Communiqué de Karim Ouchikh, Président du SIEL :
"La proposition de loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie est examinée cette semaine à l’Assemblée nationale. Cette initiative parlementaire comporte de nombreuses ambiguïtés qui sont autant de portes d’accès vers une légalisation rampante de l’euthanasie.
Avec le « droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès », une nouvelle prérogative médicamenteuse serait ainsi ouverte pour les malades incurables dont le pronostic vital est engagé à court terme ; or l’administration de sédatifs ne saurait se substituer au travail complexe et patient d’accompagnement vers la fin de vie qui seul est de nature à aider humainement les malades en quête d’écoute et de réconfort.
Les concepts flous de « prolongation inutile » ou de « maintien artificiel » de la vie sont des notions bien peu scientifiques dont l’interprétation éminemment subjective peut se révéler potentiellement dangereuse : si, par exemples, l’alimentation et l’hydratation artificielles deviennent des traitements ordinaires, leur interruption pourrait alors devenir une méthode commode pour provoquer la mort de manière anticipée.
La notion de « directives anticipées contraignantes » laisse entendre que les patients pourraient devenir demain les prescripteurs des protocoles médicaux -, établis en amont de l’hospitalisation des patients -, que les praticiens auraient à exécuter mécaniquement, le moment venu : en déresponsabilisant de la sorte le corps médical au bénéfice de patients par ailleurs dénués de toutes compétences techniques, le risque serait grand alors de voir se développer demain des tensions dans la relation soignants-soignés et d’assister à leur probable judiciarisation.
En l’état du texte, le SIEL ne peut donc que marquer sa ferme opposition à un dispositif qui apparaît anxiogène pour les patients comme pour leurs familles et qui bouleverse par ailleurs considérablement l’environnement réglementaire des professionnels de la santé (services d’urgence, de réanimation ou de gériatrie ; professionnels des maisons de retraite…).
A l’occasion des débats parlementaires à venir, le SIEL réclame des modifications radicales à la proposition de loi Claeys-Leonetti pour garantir aux patients et professionnels de la santé la mise en place d’un dispositif réglementaire qui sécuriserait réellement la fin de vie. Cet objectif ne peut ainsi faire l’économie de l’affirmation solennelle du refus de provoquer intentionnellement la mort et de la priorité donnée aussi bien à la relation privilégiée soignant-soigné qu’au monopole accordé à la compétence médicale, seule habilitée au fond à prendre soin avec discernement de la santé des patients.
Profondément attaché au respect absolu de la vie et à la dignité des personnes vulnérables, le SIEL restera particulièrement vigilant sur ce dossier en faisant échec aux innombrables lobbies qui voudraient faire de la proposition de loi Claeys-Leonetti une étape déguisée vers l’adoption insidieuse d’un ‘‘droit à l’euthanasie’’."