signifie accomplir pleinement ce que l’on est. La perfection de Dieu c’est simplement d’Être. Comme le Père est parfait parce qu’il Est, l’homme est appelé à être parfait en accomplissant pleinement ce qu’est un homme et rien de plus, mais surtout rien de moins. Je vous renvoie, pour savoir ce qu’est un homme, à toute la doctrine sociale de l’Église sur la dignité humaine. C’est cela que toute personne qui exerce une responsabilité sociale est appelée à promouvoir. Là est sa responsabilité de chef, là est son pouvoir parce que là est son service, sa mission. À l’image même du Christ qui est venu restaurer l’homme dans son humanité. […]"
PK
Bien écrit.
Que tous les chrétiens qui ont une once de responsabilité en prenne de la graine : soyez les lampes qu’on ne cache pas sous le boisseau !
Trof
Pourriez vous donner le lien ? merci d’avance
[Il n’y a pas de lien. La lettre est uniquement papier. MJ]