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France : Société

L’enseignement chrétien invite à la haine du péché et à la compassion pour le pécheur, le progressisme affiche sa complicité avec le péché et sa haine du fautif

L’enseignement chrétien invite à la haine du péché et à la compassion pour le pécheur, le progressisme affiche sa complicité avec le péché et sa haine du fautif

Pour le père Danziec, dans Valeurs Actuelles, Benjamin Griveaux est la victime expiatoire d’une société sans repères mais surtout sans miséricorde :

Le titre deviendra l’un de ses incontournables tubes. Sa voix avait beau partir dans les aigües, la vérité qu’il proclamait n’en restait pas moins grave. Lorsqu’en 1980 Daniel Balavoine interprète « Je ne suis pas un héros », le message est clair : la notoriété apporte avec elle son lot d’obligations et de renoncements. De solitude également. N’est pas donnée à tout le monde la capacité de porter le poids de la renommée. La noblesse oblige ? En vérité, la célébrité aussi. Vécue sans exigences, elle voue l’homme public à faire la une des magazines en tout genre.

Les agissements auxquels Benjamin Griveaux s’est livré peuvent prêter à sourire dans les couloirs de faculté, attiser les moqueries autour de la cafétéria au bureau ou alimenter les discussions dans les salons le dimanche après-midi. Bien-sûr on pourrait souligner l’irresponsabilité de l’ancien porte-parole du gouvernement, son incapacité à protéger ses secrets d’alcôve et son manque de retenue dans ces derniers. On pourrait s’intéresser à la genèse de ce coup médiatique retentissant. S’interroger sur les relations suspectes, ou tout au moins nébuleuses, entre une russophone étudiante au long cours, un avocat engagé autant que trublion et un activiste politique réfugié en France. Alexandra de Taddeo, Juan Branco, Piotr Pavlenski ou un bien curieux trio pour une bien curieuse histoire. On pourrait ironiser encore sur l’audace libertaire d’un artiste controversé qui finalement dérange davantage les gouvernants de son pays d’accueil que les responsables de son pays d’origine. Néanmoins, au-delà de tous ces possibles, l’essentiel se trouve ailleurs. Ce scandale, fatidique pour celui qui est désormais l’ex candidat à la mairie de Paris, dit, d’abord et surtout, beaucoup de l’hypocrisie morale qui règne dans notre société. Montherlant a beau constater dans son roman de Port-Royal qu’« il y a de tout dans certaines âmes, et parfois même au même moment », le “Nouveau Monde” se moque de ce principe de réalité. Il se montre à la fois souverainement libéral et terriblement exigeant. Sans mise en garde tout autant que sans pitié. Le drame du « en même temps » poussé à son paroxysme.

Ainsi, les nombreux commentateurs de ce vaudeville politique ont eu beau répéter à l’envi qu’il n’y avait rien d’illégal au regard de la loi civile à s’aventurer au-dehors du lit conjugal, la vindicte populaire ne s’est pas moins gênée pour fustiger allégrement celui qui s’était égaré dans des vidéos compromettantes et laissé prendre sur le vif. Le progressisme, apôtre de toutes les permissivités, se révèle de la sorte d’une intransigeance sans borne et d’une disgrâce sans limite. Bienvenue dans l’impasse spirituelle des temps présents. La banalisation du mal, qui est l’autre nom de la barbarie, finit pourtant toujours par écorner deux qualités consubstantielles au maintien paisible d’une société : la justice et le pardon. Ces deux vertus, lorsqu’elles sont vécues à l’école du Christ, s’expriment à l’inverse exact du spectacle auquel nous avons eu droit cette dernière semaine. Non, en toute justice, selon la loi morale que Dieu a placée dans le cœur des hommes, il n’est pas louable ou anodin d’aller voir ailleurs. Oui, en toute miséricorde, l’homme, traversé par la faiblesse de ses passions, se trouve hélas en mesure de chuter. La justice chrétienne ne consiste aucunement à tomber à bras raccourcis sur le premier fautif mais à lui rappeler simplement, envers et contre tout, les vérités élémentaires d’une conduite probe. Le pardon chrétien ne consiste aucunement à proclamer l’indifférence quant aux fautes morales mais à exprimer miséricorde et humanité à l’endroit du coupable repentant.

Parce qu’en chaque homme se trouve un lot de contradictions insoupçonnées qui cohabitent péniblement avec des combats intérieurs, on ne peut réduire une personne à l’une ou l’autre de ses actions. Pour lui garantir justice et possible miséricorde, il s’agit de la prendre dans sa totalité, et sa complexité. Il y a du drôle dans les attentes de la société postmoderne. Quand l’enseignement ascétique chrétien invite à la haine du péché et à la compassion pour le pécheur, le progressisme affiche quant à lui sa complicité avec le péché et sa haine du fautif. Caractérisé par une crainte instinctive de la transcendance et un refus de repères moraux, il ne cesse dans le même temps de manifester son besoin impérieux de modèles, de héros et de saints.

Bossuet, dans sa déclaration liminaire à son Discours sur l’Histoire universelle, rédigé pour l’instruction du grand Dauphin, donnait cette précision : « Quand l’histoire serait inutile aux autres hommes, il faudrait la faire lire aux Princes. Il n’y a pas de meilleur moyen de leur faire découvrir ce que peuvent les passions et les intérêts, le temps et les conjectures, les bons et les mauvais conseils. » Benjamin Griveaux n’a, semble-t-il, pas lu cet ouvrage ni bénéficié de ses précieuses recommandations. Reconnaitre ses faiblesses, admettre que l’on puisse se tromper, chuter parfois n’empêchent en rien de pouvoir se relever. Au contraire, c’est même à cette persévérance que l’on reconnaît les héros, les chefs ou les saints.

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