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Culture de mort : Euthanasie

“Le suicide assisté et l’euthanasie touchent à un interdit fondateur”

“Le suicide assisté et l’euthanasie touchent à un interdit fondateur”

Une quinzaine de responsables religieux et d’intellectuels, dont Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France, et Chems-eddine Hafiz, recteur de la grande mosquée de Paris, signent dans Le Figaro une tribune contre l’euthanasie, annonçant la publication d’un livre en commun. Extrait :

[…] Malgré nos différences, pour nous tous le suicide assisté et l’euthanasie touchent à un interdit fondateur, celui de donner la mort, et les légaliser affaiblirait cet interdit. Nous nous inquiétons de plus du risque d’abuser d’un état de faiblesse ou d’entraîner les plus faibles à choisir de mourir pour ne pas peser sur leur entourage et sur la société. Tous, enfin, nous nous unissons à celles et ceux qui réclament un développement réel des soins palliatifs et de l’enseignement de l’accompagnement de la douleur.

Au-delà de ces points de convergence, le livre permettra aux lecteurs de sentir les nuances, voire les désaccords, entre les réflexions des uns et des autres. Ces réflexions ne sont pas réduites à des positions, terme qui évoque les guerres de tranchées. Chacun d’entre nous a essayé de décrire l’accompagnement possible des situations toujours singulières. Car, si donner la mort demeure une transgression, être attentif aux malades en fin de vie et en situation de souffrance extrême, et être disponible pour entendre leurs demandes, relève d’un impératif de fraternité. Face à cet impératif, il faut pour quelques-uns d’entre nous oser la loi ; mais cette dernière n’est assurément pas, pour la majorité, le seul mode de réponse possible, sa généralité de principe risquant de l’amener à interdire ou à autoriser plus qu’elle ne veut et à sanctionner des décisions qui n’ont pas forcément à l’être. Certains se rejoignent au contraire pour l’interprétation large des textes existants, au cas par cas, au nom d’une éthique de la détresse. La souffrance et le désir de mourir qui peuvent justifier un accompagnement à en finir avec la vie – et pas simplement un accompagnement de fin de vie – seraient reconnus, sans aller jusqu’à adopter une loi qui marquerait une rupture profonde en promouvant un droit à être tué.

Ainsi, loin de former un supposé « front uni des religions » , qui serait arc-bouté sur des principes immuables, nous espérons apporter des éléments variés et substantiels pour que nos concitoyens prennent part aux débats qui vont marquer l’actualité, et puissent aussi se préparer pour les décisions qu’ils auront à prendre pour eux-mêmes ou pour leurs proches. Avec cette lecture religieuse multiple et accessible, nous voulons montrer sans détour l’importance du consentement à mourir comme un appel à vivre ; un consentement répété tout au long de nos existences et pas seulement en bout de souffle ou à bout de souffle, qui dépasse de beaucoup la simple médicalisation de la fin de vie.

Les signataires:

  • Laëtitia Atlani-Duault, anthropologue, vice-présidente Europe de l’université Paris Cité ;
  • Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France ;
  • Véronique Margron, théologienne, soeur dominicaine et présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France ;
  • Christian Krieger, pasteur, théologien et président de la Fédération protestante ;
  • Dimitrios Ploumis, métropolite de France et président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France ;
  • Haïm Korsia, grand rabbin de France et membre de l’Institut ;
  • Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris ;
  • Antony Boussemart, coprésident de l’Union bouddhiste de France ;
  • Jigmé Thrinlé Gyatso, lama et aumônier, co-président de l’Union bouddhiste de France ;
  • François Clavairoly, pasteur et théologien protestant;
  • Olivier Abel, philosophe protestant;
  • Denis Malvy, professeur de médecine, prêtre et théologien orthodoxe ;
  • Dan Arbib, philosophe;
  • Sadek Beloucif, professeur de médecine et président de l’association l’Islam au XXIe siècle.

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4 commentaires

  1. Sur un sujet connexe, Gaspard Proust entre humour et gravité ce matin sur la crémation des corps, alors que le christianisme recule en France et que le pays se trouve entre vide spirituel et islamisation:

    https://www.youtube.com/watch?v=0z6TWgM5xyM

  2. à toutes ces Eglises, il manque les Frères trois points, malgré les nombreuses obédiences ; seraient-ils tous d’accord?

  3. Où est donc passée la génération du “baby-boom” ? Celle qui est née en gros de 1940 à 1970, qui n’a pas l’excuse d’avoir connu dans sa jeunesse les affres du réchauffisme, de la méthode globale, des écrans en poche et sous le nez, des drogues de synthèse ou non, de l’homosexualité érigée en norme, des PMA/GPA, de la transition de genre, du wokisme, de l’islamisme terroriste, j’en passe et des pires.
    On ne l’entend pas, est-elle muette de satisfaction ou de désespoir ou de lâcheté ou de terreur ou de soumission ? Comment a-t-elle pu lâcher ainsi notre civilisation chérie au profit de lubies barbares toutes aussi toxiques les unes que les autres ? Les matraques des CRS=SS de mai 68 ont-elles donc déréglé à ce point ses neurones ou sont-ce les volutes de fumées des doux opiacés de Katmandou ? Ou les délires crypto-marxistes de Sartre ou de Foucault ? Ou les retombées radioactives de la Révolution ?
    Comment toute une génération a-t-elle pu ainsi basculer dans une psychose si mortifère ?

    • elle a trop pensé “fric” ! , voilà une des raisons à ce que vous invoquez, voyez les représentants en vue de cette génération, et enlevez-leur le fric, ils serons tout démunis, sans parole

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