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Le système Macron a échoué : la seule attitude raisonnable aurait été une baisse générale des impôts

Le système Macron a échoué : la seule attitude raisonnable aurait été une baisse générale des impôts

A propos des Gilets jaunes, Pierre de Lauzun, haut fonctionnaire spécialisé dans la finance, analyse pour L’Homme Nouveau :

Il y a quelque chose de très profond, c’est une voix nouvelle qui se fait entendre dans le débat public et qui pèsera au moins pendant un temps. Mais la limite de ce mouvement c’est qu’il s’est construit comme un réseau et veut le rester, sans porte-parole ni élaboration commune d’un programme ou de revendications. C’est une limite importante pour qui veut peser dans le débat public. […]

Le journal Le Monde a établi une corrélation assez forte entre les demandes qui apparaissent ici ou là, et les programmes de Jean-Luc Mélenchon il y a un an et, dans une moindre mesure, celui de Marine Le Pen. C’est ce qui fait qu’une revendication profonde et originale, par ce que le géographe Christophe Guilluy appelle la « France périphérique », se traduit de fait par des demandes très classiques comme la hausse des salaires, etc., qui sont peut-être justifiées mais qui ne sont pas originales. Ce qui l’est un peu plus, c’est la demande de démocratie directe, qui pourrait se traduire par des mesures de type référendum populaire, ce qui peut être intéressant au cas par cas, mais pas être un mécanisme permanent. Bref, le mouvement est nouveau mais n’arrive pas vraiment à porter de choses très nouvelles. […]

Le ras-le-bol fiscal est porté par tous, les gens aisés comme les autres. Là où le système Macron a échoué, c’est que ses mesures sont illisibles, avec la suppression de l’ISF ou de la taxe d’habitation d’un côté, et l’augmentation de la CSG de l’autre, plus les autres taxes et, en plus, le fait que les pensions ne sont plus indexées sur l’inflation. La seule attitude raisonnable aurait été une baisse générale de la pression pour tout le monde sans aucune augmentation d’impôt ; sauf que cela suppose de réduire drastiquement la dépense publique. Les gens ont donc le sentiment, qui n’est pas absurde, que ce n’est ni juste, ni équilibré. Ils voient ce dont bénéficient les autres alors qu’eux doivent payer plus. Mais ce que ne voient pas les Gilets jaunes, c’est qu’en réduisant les ressources de l’État, il faut réduire aussi les prestations ; il ne sert à rien de se focaliser sur le coût des parlementaires ou des ministres qui, cumulé, ne pèse pas lourd.

Reste que malgré un système social qui fait l’originalité de la France, les gens ont un sentiment très clair de gaspillage de l’argent public…

Dans les pays scandinaves, la pression fiscale est légèrement moins élevée qu’en France mais les gens ont l’impression d’en avoir pour leur argent. Ici, l’argent est beaucoup moins bien employé. Il faut choisir de mettre de l’argent sur les points prioritaires, et ne pas changer de cap tout le temps. Comment se fait-il par exemple qu’en Allemagne, on dépense moins dans l’éducation mais que les professeurs sont bien mieux payés ? […]

En tout cas, il s’agit d’un vrai mouvement de fond, comme en témoigne Yves Daoudal :

Je ne sais pas ce qu’il en est ailleurs, mais je subodore que dans toutes les campagnes c’est peu ou prou comme chez moi. Les gilets jaunes, ce ne sont pas seulement les braves gens qui sont aux ronds-points. Ceux-là ne sont que les représentants visibles d’une grande partie du « peuple gilets jaunes », ce qui n’est pas assez dit (voire jamais) sur les ondes. Et qui est minimisé en permanence chez les tenants du pouvoir (et cela aussi attise la colère). Par chez moi, c’est au moins les deux tiers des voitures qui ont un gilet jaune derrière le pare-brise, les trois quarts en certains endroits. D’autre part le comptage des manifestants n’a aucun sens, parce que bien sûr ce ne sont pas toujours les mêmes qui sont sur les ronds points 24 heures sur 24. On se relaie, et dans les familles mêmes on y va à tour de rôle selon le temps que laissent les obligations de travail, d’école, etc. C’est quand on prend conscience de cela qu’on voit que c’est un vrai mouvement de fond.

Un mouvement au sein duquel les femmes, premières victimes de la précarité, sont très actives.

Crédit dessin : Clothilde Prévost

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8 commentaires

  1. La correlation du journal le Monde montre surtout que les gilets jaunes ne veulent plus de 40 ans de pouvoir libéral libertaire
    En effet , et c’est leur faiblesse , les gilets jaunes n’ont pas de penseur politique : ils récupèrent donc les idées contestataires qu’ils ont lus
    Mais il faut aller plus loin et penser diffemment: refonder une économie qui n’est ni socialiste ni libérale sachant que Macron’ est les deux à la fois !!!

  2. La Manif pour Tous, si elle n’a pas eu gain de cause sur le plan législatif, a semé dans la vie politique une prise de conscience de l’existence d’une France attachée à ses valeurs fondatrices familiales. Elle pèse encore dans la restructuration en cours des partis et la droitisation des électeurs.
    Ce sera la même chose pour les GJ. Cela ne débouchera pas sur un nouveau parti mais pèsera dans tous les partis, surtout à droite, sur une prise de conscience de la fracturation de notre société, du rejet du mondialisme libertaire et financier et favorisera une remise en cause salutaire de notre appartenance à la CEE ou du moins des conditions de cette appartenance.
    Les répercussions seront à mon avis assez profondes sur le moyen et le long terme. Tout cela va dans le bon sens.

  3. Il faut déjà baisser le train de vie de L’État !
    Cesser de passer l’argent par les fenêtres et notamment toutes les subventions innombrables ainsi que l’argent distribué à l’étranger…

    Cessons aussi d’entretenir nos anciens Présidents qui nous coûtent un argent colossal et qui ne le méritent même pas !
    Qui est d’accord pour entretenir macron pendant 50ans ou plus ?

    L’éducation à un coût exorbitant parce qu’elle est idéologique et qu’elle ne cherche pas à éduquer mais à pervertir !
    Et cela coûte dix fois plus cher que de simplement éduquer…
    De plus les illettrés qui sortent de notre système éducatif continuent à nous coûter très cher.

    Les gilets jaunes n’ont pas à dicter la politique, il suffit de mener une politique qui réponde à leurs attentes et pas seulement sur un plan matériel.

  4. Le dessin accompagnant cet article mérite une explication : l’artiste a rapproché les événements actuels de la France au Titanic pour voir dans l’attitude du président un iceberg . Comme un iceberg , le président est dépendant des courants (lobbies) ; il a une partie émergée qui est son arrogance , une partie immergée son incompétence . Comme un iceberg , il est froid , séduisant et inutile .Mais comme un iceberg , sa partie immergée( son incompétence ) est un redoutable danger pour la France : nul ne sait si à son contact cette dernière ne va pas couler .

  5. Il ne faut pas être devin ou fin économiste : la richesse de la France va dans l’appareil d’Etat ( Bruxelles, Président, Gouvernement, Sénat, Assemblée, Région,Département, Communes ). En 1970, il existait trois niveaux d’imposition : commune, département, pays.
    Cinquante ans plus tard, il existe 6 niveaux d’imposition : commune, intercommunalité, département, région, pays et Europe. Et maintenant nos dirigeants veulent nous imposer un impôt ” transition écologique “, donc un 7eme niveau ! Cela est inacceptable : même si effectivement l’écologie est une grande révolution à mettre en place si nous voulons sauver la planète. À nos dirigeants de se serrer la ceinture en réduisant de façon drastique leur revenu, avantage de toutes sortes sans pour autant diminuer la démocratie ! Nous ne voulons pas le départ de Macron, ou la dissolution de l’assemblée Nationale, ni du Sénat ou des instances régionales et départementales, mais simplement que ces élus soient enfin au service des Français, avant de se servir, de servir leurs intérêts et ceux qui les financent.

  6. Mais l’argent va dans la poche des banksters d’un côté (intérêts de la dette) et des rentiers de l’autre (oligarques et actionnaires des grands groupes privatisés, qui peu à peu ont remplacé nos services publics, mais qu’il faudra payer deux voire trois fois car ces gens, qu’ils soient français ou étranger, n’en ont jamais assez… L’exemple le plus criant est celui des autoroutes, mais cela concerne en fait tous les secteurs, c’est ce qu’on appelle le capitalisme de connivence, où conflits d’intérêts public/privé foisonnent…)
    En conséquence, pour les libéraux ayant encore un train de retard, on ne peut plus dire que la France soit un pays socialiste, ce n’est plus vrai (au moins dans un pays socialiste, on savait où allait l’argent, c’est à dire aider les familles dans le besoin, les services publics, les infras…). Dorénavant, comme tout a été privatisé et que la dette a explosé délibérément sans même nous consulter, l’argent va dans la poche des banques et des 1% les plus riches, c’est tout !!!

    • C’est très bien de faire un constat ! Ce sont des solutions que les Françaises et les Français veulent : la mienne en est une. Peut-être pas la meilleure, je veux bien vous le concéder.
      À vous de nous donner la vôtre ! Tout est bon à être envisagé.

  7. Les mesures de Macron pour calmer le jeu des Gilets Jaunes…certains disent déjà que les 100€ de plus pour le smic ne peut techniquement pas se faire avant 6 mois…
    Encore une usine à gaz !!!….
    Pourquoi ne pas baisser simplement la TVA de 3 à 5 points ?
    Cela redonne du pouvoir d’achat (par la simple baisse des prix sur tous les produits de consommation, carburant compris) et relance la consommation. Donc “tout bénéf” pour les français et le gouvernement…
    Ah, j’oubliais que la TVA est fixée maintenant au niveau européen donc on ne peut pas y toucher. Dommage Macron ! Si on avait encore un peu de souveraineté tu aurais eu des marges de manœuvres !

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