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France : Politique en France

Le thème de l’immigration, point de jonction entre l’UMP et le FN

Extrait d'une analyse d'Eric Zemmour dans le Spectacle du Monde sur l'UMP de l'après-Sarkozy, et notamment à propos de la rivalité entre Jean-François Copé et François Fillon :

M"Reste le Front national. Les deux hommes sont sur la même ligne : en cas de triangulaire, ni Front national, ni front républicain. Mais, dans le passé, on a cru déceler quelques inflexions. Quand Nathalie Kosciusko-Morizet, emportée par sa croisade médiatique contre Marine Le Pen, annonçait qu’elle voterait pour le socialiste en cas de duel FN-PS, Copé la tançait sévèrement, tandis que Fillon semblait compréhensif. On en a déduit que Copé serait prêt à s’accorder avec Marine Le Pen si son destin présidentiel en dépendait, tandis que François Fillon saurait garder les « mains propres ». […]

Les relations entre le Front national et l’UMP sont devenues plus complexes que jamais. Dans les années 1980, Jean-Marie Le Pen (comme Jacques Chirac) se voulait un Reagan français. Le RPR avait repris sur l’immigration le programme du FN. Cette proximité intellectuelle n’existe plus. Le Front national a suivi idéologiquement la transformation sociologique de ses électeurs : il est devenu le parti des victimes de la mondialisation, ouvriers, employés, mais aussi petits patrons. Marine Le Pen, entourée d’anciens chevènementistes, est colbertiste, protectionniste, sociale.

L’UMP a entériné, en revanche, la victoire idéologique de l’ex-UDF sur l’ex-RPR. Il est le parti de l’Europe, de la mondialisation régulée mais réputée heureuse. A part quelques franges (la Droite populaire), l’UMP est devenue une grosse UDF. Ses électeurs sont d’abord les retraités (pas forcément aisés), qui craignent les effets de la mort de l’euro sur leurs économies. Pourtant, paradoxalement, jamais les électeurs de l’UMP (de 59 à 70 %, selon les sondages) n’ont été aussi désireux d’une alliance avec le Front national. C’est bien sûr la question de l’immigration qui fait, au-delà des désaccords économiques, la jonction des deux électorats.

C’est ce qu’avaient bien compris Nicolas Sarkozy et le grand inspirateur de sa campagne, Patrick Buisson. C’est en chevauchant cette frontière idéologique avec son discours sur la « frontière », rédigé avec lyrisme par Henri Guaino, que Sarkozy a non seulement réussi à se qualifier pour le second tour, mais a failli l’emporter d’une courte tête. S’il n’a pas créé l’énorme surprise, c’est qu’une partie de l’électorat du FN n’avait ni oublié ni pardonné sa désillusion de 2007. C’est d’ailleurs à cause du même sentiment d’incrédulité que les hiérarques qualifiés pompeusement d’“humanistes” par les médias – les anciens Premiers ministres Juppé, Raffarin, Fillon, sans oublier les cautions « parité et diversité » NKM, Rachida Dati et Rama Yade – ont suivi le candidat Sarkozy dans ses “transgressions” qui faisaient frémir la gauche. Sarkozy a violé l’UMP pendant sa campagne ; mais la victime, n’y croyant pas vraiment, l’a laissé faire.

Ce jeu de rôle cynique peut tenter Jean-François Copé. Mais personne – ni au FN, ni à l’UMP – ne le laissera jouer. Fillon pourra alors monter en première ligne au nom de la “morale”. Pourtant, seule cette ligne audacieuse permettrait de rassembler le “peuple de droite”. Les modérés d’antan sont marginalisés ou passés à gauche (l’Ouest de la France, autrefois terre d’élection des centristes, est devenu un camp de base socialiste). Comme si la bataille au sein de l’UMP était terminée avant même d’avoir commencé, faute non de combattants, mais de différences réelles. […]"

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3 commentaires

  1. Le refus du mariage Gay et de l’euthanasie pourraient être ajouté à ces lignes audacieuses permettant de rassembler le peuple de droite. Il n’est pas porteur, que parce qu’il est peu porté , en particulier par l’UMP. L’électorat n’y est pas insensible, loin s’en faut.

  2. @ ewart
    Je suis entouré de gauchistes au boulot et je peux vous affirmer que même eux ne le défendent pas… en des mots particulièrement crus…
    Je connais des homos où c’est pareil…
    À se demander pourquoi ou comment les gens votent.

  3. Brillante analyse. Chapeau, M. Zemmour !!!

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