Partager cet article

L'Eglise : Foi / L'Eglise : Vie de l'Eglise

La troisième tentation du Christ au Désert, celle du compromis historique entre l’Eglise et le monde

La troisième tentation du Christ au Désert, celle du compromis historique entre l’Eglise et le monde

Alors que l’on entend de plus en plus de propos délirants au sein de l’Eglise, et même au sein de la Conférence épiscopale française, un article de Monde et vie appelle au contraire à résoudre la crise actuelle par un retour intégral à l’Evangile :

[…] Il n’y a qu’un remède, c’est de revenir à l’Evangile intégral. L’Eglise n’est pas une institution comme les autres. On ne peut pas en imaginer une autre que celle de la Tradition. Le complot divin nous pousse dans ce sens : pour sortir du cauchemar, retrouver les fondamentaux qui ont construit l’Eglise !

Fureur des laïcs

Ici et là, se dressent des laïcs qui voudraient promouvoir une Eglise qui mettrait prêtres et laïcs sur le même pied, en condamnant, comme le fait explicitement le blogueur Koz-toujours, « la sacralisation de la personne du prêtre ». A-t-il raison de s’en prendre à la dimension sacrée du prêtre ? Le Blogueur fait de la désacralisation du prêtre, une urgence. Au nom de tous ces prêtres qui ont abusé du caractère sacerdotal pour imposer des rapports sexuels à des religieuses ou pour les prostituer (comme cela a pu se passer en Afrique), on comprend Koz. Mais, dans son indignation morale absolument justifiée, il risque de jeter le bébé avec l’eau du bain. L’eau du bain, une eau sale, c’est le cléricalisme, l’immonde égocentrisme de certaines âmes sacerdotales – égocentrisme : je sais de quoi je parle – dont le célibat mal vécu a pu faire des monstres. Ce n’est pas parce que certains abusent de leur dignité sacrée d’une manière inqualifiable, qu’il n’y a plus de dignité sacrée des prêtres. Chercher à normaliser le sacerdoce, c’est transformer les prêtres en animateurs de communautés ou de colonies de vacances. J’avoue que je ne vois pas en quoi ils en seraient devenus moins dangereux, mais, avec cette nouvelle conception, on aurait ainsi détruit le mystère de l’Eglise, qui est l’ordre sacramentel, par lequel se prolonge l’action du Christ.

Imprécision mortelle d’un évêque

L’évêque de Poitiers, proposant d’ordonner des personnes mariées parmi les viri probati de son diocèse, va dans le même sens que ces laïcs :

« Le prêtre n’est pas un homme sacré, l’évêque non plus, je pense que comme c’est le cas dans les églises d’Orient, des hommes mariés pourraient être appelés. Cela changerait la conception sacrée de ce qu’est le prêtre, qui est finalement une manière de le voir comme s’il n’était pas un homme. Comme si la sexualité n’existait pas, comme si tout être humain n’était pas travaillé par la sexualité. Avoir des prêtres qui seraient mariés permettrait de les voir comme des hommes comme tout le monde. Je pense qu’une des raisons de ces crimes commis sur des enfants ou sur des femmes vient de cette conception sacrale du prêtre ».

Beaucoup de choses dans cette déclaration. Tout d’abord Mgr Wintzer a le courage de ne pas en rester à un Mea culpa verbal. Il fait une proposition, qui est nouvelle mais qui est compatible avec l’enseignement de l’Eglise, celle de l’ordination des Viri probati. Déjà au XVIème siècle, un certain cardinal Cajétan avait accepté l’existence de prêtres mariés en Allemagne pour mettre fin au schisme luthérien. Mais si l’ordination de viri probati va dans le sens d’une désacralisation du sacerdoce, qui peut penser qu’il s’agisse d’une bonne chose pour l’Eglise ? La vie d’un prêtre n’est pas simple et le célibat n’est pas la seule complication de son existence (ce serait même plutôt en soi une simplification). Mais s’il faut abandonner l’idée que le prêtre est un personnage qui, lorsqu’il célèbre la messe ou lorsqu’il donne l’absolution, est un homme sacré qui agit dans la personne du Christ, s’il faut répéter en chœur que le prêtre « est un homme comme tout le monde », que restera-t-il du sacerdoce ? Le prêtre sera nommé pour un mandat de cinq ans, renouvelable ; quelques chômeurs auront trouvé ainsi un CDD assez mal rémunéré et l’Eglise sera totalement sécularisée. Il n’y aura plus d’Eglise, plus de mystère, plus de sacrement. Cette église-là aurait divorcé d’avec Jésus-Christ. Nous serions au stade de « l’Eglise éclipsée », dont parlent certains sédévacantistes.

Particulièrement dramatique est la formule finale de Mgr Wintzer : « Je pense qu’une des raisons de ces crimes commis sur des enfants vient de cette conception sacrale du prêtre ». Cette conception sacrale du prêtre, qui a pour elle toute la magnifique tradition patristique, serait à l’origine de la pédophilie de prêtres dévoyés ? Il ne faudrait tout de même pas confondre d’une part cette donnée théologique traditionnelle selon laquelle « le prêtre agit sacramentellement in persona Christi » avec, d’autre part un odieux cléricalisme, un subjectivisme sacerdotal infect qui mène à toutes sortes d’abus, sexuels entre autres. Qu’un évêque qui, par ailleurs, est titulaire d’une maîtrise de théologie dogmatique, puisse donner l’impression qu’il se livre à semblable confusion, voilà qui laisse mal augurer de la réaction du corps des évêques !

Vers un compromis historique

Un autre évêque, un cardinal même, de l’autre côté du Rhin, a décidé, lui, de prendre l’avenir de l’Eglise à bras le corps. « L’impulsion de renouveau de Vatican II n’a pas vraiment été mise en avant et comprise en profondeur » affirme le cardinal Marx, patron des évêques allemands, au terme de l’assemblée épiscopale allemande de printemps à Lingen. Il déclare emprunter désormais, avec son Eglise, une « voie synodale », au long de laquelle il entend mettre en discussion l’interdiction de la contraception, de la cohabitation, des relations homosexuelles et du célibat des prêtres. Sur chacune de ces questions, des théologiens sont invités à plancher. « On a besoin d’une discussion autour du catéchisme de l’Eglise catholique » ajoute Reinhard Marx, qui décidément se sent pousser des ailes et entend bien aligner la morale de l’Eglise sur celles du monde.

C’est ce que j’appellerai le syndrome postconciliaire ; au lieu de chercher profondément dans la doctrine de l’Eglise des solutions, on convoque un Comité Théodule sans aucune autorité apostolique (c’est le problème des conférences épiscopales qui n’ont pas été instituées par le Christ) et l’on discerne une via media, forcément très intelligente, qui possède sur le papier tous les avantages, mais qui n’a rien à voir avec la tradition de l’Eglise et tout à faire avec le monde et les lois du monde.

C’est la troisième tentation du Christ au Désert, celle du compromis historique entre l’Eglise et le monde. Chaque fois qu’un homme d’Eglise semble y céder, l’Eglise perd quelque chose de sa légitimité et compromet les conditions réelles de son succès terrestre.

Partager cet article

5 commentaires

  1. Cette désacralisation du prêtre n’est-elle pas née de la nouvelle messe instituée par Vatican II avec la notion d’assemblée de fidèles commémorant la Cène avec le prêtre ? Le prêtre agissant in personna Christi pour renouveler le saint Sacrifice du Christ est l’image absolue et la source même de sa sacralisation et cette signification essentielle de la messe a bel et bien été jetée aux orties depuis ce concile.

  2. Et Luther (dont la statue trône aujourd’hui au Vatican !) n’a-t-il pas passé toute sa vie de destructeur et subversif à vouloir “tuer” le prêtre et désacraliser la sainte messe ? Cherchez l’erreur.

  3. “Je pense qu’une des raisons de ces crimes commis sur des enfants ou sur des femmes vient de cette conception sacrale du prêtre” (sic)
    Eh bien non “Monseigneur” cela vient de Vatican II, de ses hérésies et de ses conséquences dont la révolution de mai 68 n’est pas une des moindres.

  4. Là où les prêtres célèbrent une litrurgie vraiment sacrée et rappellent aux fidèles l’évangile, les commandements, le diable, les fins dernières… les églises sont pleines et pleines de jeunes. Voir à ce sujet le pèlé de Chartres(moyenne d’âge de 21 ans pour environ 15000 pèlerins).

  5. Il est certain que si les prêtres étaient formés correctement comme ils l’étaient avant Vatican II, comme ils le sont à la FFSPX par exemple, on aurait certainement moins de dévoiement, s’ils lisaient un peu plus le bréviaire et étaient plus souvent devant le St Sacrement, ils auraient une autre force spirituelle, mais on préfère en faire des animateurs de “colo” plus que de vrais missionnaires, ‘s’ils occupaient des âmes au lieu de s’occuper d'”ong ” nous n’en serions pas là. Quant aux évêques notamment la CEF plus préoccupés de faire plaisir au pouvoir en place en appelant à choisir pour une Europe qui réduit les peuples en esclavage, ils feraient mieux de s’occuper de l’Eglise et d’être des pasteurs du troupeau que de politique et s’ils veulent des migrantsqu’ils les prennent dans leur évêché mais qu’ils ne nous imposent pas de les financer et de les subir en vrais toutous qu’ils sont du pouvoir politique. S’ils savaient comme ils nous débectent parfois notamment quelques -uns qui n’ont de catholique que le nom et qui sont plus protestants que catholiques et se moquent pas mal d’avoir des vocations car ils s’en moquent comme de leur première chemise. Ras le bol d’avoir des individus de cet acabit comme soi-disant évêques

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services