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Tribune libre

La rhétorique de la distance entre “la rencontre avec le Christ” et les exigences morales

La rhétorique de la distance entre “la rencontre avec le Christ” et les exigences morales

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Il y a des catholiques qui parlent de notre relation avec Jésus d’une manière telle qu’on pourrait penser qu’il y une différence entre le moment où on le rencontre et le moment où l’on parle de morale à suivre. Ces gens disent, par exemple: “La vie chrétienne n’est pas d’abord une exigence morale mais une rencontre avec le Christ”, ou “La rencontre avec le Christ se fait avant tout avec le coeur, non pas avec le cerveau ou avec la connaissance des lois morales”, etc. Cela doit vous rappeler quelque chose.

Dans un article du site cath.ch (Charles Morerod: «Benoît XVI aimait la vérité, pas les flatteurs!») il y une citation du pape Benoît XVI:

« Nous avons cru à l’amour de Dieu: c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive » (Encyclique Deus caritas est, 25 décembre 2005, § 1)

Comment comprendre cette citation?? Selon ce qu’enseigne l’Eglise et la théologie catholique, et que le pape Benoît XVI exprimait, ce n’est pas parce qu’on a pris une décision morale que le Christ apparaît dans nos vies. En réalité le Christ apparaît dans nos vies de manière gratuite, pour nous sauver du péché. On peut exprimer cela par des étapes:

Fausses étapes:

1) Une personne décide de suivre la loi morale.
2) A cause de l’étape 1), le Christ apparaît dans sa vie.

Vraies étapes:

1) Une personne commet des péchés (ou pas forcément).
2) Indépendamment de sa situation spirituelle (péché ou pas), le Christ apparaît dans sa vie.

Le Christ est venu, en effet pour nous sauver, c’est pourquoi il est allé parler aussi à beaucoup de pécheurs pendant Son ministère.

Maintenant, quid de la phase morale? C’est là que peut apparaître la rhétorique de la distance entre “la rencontre avec le Christ” et les exigences morales. Car beaucoup de catholiques vont dire que la suite est la suivante:

1) Une personne commet des péchés (ou pas forcément).
2) Indépendamment de sa situation spirituelle (péché ou pas), le Christ apparaît dans sa vie.
3) Après un certain temps (ou après, dans un temps indéfini, voire presque jamais…), il y a une phase morale.

Dans l’article mentionné, Mgr Morerod écrit, après la citation:

“Si on aborde l’Église d’abord à partir de la morale, ou à partir des structures, on ne sait pas ce qu’elle est. On ne la comprend qu’à partir du Christ, et ensuite il y a des certes des conséquences morales, et une structure de la communauté qu’il a fondée.”

Comme on le voit, il y a une manière de présenter la situation telle que cela évoque une certaine distance, un temps entre la rencontre avec le Christ et la phase morale.

Mais que disent les évangiles??

Dans l’évangile de Saint Marc on lit (Bible de Jérusalem):

Mc 1:14-
Après que Jean eut été livré, Jésus vint en Galilée, proclamant l’Évangile de Dieu et disant :
Mc 1:15-
” Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Évangile. “

Dans l’évangile de Saint Jean, chapitre 5 (idem), Jésus guérit un infirme. Quelques temps après, vraisemblablement le jour même:

Jn 5:14-
Après cela, Jésus le rencontre dans le Temple et lui dit : ” Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire encore. “

On voit clairement que la rencontre avec Jésus coïncide avec la phase morale (“repentez-vous!”) ou la phase morale suit après quelques heures la rencontre (“ne pèche plus”).

Bref, il n’y a pas lieu de créer, rhétoriquement, une distance, voire une séparation entre la rencontre avec Jésus et la phase morale. D’autres passages des évangiles confirment cela.

Les vraies étapes sont:

1) Une personne commet des péchés (ou pas forcément).
2) Indépendamment de sa situation spirituelle (péché ou pas), le Christ apparaît dans sa vie et lui parle de morale.

Il est important de faire attention en ces temps de trouble au sein de l’Eglise Catholique. Les gens qui se servent de la rhétorique de la distance entre “la rencontre avec le Christ” et les exigences morales sont souvent ceux-là même qui essaient de changer la morale de l’Eglise pour faire accepter les actes homosexuels (1). Cette rhétorique est aussi utilisée dans les “communautés nouvelles” pour relativiser les exigences morales. Cela a permis à des membres de ces communautés à continuer à commettre des fautes ou à garder des postes de responsabilité malgré tous les scandales…

La rencontre avec le Christ est aussi le moment de l’invitation à suivre la loi morale (invitation à ne pas commettre des actes homosexuels, etc.). La rencontre avec le Christ est une rencontre qui se passe dans le coeur et aussi dans notre esprit, notre intellect. On écoute Sa parole avec notre intelligence, avec notre coeur. Et en même temps nous sommes invités à conformer notre existence à la volonté de Dieu, en suivant la loi morale.

(1) “Communiqué à propos des erreurs théologiques, philosophiques et scientifiques répandues dans la démarche pastorale d’accueil des personnes
LGBT à Genève”

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4 commentaires

  1. à partir du moment où un homme a la vraie foi, il doit , dit le curé d’ Ars, imiter en tout et le mieux possible Jésus Christ: c’est la voie de la sainteté.
    qui oblige à lutter contre l’ orgueil, l’ avarice et la sensualité.

  2. Sur la deuxième étape je comprendrais plutôt les choses ainsi:
    2) Le Christ apparait dans [notre] vie et nous acceptons enfin de Le suivre.
    Du coup la “morale” n’est pas une option mais la conséquence logique de notre choix à Sa suite. Si on refuse la morale, ou on peine à la mettre en œuvre (simplement dans nos ‘devoirs d’état’, lieu le plus important) cela signifie qu’on n’a pas encore décidé de Le suivre mais qu’on hésite…

  3. Je pense que suivre Jésus n’est pas seulement appliquer une morale qui en découlerait mais bien plus , se conformer spirituellement à “qu’aurait fait Jésus à ma place”. On l’a vu avec les injections incitées par des prêtres pour raison morale (dévoyée d’ailleurs) alors que leur mission est d’ordre spirituel : mener les âmes à Dieu…ce que ne peut faire un produit contenant des cellules d’embryon ou de la luciférase et d’autres choses sataniques qui ont fait dire à Mgr Vigano qu’elles étaient un baptême satanique. Se limiter à la morale ne peut être un signe distinct d’un disciple du Christ mais celui d’un homme de bonne volonté.

  4. Car mon péché, moi, je le connais,
    ma faute est devant moi sans relâche ;
    Contre toi, toi seul, j’ai péché,
    ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait. (Ps 51 :5-6)

    Seule la pensée permet de faire progresser la conscience morale. La pensée suppose à la fois d’évoquer de ce que l’on fait, et d’en prendre conscience par rapport à quelque chose – le critère moral – qui par nature échappe à l’expérience immédiate.

    L’histoire de David et Bethsabée, à laquelle le psaume 51 fait écho, mériterait un livre à elle seule, mais on doit aussi remarquer que le repentir de David est précédé par le reproche formulé par le prophète Nathan (2Sa, 11&12). Le point important ici est que pour être « délivré du Mal » et s’orienter vers le Bien, la réflexion personnelle ne suffit pas. Pour développer la conscience morale, la parole est certes un support nécessaire dans la méditation, mais en pratique, en amont, elle doit également prendre la forme d’une interpellation. Nathan doit lui montrer la vérité de la situation pour que David se reconnaisse pécheur, et c’est en acceptant de l’exprimer par des mots que David peut se libérer de son péché.

    L’interpellation et la correction fraternelle sont en effet une nécessité structurelle, faute de quoi le mécanisme de déni risque d’anesthésier notre conscience morale.

    Allez, faites de toutes les nations des disciples… On y est fidèle? Ou pas?

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