Claves publie 4 articles de l’abbé de Massia sur l’enfer :
- Ce que dit vraiment l’Eglise : l’enfer éternel est-il incompatible avec la miséricorde de Dieu ?
L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, ‘le feu éternel’. La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire.
- Le caractère éternel de l’enfer : Un Dieu amour peut-il vouer des hommes faillibles et versatiles à une peine éternelle ?
L’enfer n’est pas avant tout le lieu d’une condamnation par Dieu mais d’un refus volontaire de son amour. La racine de l’existence de l’enfer et de son éternité se trouve ainsi dans le péché mortel : un acte libre mauvais, offense à Dieu, par lequel on place sa fin dernière (le but et le sens de sa vie) dans une autre réalité que lui – au lieu d’agir en ayant pour but ultime l’union à Dieu, on refuse implicitement de reconnaître en lui la source unique de notre bonheur.
- L’enfer est-il vide ? Réalité, avertissement, menace ?
L’influence d’Hans Urs von Balthasar et de sa relecture « parénétique » des paroles de l’Écriture relatives à l’Enfer (selon laquelle ces annonces auraient un caractère d’avertissement, voire de menace, et non d’affirmation) conduit beaucoup à penser aujourd’hui que l’existence d’âmes damnées ne serait pas contenue dans la Révélation. […] Dieu mentirait-il à ses propres enfants pour se faire obéir, comme le feraient des parents en mal d’inspiration (« Si tu n’es pas sage, on t’abandonne sur le bord de la route ») ? Voilà qui est bien indigne de la pédagogie aimante du Seigneur, mais surtout incompatible avec sa Vérité infinie.
L’Enfer est ainsi cette vérité de foi qui correspond à la vérité de Dieu et de l’homme, et de l’homme-Dieu qui donne sa vie pour nous. La gravité de notre destinée est celle d’un être spirituel ordonné à une vie sans fin, dont les options sont à la mesure de sa vocation à l’intimité divine. Si nous étions des végétaux ou des animaux, nos actions seraient bien insignifiantes, mais doués d’intelligence et de volonté libre, créés à l’image de Dieu et appelés à lui ressembler, nos actes ont un véritable poids d’éternité. L’existence de l’Enfer, affirmée envers et contre tout par l’Église, vient nous rappeler cette vérité et notre responsabilité.