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Culture de mort : Euthanasie

L’avis de la conférence “citoyenne” sur l’euthanasie ? “Un dossier de travaux personnels encadrés de classe de première”

Alors que 18 citoyens choisis par l'Ifop viennent de se prononcer en faveur du suicide assisté et d'une soit-disant "exception" d'euthanasie, Tugdual Derville revient dans une tribune publiée sur Le Figaro sur la méthode et sur le fond :

"Une souris peut-elle accoucher d'une montagne? Le microéchantillon de 18 Français missionnés pour traiter le sujet de la fin de vie s'est prononcé: il entend instaurer une sorte de droit opposable au suicide, pour toute personne «en fin de vie ou souffrant d'une pathologie irréversible», complété par la possibilité d'euthanasier à titre exceptionnel le patient quand il ne peut pas exprimer son consentement. C'est en substance ce que la «conférence de citoyens» a expliqué, lundi 16 décembre 2013. Le matin même avait été lancée, à partir du dramatique suicide d'une personne âgée, une nième offensive médiatique des partisans de l'euthanasie, si prompt à exhumer les fins de vieles plus bouleversantes pour manipuler l'opinion.

Peut-on imaginer que soit remise en cause toute la politique de prévention du suicidedes personnes désespérées, notamment par la fatigue du grand âge, la dépendance ou l'isolement? Faudrait-il laisser croire aux Français qu'il y aurait d'un côté des personnes suicidaires dont la vie mériterait d'être respectée et sauvée, et de l'autre des «sous-vies» qu'il faudrait encourager à l'effacement? Devons-nous prendre au sérieux cette conclusion unanime d'un mini-panel réuni à la demande du président de la République par le Comité consultatif national d'éthique(CCNE)?

Ce procédé, douteux sur la forme, s'est avéré dangereux sur le fond. À l'issue de trois week-ends de travail à huis clos, «l'avis citoyen» de 12 pages est bizarrement estampillé du logo de l'institut de sondage l'Ifop, qui le parraine. Mais il n'est pas plus crédible que ces sondages qui persistent à présenter l'euthanasie comme seule façon d'échapper à la «souffrance insupportable». L'avis s'apparente à un méritoire dossier de travaux personnels encadrés (TPE) de classe de première. Synthèse approximative rédigée à la hâte par un groupe dépassé par l'ampleur de son sujet.

 


Faut-il s'en étonner? À cause du peu de moyens alloué par l'État au CCNE, ce qui avait été annoncé comme des États généraux, semblables à ceux qui ont précédé la dernière révision de la loi bioéthique pendant huit mois, s'est réduit à un processus minimaliste et précipité. L'Ifop a l'honnêteté de préciser que son panel «ne prétend pas à la représentativité de la population française». Recrutés selon «plusieurs critères sociodémographiques», ses appelés se sont pourtant pris au jeu.

Il ne s'agit pas de les blâmer. Leur avis est rédigé avec de généreuses intentions. Il comporte même un plaidoyer pour «un développement massif de l'accès aux soins palliatifs». Mais ces soins sont consensuels, et ils n'attendent que la mise en œuvre des promesses présidentielles. Nos citoyens sont-ils conscients qu'en faire l'excipient de la promotion de l'euthanasie ou du suicide assisté est contradictoire? La Sfap (Société française d'accompagnement et de soins palliatifs) précise toujours que soins palliatifs et euthanasie sont «incompatibles».

Sur l'euthanasie et le suicide, les points les plus cruciaux, le «devoir» du panel est truffé d'approximations et de confusions. Ses auteurs ont vu défiler vingt personnalités, aux propos techniques ou militants ; ils ont peut-être été saturés de termes nouveaux. Mais il a visiblement manqué le témoignage de personnes engagées dans la prévention du suicide, cette mort violente qui constitue l'un des plus graves fléaux du grand âge et de la dépendance. C'est la question-clé, la plus maltraitée. Comment le panel peut-il se dire unanime pour offrir aux patients le droit de se suicider, alors qu'il précise qu'il ne s'est pas entendu pour définir le mot suicide, douze personnes penchant pour une définition large, six pour une plus restrictive. Même impuissance à définir l'euthanasie, à douze contre cinq cette fois, avec une abstention. Chiffres dérisoires pour une question qui concerne 66 millions de Français. Et tout cela pour aboutir à promouvoir, d'une part, «un droit légitime (au suicide) du patient en fin de vie ou souffrant d'une pathologie irréversible» et, d'autre part, ce que la note nomme improprement une «exception d'euthanasie». Précisons que cette terminologie avait été proposée en 2000 par le CCNE comme un moyen juridique à soulever a posteriori devant les tribunaux, pour dédouaner l'auteur d'un «meurtre par compassion». La prétendue exception d'euthanasie inventée par le panel sème la confusion: décidée a priori avec l'aval d'une «commission ad hoc» qui «devra être mixte» (sic), elle serait administrée aux patients incapables d'exprimer leur consentement direct!

À l'issue des séances à huis clos, certains membres du panel se disent missionnés pour changer la donne sur la fin de vie. Mais c'est au nom d'une liberté compassionnelle qui conduit à une logique d'exclusion. C'est le moment de se mobiliser nombreux pour revenir aux fondements de la fraternité, celle qui protège les personnes les plus fragiles et les plus vulnérables, toujours dignes d'être soignées et aimées."

Vous pouvez signer l'appel "Solidaires en fin de vie" ici.

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10 commentaires

  1. 18 personnes, c’est du “foutage de gueule” !
    Comment ces citoyens ont-ils pu se prêter à une telle mascarade ?
    On pourrait en rire si le sujet n’était pas aussi grave de conséquences !

  2. Encadrée par qui?
    Relire les 800 propositions d’Atali….
    Euthanasie pour tous à 65 ans….sauf erreur
    Que va t-on faire?
    Laisser faire le nouveau camp de la mort sans réagir????

  3. @Myriam
    Attali a maintenant 70 ans, bien en vie !

  4. il y a quelques jours sur RMC il était annoncé à l’antenne que plus de 80% des auditeurs étaient pour l’euthanasie, je suis allé sur leur site internet on était à 63 %!
    de même Europe 1 et son sondage sur la personnalité de l’année où Taubira créditée de 7-8 % sur le web terminait avec 20 % d’avis favorable au détriment de Barjot.
    peut-on encore croire ces sondages qui servent seulement à la propagande, mon prof de démographie disait; il suffit de poser les bonnes questions!

  5. La fameuse (ou fumeuse) journée de solidarité n’aura plus lieu d’être puisque qu’on va tuer les vieux parce qu’il le sont.
    Au fait à quel âge commence le vieillesse car je n’ai pas envie de mourir tout de suite…

  6. @Sawyer
    Les bébés, les enfants, les handicapés, les vieux, les souffrants, les….
    Vous croyez pouvoir y échapper ?
    Une fois la loi passée on tuera qui on voudra avec des bons prétextes et cela se passe déjà en silence dans nos hôpitaux depuis des années.

  7. Pour faire passer l’euthanazie, l’instauration de la démo-panelocratie !
    http://bernard-antony.blogspot.fr/2013/12/pour-faire-passer-leuthanazie.html

  8. Eh oui, c’est ça les socialistes: non aux punitions pour les coupables, oui à la peine de mort pour les innocents!

  9. Pour les vieux jours, il faudra changer de pays et ceci dès la retraite…

  10. Les réunions ont eu lieu rue Cadet ?

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