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Valeurs chrétiennes : Culture

Le règne des sournois

Le règne des sournois

Le père Jean-François Thomas, jésuite, est professeur de philosophie. Il fut pendant quinze ans missionnaire à Manille où il se consacra à la sauvegarde des enfants des rues. Il vient de publier un roman, Chaque chose belle en son temps…, racontant l’histoire d’une famille après-guerre. Lucien est le fils d’une mondaine, elle-même fille unique d’un très grand bourgeois d’affaire dont la fortune colossale trouve sa source dans les fournitures aux armées napoléoniennes. Son père, issu d’une vieille famille aristocratique périgourdine attachée aux valeurs traditionnelles, est militaire, absent. Lucien alterne entre le château de ses grand-parents paternels, enracinés dans leur village, et l’appartement de sa mère, habituée dans fêtes et plaisirs. Ce récit montre l’incompatibilité de ces deux milieux, l’un, superficiel et malheureux, dédié au règne de Mammon, l’autre, enraciné, attaché à la famille, à la terre des ancêtres et à la tradition. Lucien navigue entre ces deux mondes, écartelé, au milieu d’une époque -les années 60- en proie aux doutes, pensant à son père absent, lequel, torturé, finit par revenir au pays de ses racines. L’auteur évoque dans son roman les années terribles où tout fut remis en cause, jusqu’au sein de l’Eglise :

Un de leurs principaux adversaires fut le Père Cavalier qui venait d’être élu au poste suprême de la province de son ordre religieux. Sans trop tarder, il serait envoyé à Rome, il en avait l’intuition. Là, il pourrait vraiment révéler toutes les palettes de son art, celles du camouflage et de l’entourloupette. Il n’avait jamais fait preuve d’autant d’arrogance et d’assurance que durant les mois écoulés. Les événements lui étaient favorables. L’autorité était partout remise en cause, le règne des sournois, des arrivistes, avait sonné. Il ne manquait pas une occasion pour faire crécher sa plume et à en distribuer les vomissures à quelques quotidiens et magazines dont le label était encore, pour peu de temps, explicitement chrétien. Il jouissait de l’influence devenue la sienne puisque certains politiques commençaient à le considérer avec intérêt. Il se vantait d’être dans le petits papiers des évêques. Il faisait et défaisait des carrières ecclésiastiques, et beaucoup le craignaient. […] Il traîna dans la boue ceux qui essayaient de défendre la vie, sans pour autant, malin chacal, se déclarer en public ouvertement pour l’avortement. Son argument essentiel consistait à souligner la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et donc l’impossibilité pour la première de s’immiscer dans les affaires de la nation. Défendre la vie contre le crime légalisé ne pouvait être qu’affaire de la conscience privée. Certains évêques le suivirent, impressionnés par le bagout structuraliste du personnage.

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