La revue Catholica a publié un article de l’abbé Pagès, commentaire critique d’une opinion soutenue par le père Édouard-Marie Gallez sur l’accès au salut des non-chrétiens. L’article est accessible ici. Extrait :
[…] La rencontre avec le Christ étant déterminante pour le salut, le père Gallez imagine que si les chrétiens se sauvent ou se damnent en cette vie, les non-chrétiens le font dans la mort où Jésus leur apparaîtrait (Le malentendu, p.104). Car Jésus est « descendu au séjour des morts pour y ‘‘évangéliser’’ (Ibid. p.88) », et Il y serait toujours, ou Son âme seulement, en train d’inviter les âmes à se convertir… Or, non seulement une fois mort, on ne peut plus rien, mais le Credo nous fait professer que le Christ est ressuscité des morts, c’est-à-dire que Son âme, unie à Son corps, est sortie des enfers, et se trouve désormais, et pour toujours, au Paradis… Nier la réalité de la mort et celle de la Résurrection du Christ est un puissant cocktail hérétique.
Puisque le choix « pour ou contre le Christ » est déterminant pour le salut éternel (Cf. Mc 16.16 ; Jn 3.16), et que tous n’ont pu consciemment le faire durant la vie terrestre, le père Gallez imagine qu’ils le font après celle-ci, en une session de rattrapage, où « se joue ultimement le salut, en particulier pour tous ceux qui n’auront pas pu avoir l’occasion de découvrir l’Evangile au cours de leur vie sur terre ». Mais pourquoi ne pas plutôt comprendre avec l’Eglise que chacun, durant sa vie terrestre, « d’une façon que Dieu connaît, a la possibilité d’être associé au mystère pascal (Gaudium et Spes, 22.5) » ? En effet, le Christ étant la Vérité (Jn 14.6), tout homme, doué de raison et de liberté, sera jugé en fonction de son amour de la vérité, qu’il était tenu de chercher (Humanae dignitatis n°1), qu’il ait connu ou non Jésus-Christ. C’est ainsi que les « païens privés de la Loi peuvent accomplir naturellement les prescriptions de la Loi (…) inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience (Rm 2.1-16) », et qu’au dernier jour ceux qui n’auront pas connu Jésus-Christ seront néanmoins jugés sur leur relation avec Lui en la personne d’autrui avec qui Il S’était identifié (cf. Mt 25.31-46). Tout homme se juge donc lui-même en fonction de son rapport à la vérité et à son semblable (Lc 18.9 ; 1 Jn 3.18-19) : « Du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous (Mt 7.2) ». Nul besoin donc d’imaginer la nécessité d’une rencontre avec le Christ dans la mort (Le malentendu, p.104), et d’en arriver pour cela à prétendre que « la vie terrestre n’est pas le lieu du salut, mais de sa préparation (Le malentendu, p. 106) ». A la question du père Gallez : « Où donc tout homme aura-t-il l’occasion d’aller vers la Lumière ou de s’en écarter définitivement, sinon dans le passage de la mort ? », il faut donc répondre : en cette vie ! « Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut ! (2 Co 6.2) » […]