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Culture de mort : Avortement

L’avortement est un acte grave qui supprime une vie humaine

Texte du père Père Thomas de Gabory, docteur en médecine, aumônier de l’Université de La Réunion publié dans le courrier des lecteurs d'un quotidien réunionnais :

P1090802a"Le Planning Familial 974 fête cette semaine son anniversaire, 10 années de présence à La Réunion. Un seul chiffre suffit à illustrer son bilan : 75% des hommes réunionnais considèrent que l’avortement est un moyen de contraception. Ce constat malheureux prouve que l’avortement est devenu dans la conscience générale un acte anodin. Malgré les campagnes en faveur de la contraception, le nombre d’avortements à La Réunion ne cesse d’augmenter, les chiffres sont au-dessus de la moyenne nationale, et les mères concernées sont de plus en plus jeunes. L’avortement n’est pourtant pas un acte banal. Au contraire il est un acte douloureux et chacun, hommes et femmes, est appelé à en mesurer toute la gravité.

Les raisons qui poussent les mères à choisir l’avortement sont souvent respectables. Il ne s’agit pas de jeter la pierre à celles qui font ce choix. Il ne faut ni juger ni culpabiliser. L’Église ne condamne jamais les personnes mais des actes. Elle condamne les violences faites aux femmes. L’Église est toujours du côté des personnes vulnérables et de celles qui souffrent. Il convient donc d’accompagner les mères ayant recours à l’avortement dans le respect, la douceur et la compassion. L’association Mère de Miséricorde le fait à La Réunion ([email protected]).

L’avortement n’est pas un acte anodin, mais un acte grave qui marque profondément la vie des mères qui y ont recours. Il laisse des traces dans la mémoire du corps mais aussi et surtout dans le cœur. Il ne faut pas minimiser l’impact d’un avortement sur la vie d’une mère et les séquelles psychologiques qui peuvent rejaillir plusieurs années après. Les blessures ont parfois du mal à cicatriser avec le temps.

Comme aumônier de l’Université de La Réunion, je rencontre des jeunes filles confrontées à l’angoisse d’une grossesse non désirée. Par manque d’information, la procréation n’est plus pensée comme un mouvement naturel lié à la sexualité. Les jeunes vivent souvent une sexualité déconnectée de son pouvoir de donner la vie. Lorsque la grossesse est déclarée, c’est souvent la panique, la peur de l’avenir, l’angoisse de la réaction des proches, et la question de l’avortement peut se poser chez ces jeunes mères en détresse et souvent isolées. Elles veulent « l’enlever » comme elles disent. Mais que faut-il enlever : une grossesse angoissante ou un être humain ?

L’avortement n’est pas un moyen de contraception. Il est un acte grave qui supprime une vie humaine. C’est pour cette raison que l’Église catholique s’y oppose fermement. Il est un acte qui transgresse l’interdit fondamental de tuer. L’embryon n’est pas qu’un amas de cellules. Dès l’instant de la rencontre du spermatozoïde et de l’ovocyte, son patrimoine génétique unique au monde fait de lui un membre de la grande famille humaine. Il n’est pas un têtard et ne deviendra rien d’autre qu’un homme ou une femme. Le délai légal de 12 semaines ne peut rien y changer : l’embryon reste un être humain avant et après ce délai. Il ne devient pas, comme par magie, une personne humaine à la fin de la 12ème semaine. Il est déjà en soi une personne.

La grande Mère Teresa de Calcutta disait au moment où elle recevait le Prix Nobel de la paix : « Je ressens quelque chose que je voudrais partager avec vous. Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître ». Les conséquences d’une politique familiale en faveur de l’avortement ne sont pas à sous-estimer. L’avortement ne peut pas être un acte à prendre à la légère. Une société qui veut s’humaniser doit promouvoir une belle éducation à la sexualité, et rappeler son lien naturel avec la vie. La mobilisation pour la paix et pour la vie doit être permanente."

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3 commentaires

  1. Ce n’est pas pour chercher la petite bête, mais cet angle de la lutte contre l’avortement dont la femme est présentée comme la principale victime a quelque chose de dérangeant.
    Il n’est pas question de dire que la femme qui avorte est la seule responsable de son acte, on sait bien aujourd’hui que c’est toute la société qui est organisée vers ce but, et que cela arrange beaucoup d’amants, de pères et d’employeurs. Il n’est pas question non plus de dire que la femme qui avorte a une responsabilité absolue conférée par un discernement lui aussi absolu. Cela, Dieu seul en jugera.
    Mais attaquer l’avortement en expliquant que la femme est avant tout ‘victime’ car ‘blessée’ par cet acte, c’est gonflé. Elle est blessée, certes. Comme un meurtrier ou un voleur qui n’aurait pas bonne conscience. Mais enfin, la victime principale est son enfant, et la personne posant l’acte grave est bien cette femme ! Évidemment qu’elle doit ‘culpabiliser’, qu’elle doit être jugée, qu’elle doit être condamnée. Sinon, autant commencer à dire que dans un viol, la victime est avant tout le violeur, qui sera déstabilisé psychiquement par son acte…
    Pourquoi une certaine Église n’arrive plus à assumer son magistère, et se sent obligée d’utiliser des alibis pour le proclamer (là, ‘le bien être de la femme’) ?
    Cela inquiète toute personne qui voudrait s’approcher de l’Église, parce que cela donne l’impression qu’elle ne croit pas en elle. J’ai voulu parler du Christ à une incroyante récemment, et réponse : ‘moi j’ai besoin d’une boussole, j’ai besoin qu’on me dise ce qui est bien ou mal, et qu’on me contraigne à faire le bien, qu’on m’aide en me dirigeant ; je n’ai pas besoin qu’une autre voie s’ajoute à celles des ultra-féministes pour me dire que tout ce que je fais est génial et que je ne peux être qu’une victime’.

  2. Sur le plan de la raison, sur le plan du cerveau, vous avez raison, sans aucun doute, JeanLouisNevers. Mais descendez un peu plus bas, sur le plan du cœur, et vous verrez qu’il faut tenir compte du désarroi moral de ces jeunes filles, égarées par ce monde de la consommation, abusées par des mâles qui ne cherchent qu’à profiter de l’occasion pour se barrer au plus vite. Prions pour ces jeunes mères infortunées. Laissons le jugement à Dieu.

  3. Incroyable Jean Ferrand.
    – Donc, les ‘jeunes mâles’ peuvent ‘abuser’ des filles, et on leur en tient rigueur, on les accuse, on les juge. Ils sont méchants.
    – Donc, la ‘société de consommation’ peut ‘égarer’ des filles, et on lui en tient rigueur, on l’accuse, on la juge. Elle est méchante.
    Par contre, les femmes prenant la décision en conscience de tuer leur enfant (et de laisser libre cours à leur sexualité en ‘profitant des occasions’ aussi, car pour jouir en dehors des affaires de viol, il faut être deux), elles, ne peuvent pas être jugées, et elles sont décrites comme des victimes. Au nom de quoi ?
    Votre propos illustre exactement ce que je critique. Tant que ce sont ces propos là qui présideront au mouvement anti-avortement, il aura la sympathie de très peu d’hommes. Parce qu’il continuera d’être perçu que comme une Nième manière de les accabler un peu plus, en déresponsabilisant un peu plus les femmes de leurs actes.
    Je suis contre l’avortement parce qu’il tue l’enfant, pas parce qu’il est pénible pour ceux (hommes et femmes) qui le commettent et l’encouragent. J’ai la même pitié pour ‘les femmes’, ‘la société’, ‘les mâles’ : c’est-à-dire une pitié forte pour les repentis, et une absence complète de pitié pour ceux qui plutôt que de demander pardon, font pire que l’absence de repentir : se dédouaner en hurlant ‘c’est l’autre’. D’ailleurs, cela rappelle assez bien Adam et Eve tout ça.
    Tenir ce discours ‘parle’ au contraire très bien au cœur, parce qu’il valorise le repentir. C’est parce que j’espère le meilleur pour les pécheurs que je tiens ce discours. Et je prie pour que mes frères me le tiennent à chaque fois que je m’égare.

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