De Pierre-Marie Sève, Délégué général de Stop au porno, et Constance Prazel, Vice-présidente de Stop au porno :
Le 9 juin dernier, le Sénat a déposé et voté un amendement à la loi contre les violences conjugales, ajoutant dans le texte l’obligation pour les sites pornographiques de vérifier l’âge de leurs utilisateurs. Il est intéressant de constater qu’à cette occasion, le combat contre les méfaits de la pornographie vienne s’insérer dans une réflexion plus large, sur les violences conjugales. Il n’y a là point de hasard : l’augmentation dramatique des violences dans les couples se nourrit bien entendu de la vision dévoyée de la sexualité et des rapports entre l’homme et la femme véhiculée par les contenus pornographiques.
L’objectif de l’amendement est clair : empêcher les mineurs d’accéder aux sites pornographiques. Il reprécise et renforce une disposition déjà contenue dans la proposition de loi votée en première lecture à l’Assemblée en janvier. Soutenue par le gouvernement, cette proposition faisait suite aux annonces d’Emmanuel Macron il y a six mois, manifestant sa volonté de lutter plus efficacement contre le fléau de la pornographie et ses dégâts sur les plus fragiles d’entre tous, les enfants.
Les pouvoirs publics ont donc enfin choisi de se saisir du dossier : voilà des années que nous attendions cette prise en main du problème de la pornographie, et que nous œuvrons dans ce sens. Déjà, à l’occasion des précédentes élections présidentielles, Liberté politique avait travaillé à attirer l’attention des candidats sur les conséquences profondément délétères de la pornographie sur les enfants, les familles, la société toute entière. Depuis 2018, l’association Stop au Porno a pris le relais pour mener un intense travail de lobbying qui porte aujourd’hui ses fruits, et nous nous en réjouissons : conférences, diffusion massive de notre documentaire auprès de la classe politique et du tissu associatif ont permis d’éveiller les consciences et de préparer le terrain à cette décision. Déjà, il y a quelques mois, notre travail intense, relayé par une pétition, avait permis d’aboutir au dépôt d’une proposition de loi à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, c’est le Sénat qui s’engage dans la voie de la sagesse.
L’équipe de Stop au Porno se félicite tout d’abord de ce que les “contenus pour adultes” soient enfin interdits aux enfants. Un premier pas extrêmement positif, même s’il est certain que cette loi aurait dû être votée il y a des années déjà : en l’espèce, mieux vaut tard que jamais. Il nous paraît cependant essentiel d’exprimer des réserves, et de ne pas se laisser emporter par un enthousiasme qui serait infondé. Tout comme la plupart des personnalités engagées pour le contrôle de l’âge à travers le monde, nous savons que l’étape la plus importante commence après le vote de la loi. Alors que le Royaume-Uni a voté une loi similaire en 2017, les solutions techniques et les discussions sans fin ont empêché, à ce jour, d’avoir un contrôle effectif de l’accès aux sites pornographiques.
C’est pour cette raison que nous renouvelons nos appels à une prise en main urgente du sujet par l’opinion publique, par les médias et par les politiques. Le combat ne fait en effet que commencer.
CB
Un cuisant échec est à venir pour cet amendement bricolé à la dernière minute et qui ne coûte politiquement pas grand chose vu l’ingéniosité des clients de tels sites. Cet amendement a été propulsé d’une part par les associations anti-porno (dont il faut saluer le travail) et… par un promoteur réputé du milieu du porno.
“la tentative identique, au Royaume-Uni, s’est soldé par un échec cuisant, tout comme pour l’Islande qui a abandonné en 2013 l’idée d’interdire la pornographie en ligne, ou l’Inde qui, en 2015 et après avoir tenté de bloquer plus de 800 sites, a été obligée de faire marche arrière.
Sans même aller plus loin et en regardant simplement les gamelles que se sont prises les autres pays comparables, on se doute déjà que ces magnifiques tentatives législatives aboutiront surtout à de nouvelles dépenses indues, des tracasseries ridicules et un contournement de la loi aussi rapide qu’impossible à endiguer.
Il faut en effet comprendre que, du point de vue d’un site, quel qu’il soit, la localisation d’un internaute se fait sur la base de son adresse internet, qui peut, par construction même du réseau mondial, être relayée depuis n’importe quel site, y compris étranger. En somme et par l’utilisation d’un logiciel de VPN, n’importe qui pourra accéder à n’importe quel site en plaçant son adresse en dehors de France et, de fait, en dehors de ces restrictions grotesques. Si, d’aventure, ces restrictions devaient voir le jour en France, on peut raisonnablement parier qu’il ne faudra pas plus d’une ou deux semaines pour que les fournisseurs de ces VPN (dont certains, gratuits) enregistrent un afflux de nouveaux utilisateurs français…”
http://h16free.com/2020/06/12/66238-lol-et-wtf-les-senateurs-soccupent-du-porno-sur-internet
Collapsus
Ridicule hypocrisie d’une société qui se voile la face devant les immondices qu’elle génère et se donne la bonne conscience du devoir accompli. D’un point de vue pratique, comment vont-ils procéder ? En demandant son âge au visiteur avec déclaration sur l’honneur ? Grotesque.
Les ravages du porno vont pouvoir tranquillement continuer à déglinguer notre jeunesse.