Lu sur Agoravox à propos des euthanasies du Dr Bonnemaison :
"Le plus inquiétant dans cette affaire ne sont pas les actes isolés du docteur Bonnemaison, quand bien même ils seraient criminels… Le plus inquiétant, c’est l’indéfectible soutien dont bénéficie aujourd’hui le médecin-urgentiste. Des dizaines de milliers d’anonymes levés en masse, défendant corps et âme un médecin dont ils ne connaissent rien, à peine la réalité des actes qui lui sont reprochés. Peu importe !… Ils se sont levés comme un seul homme, magnétisés parle nouveau mot d’ordre : euthanasie ! Euthanasie… euthanasie… euthanasie… C’est devenu un mot magique aujourd’hui… Presque une incantation, comme une prière qui effacerait tout : la souffrance des mourants, celle de ceux qui restent et peut-être même la réalité de la Mort…
Les militants de l’euthanasie partagent tous le même secret. Un secret qu’ils avouent à mots couverts quand une affaire d’euthanasie comme celle de Bayonne délient les langues. Les témoignages et les messages d’amitié postés au Docteur Bonnemaison racontent tous la même histoire : celle d’une mort ratée qui continue à hanter les vivants. Le fantôme d’une mère mal morte, un père dont le râle de l’agonie les empêche toujours de dormir, un fils dont on soupçonne qu’il se retourne encore dans son cercueil… Tous ont un compte à régler avec la Mort. Et tous, d’une manière ou d’une autre, sont rongés par la culpabilité.
Culpabilité de s’être défilé face à la Mort qui vient, de n’avoir pas été à la hauteur, de n’avoir pas su trouver les mots pour parler au mourant, de n’avoir pas eu le Courage d’aider l’autre à mourir. Aider quelqu’un à mourir ne consiste pas à le tuer mais à faire un bout de chemin avec lui dans le Noir, trouver les mots ou les caresses qui apaisent, le regarder en face, lui pardonner, car très souvent c’est le Pardon que réclament, sans oser le demander, ceux qui n’arrivent pas à mourir. Aider un être à mourir demande beaucoup d’Amour, de la Joie et de l’Espérance. Et de tout cela, très souvent, nous manquons. Au lieu d’avouer la détresse et l’effroi dans lesquels nous plonge la venue de la Mort, au lieu d’oser demander de l’aide, on se tait, on ne parle que des souffrances insupportables du mourant, de l’indignité de son état, de l’acharnement thérapeutique du médecin.
On se laisse persuader que l’euthanasie est un problème strictement médical alors que c’est un problème de société, ce que nous savons, tous, au fond de nous. Exactement comme personne ne souhaite voir les décharges immenses où s’accumulent nos monceaux d’ordures ou la pollution que génère notre terrible société, nous ne voulons pas voir les corps de nos parents rongés par le cancer, nos grands-parents dégénérescents et tous ces gens âgés abandonnés dont plus personne ne veut. Et on voudrait que tout cela disparaisse vite et bien, sans un cri, sans un mot, afin que rien ne vienne troubler la fiction sur laquelle repose notre petite existence. Bien que les héros de l’euthanasie tentent de nous persuader du contraire, on ne tue pas ses parents par amour, on ne tue pas son enfant par amour, on les tue parce qu’il leur en manque et qu’il arrive un instant où, épuisé, esseulé, on ne peut leur en donner plus. […]
Pourquoi Marie Humbert n’a-t-elle jamais trouvé la Paix si en euthanasiant son fils elle accomplissait ce qui lui semblait juste en son âme et conscience ? Après qu’elle eut bénéficié d’un non-lieu, elle clamait sur toutes les chaînes de T.V : « On a trahi mon fils ! ». Que voulait-elle de plus ? Son fils était mort comme il le souhaitait et elle-même bénéficiait de la clémence de la justice. La vérité est que comme tous les militants de l’euthanasie, Marie Humbert aurait souhaité être absoute de son geste, être libérée de sa culpabilité. Tous les militants espèrent qu’à travers une loi, l’Etat — érigé en Dieu — va les laver de leur « faute ».
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