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Tribune libre

Les conséquences néfastes de l’antijuridisme dans l’Église : la facilitation de l’immigration clandestine et les abus sexuels

Les conséquences néfastes de l’antijuridisme dans l’Église : la facilitation de l’immigration clandestine et les abus sexuels

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Depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, des tensions sont apparues entre des laïcs catholiques, et aussi entre des laïcs et une partie de la hiérarchie ecclésiastique, à cause du problème des immigrants illégaux. Récemment le vice-président J. D. Vance, catholique, a dû réagir face aux critiques de la conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) à propos des mesures prises contre les clandestins (https://www.lifesitenews.com/news/jd-vance-defends-traditional-catholic-teaching-on-immigration-sparking-leftist-outrage/). Le but de cet article est de rappeler que ces tensions sont dues à l’antijuridisme qui s’est développé au sein de l’Église depuis les années 1960. Cet antijurisdisme n’a pas seulement contribué à faciliter l’immigration clandestine aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs depuis la fin des années 1980, mais en plus elle est l’une des causes de la crise de abus sexuels au sein de l’Église Catholique.

Dans un article publié en 1970 et intitulé «Le droit canonique dans l’Église d’aujourd’hui» , Mgr Henri Wagnon (1906-1983), professeur émérite à la Faculté internationale de droit canonique de l’Université catholique de Louvain, expliquait que le droit canonique pouvait être réformé et qu’il y avait eu quelques dérives qui devaient être corrigées. Le problème qui est apparu est que beaucoup de catholiques sont passés de la critique pour signaler certaines dérives du droit à une critique du droit tout court. Tout cela s’est passé sans discussions sur les termes utilisés. Dans son article, il définit ce que c’est que le légalisme, le juridisme et l’antijuridisme (https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1970_num_1_2_1011) . En ce qui concerne l’antijuridisme, il écrit (p. 132) :

«Le droit, prétend-on, est incompatible avec l’esprit de l’Évangile. Le Christ n’a apporté au monde d’autre loi que celle de l’Amour : il y a antinomie entre l’Église de la charité et l’Église du droit. En effet, selon l’enseignement de Vatican II, l’Église est le sacrement du salut : elle est le peuple de Dieu, œuvrant à son salut sous la conduite de l’Esprit-Saint. Or le droit paralyse la docilité à l’Esprit, il contient les aspirations, contrecarre les initiatives, entrave les possibilités. Dans l’Église les ministères ne sont que des services tout imprégnés de charité ; or le droit leur a conféré un autoritarisme et un triomphalisme justement condamnés. L’Église n’a du reste pas besoin de droit pour remplir sa mission ; elle se doit de respecter la « sainte liberté des enfants de Dieu», qui, selon la doctrine paulinienne, marque la victoire de la Croix sur la loi. «

C’est cet antijuridisme qui a conduit, en autres autres, à «réhabiliter» des religieux qui avaient été condamnés avant les années 1960 (https://lesalonbeige.fr/les-causes-de-la-crise-des-abus/). Certains d’entre eux ont pu même créer des «communautés nouvelles» dans lesquelles il y a eu beaucoup d’abus sexuels.

En réalité on ne peut pas éviter les règles et le droit, et Mgr Wagno écrivait plus loin (p. 133) :

«2. Un droit canonique est nécessaire

La nécessité d’un droit canonique se fonde sur l’interdépendance, la solidarité des chrétiens dans l’Église. S’il est vrai que l’Église communauté est sacrement de salut, le chrétien ne peut se sauver que dans et par la communauté : ce qui suppose plus que l’exercice de la liberté individuelle. Du reste, seuls les fidèles qui sont parvenus à une certaine maturité et ont été éduqués à la responsabilité pourraient prétendre à la liberté spirituelle. «

Il faut donc un droit canonique et il faut aussi appliquer les sanctions.

L’autre problème qui s’est posé vers la fin des années 1980 est que cette attitude antijuridique vis-à-vis du droit canonique a eu son pendant vis-à-vis du droit civil. C’est ainsi que beaucoup de laïcs, beaucoup de religieux et beaucoup d’associations caritatives catholiques aux Etats-Unis, en Europe et ailleurs, ont commencé à soutenir les immigrés clandestins de diverses manières. Et cela a contribué à créer un appel d’air et il n’est pas étonnant qu’il y ait des millions d’immigrés clandestins aux États-Unis et ailleurs. Ils ont soutenu des immigrants clandestins qui ne fuyaient pas les guerres ou d’autres situations catastrophiques, ceux qu’on appelle aussi des migrants économiques. En faisant cela, ils ont fait le choix d’ignorer les exigences de l’intégration dans une société, dans un pays. Ces exigences sont bien codifiées dans les lois qui demandent, par exemple, un visa pour entrer et/ou un contrat de travail avant de s’y établir. Ces exigences sont même rappelées dans le Catéchisme de l’Église Catholique, au §2241. Mgr Wagon écrivait en 1970 (p. 134) :

«3. Le rôle du droit dans la société

Le droit doit informer toute la vie sociale. a. Le droit a pour tâche primordiale d’organiser la société elle-même : définir le but ou la raison d’être du groupe, les membres qui seront appelés à en faire partie, ainsi que leurs droits et devoirs fondamentaux, l’autorité sociale, les moyens à mettre en œuvre en vue de réaliser le but poursuivi. Tel est le rôle des constitutions et des lois d’organisation et de cadre dans les États ; le rôle des statuts et programmes dans les associations et sociétés de droit privé. «

Ces catholiques ont fait aussi le choix d’ignorer les devoirs que ces immigrants clandestins ont envers leurs pays d’origine. Beaucoup d’entre eux ont dû falsifier aussi des papiers. Ils quittent leur pays et une bonne partie de leurs familles. Et ils disent du mal de leurs pays dans les pays où ils arrivent afin de se victimiser. Et souvent ils sont mus par la jalousie envers leurs compatriotes qui sont se sont établis légalement dans d’autres pays pour diverses raisons. C’est cette jalousie qui a conduit beaucoup de Latino-américains à aller vers les Etats-Unis et l’Europe depuis la fin des années 1980, alors que la situation dans leurs pays, pour la grande majorité d’entre eux, n’était pas catastrophique.

Ces catholiques ont aussi créé une fiction concernant la personne humaine. Ils parlent beaucoup de la dignité de la personne, de ses droits fondamentaux, mais oublient que les immigrés clandestins sont nés d’une mère et d’un père dans leurs pays, y ont appris une langue et font partie d’une société où ils ont dû apprendre à vivre en société. Pour leur construction ils ont besoin des autres et ils ont besoin de respecter les lois. Certains, bien sûr, peuvent aller dans d’autres pays, mais pour cela ils doivent aussi respecter les règles des pays où ils veulent aller. Et le respect de ces règles est important pour leur développement civique ailleurs. La personne humaine doit respecter les règles sociales pour bien se développer.

Et l’immigration clandestine favorise aussi l’augmentation des agressions sexuelles, comme le rappelait récemment Tom Homan, catholique et responsable actuel des frontières des Etats-Unis (https://www.lifesitenews.com/news/trump-border-chief-blasts-pope-francis-hypocrisy-on-illegal-immigration/). Ce problème se voit aussi beaucoup en France.

Il y a quelques jours on a même appris que la conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) et la Catholic Charities ont reçu 449 millions de dollars durant des années pour aider des mineurs non accompagnés (https://www.lifesitenews.com/analysis/usccb-catholic-charities-received-449-million-for-unaccompanied-migrant-children-report/). Or, on sait que les mineurs non accompagnés peuvent être victimes de trafiquants. Ces enfants mineurs doivent être plutôt aidés pour qu’ils retournent dans leurs pays.

Heureusement des laïcs, des religieux, et même des évêques, sont en train de rappeler que l’enseignement catholique ne favorise pas les frontières ouvertes, comme Mgr Michael Burbidge, de Virginie (https://www.lifesitenews.com/news/virginia-bishop-catholic-teaching-does-not-support-an-open-border-policy/). Le Père Gerald Murray a réagi aussi face aux critiques du Père James Martin concernant les mesures contre les clandestins (https://www.lifesitenews.com/news/fr-gerald-murray-debunks-fr-james-martin-usccb-claims-on-immigration-and-deportations/). Le Père James Martin s’est d’ailleurs distingué pour son antijuridisme concernant les relations homosexuelles. Il y a 10 ans Julio Loredo rappelait aussi que, selon Saint Thomas d’Aquin, l’accueil indiscriminé est une erreur (https://www.bastabugie.it/it/articoli.php?id=4044).

Au vu des conséquences catastrophiques de cet antijuridisme depuis 60 ans, il est important que les laïcs et aussi les religieux rappellent l’importance des règles et des lois. Il est important de rappeler l’importance du droit canonique et aussi celle du droit civil.

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3 commentaires

  1. Aujourd’hui toutes les autorités ont perdu le sens de la vérité humaine. A force de lois et de droits, la nature profonde de l’humain a été polluée. Je ne crois plus à rien, sinon au message du Christ, pour lequel je n’ai nul besoin de théologiens pour comprendre.

  2. Dans la juridique, il faut distinguer ce qui relève de la loi des hommes et de la loi naturelle qui, elle, s’enracine dans la Loi de Dieu.
    À la question que lui posent les pharisiens « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
    Jésus part de la réalité juridique. Mais, ici, c’est Moïse qui permet “de renvoyer sa femme” et non pas Dieu.
    Aussi, Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. » Les lois humaines sont établies pour réguler la vie des hommes et des femmes en raison de “la dureté des cœurs” c’est-à-dire de la désobéissance à une loi supérieure.
    C’est par cela que Jésus ajoute que : « Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. »
    Le droit humain, s’il n’est pas soumis au Droit naturel, lui-même attaché au Droit divin, ne pourra jamais satisfaire la nécessité vitale de la justice. Aussi, le Christ souligne avec force que : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare ! »
    Nous avons besoin de la loi et du droit qui en est sa concrétisation. Mais cette loi ne peut que s’enraciner dans la Loi de Dieu. Nous en sommes hélas très loin, notamment en ce qui concerne notre législation sociétale.

  3. Il y a surtout une confusion de la loi naturelle par laquelle la notion de frontières participe du bien commun avec la surnature . La surnature ( dont la Charité fait partie ) ne peut pas s’appuyer sur une négation de la nature.

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