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Culture de mort : Euthanasie

La signature du roi des Belges – que dit la Doctrine sociale de l’Eglise ?

Est-il opportun d'encourager le roi des Belges à ne pas signer la loi étendant l'euthanasie aux mineurs ? N'est-ce pas le peuple seul et ses représentants élus, qui en portent l'unique responsabilité ? La fonction du roi ne s'arrête-t-elle pas à valider le processus législatif, ce qui ne vaut pas approbation de sa part sur le fond ?

Voici quelques extraits du Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise qui permettent d'éclairer ces questions :

  • L'autorité ne peut être déliée de la morale et donc de Dieu

"396 L'autorité doit se laisser guider par la loi morale: toute sa dignité dérive de son exercice dans le domaine de l'ordre moral, « lequel à son tour repose sur Dieu, son principe et sa fin »(…). Cet ordre « ne peut s'édifier que sur Dieu; séparé de Dieu il se désintègre ». C'est précisément de cet ordre que l'autorité tire sa force impérative et sa légitimité morale, non pas de l'arbitraire ou de la volonté de puissance,et elle est tenue de traduire cet ordre dans les actions concrètes pour la réalisation du bien commun."

  • L'autorité a le devoir de défendre la loi naturelle

"397 L'autorité doit reconnaître, respecter et promouvoir les valeurs humaines et morales essentielles. Elles sont innées, « découlent de la vérité même de l'être humain et (…) expriment et protègent la dignité de la personne: ce sont donc des valeurs qu'aucune personne, aucune majorité ni aucun État ne pourront jamais créer, modifier ou abolir ». Elles ne sont pas basées sur des « majorités » d'opinion provisoires ou changeantes, mais elles doivent être simplement reconnues, respectées et promues comme éléments d'une loi morale objective, loi naturelle inscrite dans le cœur de l'homme (cf. Rm 2, 15), et comme point de référence normatif de la loi civile elle-même. Si, à cause d'un obscurcissement tragique de la conscience collective, le scepticisme venait à mettre en doute jusqu'aux principes fondamentaux de la loi morale, l'ordonnancement étatique lui-même serait bouleversé dans ses fondements, se réduisant à un pur mécanisme de régulation pragmatique d'intérêts différents et opposés."

  • Une loi qui ne respecte pas la dignité humaine et une autorité qui ne cherche pas à réaliser le bien commun sont illégitimes

"398 L'autorité doit promulguer des lois justes, c'est-à-dire conformes à la dignité de la personne humaine et aux impératifs de la raison droite: « (…) En revanche, quand une loi est en contraste avec la raison, on l'appelle loi inique; dans ce cas, toutefois, elle cesse d'être loi et devient plutôt un acte de violence ». (…) Pareillement, si l'autorité publique, qui a son fondement dans la nature humaine et qui appartient à l'ordre préétabli par Dieu,ne met pas tout en oeuvre pour la réalisation du bien commun, elle trahit sa fin spécifique et par conséquent se délégitime."

  • Refuser de collaborer à une loi illégitime est un droit et un devoir

"399 Le citoyen n'est pas obligé en conscience de suivre les prescriptions des autorités civiles si elles sont contraires aux exigences de l'ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l'Évangile. Les lois injustes placent les hommes moralement droits face à de dramatiques problèmes de conscience: lorsqu'ils sont appelés à collaborer à des actions moralement mauvaises, ils ont l'obligation de s'y refuser. Ce refus constitue non seulement un devoir moral, mais c'est aussi un droit humain fondamental que, précisément en tant que tel, la loi civile doit reconnaître et protéger (…).

C'est un grave devoir de conscience de ne pas collaborer, même formellement, à des pratiques qui, bien qu'admises par la législation civile, sont en contraste avec la Loi de Dieu. En effet, cette collaboration ne peut jamais être justifiée, ni en invoquant le respect de la liberté d'autrui, ni en prétextant que la loi civile la prévoit et la requiert. Personne ne peut jamais se soustraire à la responsabilité morale des actes accomplis et sur cette responsabilité chacun sera jugé par Dieu lui-même (cf. Rm 2, 6; 14, 12)."

  • Le droit de résistance

"400 Reconnaître que le droit naturel fonde et limite le droit positif signifie admettre qu'il est légitime de résister à l'autorité dans le cas où celle-ci viole gravement et de façon répétée les principes du droit naturel. Saint Thomas d'Aquin écrit qu' « on n'est tenu d'obéir… que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice ».Le fondement du droit de résistance est donc le droit de nature.(…)"

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15 commentaires

  1. Vous pourriez ajouter le numéro 395 :
    “Le sujet de l’autorité politique est le peuple, considéré dans sa totalité comme détenteur de la souveraineté. Sous diverses formes, le peuple transfère l’exercice de sa souveraineté à ceux qu’il élit librement comme ses représentants, mais il conserve la faculté de la faire valoir en contrôlant l’action des gouvernants et en les remplaçant s’ils ne remplissent pas leurs fonctions de manière satisfaisante. Bien qu’il s’agisse d’un droit valide dans chaque État et dans n’importe quel régime politique, le système de la démocratie, grâce à ses procédures de contrôle, en permet et en garantit une meilleure pratique. Le consensus populaire à lui seul ne suffit cependant pas à faire considérer comme justes les modalités d’exercice de l’autorité politique.”
    Par ailleurs, le roi des Belges n’a pas le pouvoir de bloquer cette loi, car s’il bloque les institutions, le parlement souverain se chargera de bloquer ses prérogatives, comme au Luxembourg.
    Cependant, ses prérogatives actuelles lui donnent une influence certaine, tant institutionnelle (le secret du roi) que morale (sa position au dessus des partis), et il est de son devoir de préserver, dans l’intérêt de son pays comme des valeurs en lesquelles il croit, de sauvegarder autant que possible sa position institutionnelle.
    Par conséquent, d’une part ce n’est pas son autorité, mais celle du peuple, qui promulgue la loi, et d’autre part il n’a pas les moyens de la bloquer. Ainsi, la meilleure option qui se présente à lui est celle employée par Baudouin en son temps : se déclarer temporairement en incapacité de régner, en raison de sa liberté de conscience.
    Cette solution manifestera publiquement son refus de signer cette loi, tout en montrant son respect des institutions et de la souveraineté du peuple.

  2. Il faudrait mettre en face le texte exact relatif au devoir du roi dans la constitution belge et analyser les risques pour l’ensemble du pays.
    [Ce texte explique au contraire que la défense de la loi naturelle et de la dignité humaine prévalent sur toute autre considération et sur le droit positif. Et quel que soit le citoyen, ce qui nous renvoie chacun à notre devoir en la matière.
    L.T.]

  3. Ne vous inquiétez pas, il signera : il a toujours tout signé. Comme son père.

  4. Bien trop attachés à leurs privilèges et à leur liste civile pour aller jusqu’au bout de leurs idées

  5. Le problème est que la pétition citée ne cherche pas à “encourager” mais à faire pression sur une personne. Et à faire pression au nom de quoi je vous le demande… et bien de la dignité ! Cette même dignité que nous proclamons inhérente à toute vie humaine et qui ne saurait être utilisée comme moyen de pression dans le cas de l’euthanasie, cette pétition l’utilise pour faire pression sur le Roi.
    Qu’on change le ton de la pétition pour lui donner le véritable ton de l’encouragement et non celui du jugement, qu’on enlève de cette pétition des phrases aussi injustes que “Montrez-vous digne du défi pour lequel vous avez été préparé tout au long de votre vie”… alors seulement je la signerais.
    “(…) sur cette responsabilité chacun sera jugé par Dieu lui-même” Effectivement, mais cela vaut pour chacun de nous, et nous serons avant tout jugé sur l’Amour avec lequel nous aurons agi. Et il ne nous appartiendra pas de juger le Roi s’il ne fait pas ce qu’on nous espérons qu’il fasse.

  6. Ceci est peut-être une interprétation correcte de la doctrine sociale de l’Eglise, mais pas de la constitution belge. Le roi n’est pas une autorité, et sa signature ne vaut pas approbation mais acte (comme celle d’un notaire).
    On ne peut parler dans ce cas d’obligation morale de refuser la loi, ni de collaboration en cas de signature… Ce qui ne m’empêche pas d’espérer qu’il ne signera pas, et de le soutenir s’il ne le fait pas, mais m’empêche bien par contre de mettre sa conscience sous pression.
    Je n’accepte pas qu’on insinue que je sois tiède à cause de cette position (que quiconque pensant cela viennent jouer avec moi l’Espérance et le chant des partisans devant le parlement) et je trouve désagréable qu’on se permette assis sur son canapé dans un pays étranger de dicter sa conduite au souverain de la Belgique (pays qu’on comprends en général si mal en France).

  7. MA SIGNATURE
    Ma signature, c’est le prolongement de ma main. Et ma main, c’est moi.
    Que je sois roi ou valet, ma signature, c’est tout mon être. Je peux la donner ou la refuser, mais nul ne me la prend. Si ma signature est frauduleuse, je suis un parjure. Le prix de ma forfanterie sera le déshonneur ou la vie. Si je me laisse prendre ma signature, je suis un couard. Le prix de ma couardise sera le mépris.
    Ma signature, c’est le sceau de ma conscience. Ma conscience, elle vient de mon expérience de vie, elle se nourrit des maîtres qui m’ont fait grandir, elle puise dans les générations qui m’ont précédé. Ma conscience, c’est mon guide ici et maintenant.
    Ma conscience, on cherche à me la voler. L’Homicide et ses alliés déploient leur séduction pour l’asservir. Ils s’insinuent sous les masques de la compassion et de l’effroi : il faut combattre la souffrance, il faut respecter la loi, il faut sauvegarder le système. Déjà, les oiseaux de malheur me prédisent une catastrophe, si je ne signe pas.
    Mais, ma signature, je peux aussi la prêter. Je peux la prêter aux personnes innocentes que l’on veut tuer, aux personnes dépendantes qui ont besoin d’être aimés, aux personnes malades qui deviendront mes princes.
    Aujourd’hui, c’est l’acte de ma vie. Ici et maintenant, je deviens qui je suis.
    A genou devant Dieu, debout devant les hommes, je choisis à qui donner ma signature.
    “En ce lieu de colère et de pleurs,
    Se profile l’ombre de la mort,
    Et je ne sais ce que me réserve le sort,
    Mais je suis et je resterai sans peur,
    Aussi étroit soit le chemin,
    Nombreux les châtiments infâmes,
    Je suis le maître de mon destin,
    Je suis le capitaine de mon âme.”

  8. Ce qui prouve que mon précédent commentaire, que je soumets ici à nouveau, est parfaitement conforme à la DSE.
    Le Roi aurait peut être pu faire une intervention du même genre que celle de Laurent Louis…
    https://www.youtube.com/watch?v=wkLVyI0fS40&feature=c4-overview&list=UUUsREJ-kRo3CLG_206Y01ng
    Car qui ne dit mot consent !
    S’il avait fait “un foin de tous les diables”, le fait qu’il signe ou ne signe pas, serait assez peu signifiant. Il ne faut surtout pas se plaindre des situations que l’on crée soi même.
    Écoutez Monsieur Louis, il dit qu’il ne pèse pas lourd, mais il se bat et il affirme !
    Ce faisant il sauve non seulement son honneur mais aussi celui de la Belgique !

  9. Beaucoup d’articles comparent le pouvoir du roi Philippe de Belgique à celui d’un notaire. Mais le notaire doit refuser son concours à un acte manifestement illégal … que ce soit sur la forme ou sur le fond.
    Je m’étonne que personne ne remette en cause la forme de la loi (loi aux dires des articles sans débats) …. ce qui rappelle la “loi Taubira” en France où les formes et la séparation des pouvoirs n’avaient pas été respectés et où le Conseil Constitutionnel avait le devoir (même s’il ne l’a pas fait) de dire que la loi n’en était pas une.
    http://www.francecitoyenne.fr/index.php/conseil-constitutionnel-la-porte-est-vraiment-etroite/
    Je suis certaine que le roi en s appuyant sur la constitution de la Belgique peut refuser cette loi en la forme car il n’y a pas eu de débats ou pour tout autre règle de forme non respectée … il serait donc dans son rôle de monarque de refuser de promulguer …. une loi qui n’en est pas une !

  10. Quand on ne sait pas quoi faire dans une situation , il faut se demander ce que Jésus ferait à notre place et demander conseil au Seigneur . Parfois ce n’est qu’après de longues prières que la réponse surgit .

  11. Que l’on soit roi ou simple citoyen, et encore plus quand on est roi compte tenu de la valeur de l’exemple, c’est une faute morale que de coopérer, fût-ce moralement, au mal.
    La question est simple : le roi des Belges va-t-il poser son sceau sur un acte de mise à mort d’innocents ? Toutes les autres considérations (unité du pays, constitution, etc…) ne pèsent pas lourd face à la vie d’enfants.

  12. Le “commentaire” de François-Régis Dabas est magnifique.

  13. Le roi des belges se retrouve dans la même situation que le roi d’Italie avec le régime fasciste de Mussolini.
    Après avoir subi en 1936 l’alliance entre Mussolini et Hitler, après avoir accepté contre son gré en 1940 l’entrée de l’Italie dans la guerre aux côtés des nazis, le roi d’Italie avait finalement dit “Stop” en 1943 en décidant de destituer Mussolini pour le remplacer par le maréchal Badoglio.

  14. En cette occurrence, le roi de Belgique serait fondé à passer outre la constitution qui le ligote à ce point, et à reprendre “les commandes” face à ces malfaiteurs “majoritaires” – fussent-ils intitulés : “députés”.
    Il serait fondé à exprimer publiquement tout le mal qu’il pense de leur vote, et à clamer son indignation devant toute prétention à le contraindre à seconder des desseins criminels.
    Il serait fondé à lancer un appel au peuple, par un plébiscite demandant s’il préfère tuer ses enfants, ou bien continuer à l’avoir pour roi.
    Certes, pas facile.
    Testament de Louis XVI : “(…)un Roi ne peut (…) faire le bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.”

  15. @ fh
    Votre comparaison avec Louis XVI ne tient pas, car Louis XVI revendiquait son pouvoir de Dieu lui-même, tandis qu’en Belgique c’est le peuple qui est souverain, et ce en accord avec tant la DSE que la constitution du pays.

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