De François Bert sur Causeur :
"Ovni de la politique, Emmanuel Macron a eu un double mérite, celui de mettre à terre le système des partis et « en même temps » de faire la démonstration par les faits qu’il n’avait pas non plus les dispositions adéquates pour être en capacité de gouverner.
La fin d’un monde
Son instinct narcissique lui a fait repérer, non sans l’aide d’alliés intéressés, que se jouait dans une politique française à bout de souffle une opportunité historique de changer le modèle pour prendre le relais. L’élection reste une vente et, comme dans les négociations où le bagout des vendeurs prédomine, rien ne garantit la prestation future. Et c’est là que le phénomène Macron s’enlise et s’arrête : les défilés médiatiques sont à la politique ce que les défilés militaires sont à la guerre : plus on leur consacre d’argent et d’attention plus il est à craindre qu’ils cachent une sérieuse difficulté à passer à la pratique. Alors que nos élites phosphorent en tous sens pour ressusciter les partis, dont ils croient qu’ils traversent seulement une déconvenue, l’heure est au bilan et à l’écoute d’un authentique renouvellement.
Les bouffons préférés aux rois
Ce qui s’est passé lors de cette élection présidentielle est loin d’être conjoncturel. C’est un cycle de deux siècles qui arrive soudainement à son terme, après avoir indéfiniment cherché les variations pour subsister. La Révolution française a remplacé l’intelligence de l’action, qui s’enrayait, par l’intelligence des idées, qui la paralyse. Pendant cent cinquante ans, les régimes se sont succédé sans parvenir à faire de l’action politique une pratique efficace et surtout durable. La Restauration a voulu ressusciter les privilèges au lieu de redonner vie à une forme nouvelle et dynamique de discernement royal. Les deux empires ont cru pouvoir se prémunir du futur en l’enfermant par avance dans un code exhaustif : le propre de l’inattendu, comme les allemands face à la ligne Maginot, est de contourner l’existant, fût-il solide. Les républiques, enfin, ont fait reposer la force présumée des dispositifs à venir sur le volume des débats : la IIIe et IVe République se sont, à ce jeu-là, très vite essoufflées.
La Ve République, d’inspiration monarchique, eut l’opportunité de donner un timbre nouveau à cet exercice du pouvoir devenu le parent pauvre de la vie politique (la seule conquête du pouvoir occupant tout l’espace). Trois erreurs lui furent néanmoins fatales. Le choix d’abord du suffrage universel direct en 1962, qui, au lieu de désigner sur des critères « opérationnels » un président réellement aux commandes, a fait advenir un règne émotionnel, propre à promouvoir, avec l’avènement des médias, les bouffons plutôt que les rois.
L’appareil politique est devenu un organe de communication
La pratique presque systématique du référendum, ensuite, par le général de Gaulle, et notamment dans les moments critiques où ce dernier fuyait des discernements nécessaires (guerre d’Algérie, mai 68,…), a entériné la préférence laissée aux logiques quantitatives sur la lucidité et le courage politiques ; par la suite, cherchant à éviter le jeu risqué du référendum qui fut fatal au général, cette attitude se commua en une pratique aboutie et massive de la communication « écran de fumée » pour compenser la capacité réelle à traiter les problèmes. Enfin, le choix récent du quinquennat, synchronisé avec une assemblée nationale réduite à être une ombre de l’exécutif (voir pour cela l’arrivée massive d’incompétents élus sur le seul nom d’Emmanuel Macron), a fait de l’appareil politique un organe de communication de court terme.
Après avoir vendu des idées ou des postures décalées pour accaparer l’attention le temps d’une l’élection, on en vote quelques-unes pour donner l’impression qu’on honore le programme. La Ve République est ainsi devenue non pas une institution propice à un gouvernement qui dure mais un dispositif rapproché autour d’un président-spectacle qui fait plus penser à un vendeur de marché qu’à un grand cuisinier.
Une erreur de casting massive
Le pire est qu’il n’est pas seul à être à côté du casting : notre dispositif politico-médiatique a fait advenir une élite absolument décalée par rapport aux besoins du pays. Si la politique est une jungle nous pourrions dire que nous avons fait advenir aux commandes depuis des décennies une alliance improbable de Tartarins (de Tarascon) et de botanistes. Les premiers vendent la jungle sans savoir la traverser, les autres savent la décrire sans savoir l’affronter. C’est d’aventuriers que nous avons besoin, c’est-à-dire de personnalités capables de faire la seule chose qui au final est utile face au danger : discerner les décisions à prendre et les conduire avec pragmatisme au contact des événements. […]"
Alpin
http://www.medias-presse.info/renaissance-reforme-revolution-la-trinite-infernale-de-notre-declin/81289/
Françaises ,Français, peut-être est-il temps de se réveiller une bonne fois pour toutes.
La panache Français !!!
https://www.youtube.com/watch?v=QC5mxoJSgu4
Patricia
Je ne me fais plus aucune illusion dans ce domaine, y compris.
Je suis pragmatique. Je me positionne en situation pour notre Pays et sa civilisation.
De toutes façons, nous avons en définitive les gouvernants que nous méritons. Ceci dit, sans moralisation, c’est juste un constat.
Nos gouvernements successifs nous ont crucifié. Ils devront en rendre compte.
Je me méfie de tous les systèmes. J’attends les faits et les actes.
Avant tout, je fais confiance au Bon Dieu.
lafforest
merci pour cette clairvoyante analyse !
Exupéry
Hélas les idées révolutionnaires ne font pas que paralyser, elles fourvoient, et jusqu’à l’immonde !
San Juan
Alpin, votre première vidéo est très bien.
Bainville
“La Restauration a voulu ressusciter les privilèges au lieu de redonner vie à une forme nouvelle et dynamique de discernement royal.”
Non, pas du tout, la Restauration n’a pas rétabli les privilèges de l’Ancien Régime, elle a tenu compte de beaucoup d’éléments nouveaux.
Son échec tient, entre autres facteurs, à la médiocrité d’un Charles X, incapable de comprendre les ressorts d’un système représentatif faisant ses premiers essais sans la menace incessante des émeutes.
La politique d’obstruction et de démagogie des libéraux a miné le climat politique, les Libéraux essayaient de faire oublier leurs palinodies lamentables des Cent jours.
droidoteur
Ca fait bien longtemps qu’on se rend compte que nos institutions y compris la Constitution sont totalement vérolées. La république ne promeut que des bateleurs. Ce système politique est intrinsèquement pervers et profondément inefficace.
Depuis Louis XVI, nous avons accumulé les imbéciles et les demeurés à la tête de notre pays. Et ça va de mal en pis car aujourd’hui nous avons un bouffon du roi propre à porter des clochettes plutôt que la Légion d’honneur que ce gugusse ne mérite aucunement.
On ne peut faire confiance à une personne marquée dans son enfance par des horreurs. Son psychisme est atteint.
Il faut changer de régime.
MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS
Beaucoup trop d’approximations, de fautes historiques, de parti pris tendancieux puisé aux sources de l’ignorance pour que cet article soit seulement intéressant.
Il n’y a jamais eu de “privilège” dans la Chevalerie ! C’est un devoir d’ETAT comme on dirait aujourd’hui. L’abolition DES privilèges fut tout simplement l’abolition des droits des localités, des territoires, des provinces, de certains Etats réunis à la couronne pour rendre la France UNE et INDIVISIBLE, bref, MONOLITHIQUE ! Et surtout asservie à une masse d’impôts imparables alors qu’avant certains impôts étaient dispensés en raison des services rendus à la France ou du fait d’un paiement anticipé qui libérait la famille, souvent pauvre. Par exemple, dans Les Landes, l’habitude fut rpise de faire grandir un “PIN FRANC” devant l’accès à la maison de celui qui était libéré de tout impôt à vie pour lui et ses descendants quand il avait payé au Roi 4 LOUIS d’OR, une somme énorme à l’époque. Assez d’imbécillités, MERCI, sur cette histoire républicaine inversée sur les “privilèges” de la Noblesse qui n’ont jamais existé !
kontiki
Martin Desmaretz de Maillebois
Plus on avance vers la Révolution, moins la noblesse est “noble”, surtout la haute noblesse.
Ce sont les nobles qui sont les premiers responsables de la révolution en voulant mettre à bas le pouvoir royal, je suis désolé d’avoir à vous le dire, sincèrement désolé.