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L'Eglise : Foi

Les degrés d’autorité du magistère : Distinguer pour mieux recevoir

Les degrés d’autorité du magistère : Distinguer pour mieux recevoir

Est-ce que le pape est toujours infaillible quand il s’exprime ? Un texte du magistère peut-il contenir des ambiguïtés, voire des erreurs ? Un concile « pastoral » est-il non « dogmatique » ? Un catholique peut-il refuser un concile ? Dans cet article de Claves, l’abbé Bernard Lucien rappelle l’équilibre délicat de la doctrine catholique sur ce sujet crucial et termine par le cas du Concile Vatican II :

[…]

Nous pouvons maintenant aborder de façon objective la question de la qualification du concile Vatican II.

Tout d’abord ce concile, dans son enseignement, est l’œuvre du Magistère suprême possédé et exercé par le Magistère universel (ensemble des évêques avec le pape). Quand on dit que l’acceptation du concile Vatican II est absolument requise pour la pleine communion avec l’Église, c’est cette reconnaissance de principe que l’on demande, et non pas une acceptation indifférenciée et absolue de chacune des propositions contenues dans les documents promulgués.

Ensuite le concile Vatican II contient des textes formellement doctrinaux. Deux arguments ont été avancés en sens contraire.

1) Vatican II se serait proclamé pastoral par opposition à doctrinal. Mais bien que diverses personnalités aient parlé en ce sens[13], les déclarations les plus autorisées affirment le contraire.

  • Jean XXIII, discours d’ouverture du Concile Gaudet mater Ecclesia[14] :

 Ces choses étant dites, vénérables frères, il est possible de voir avec suffisamment de clarté la tâche qui attend le Concile sur le plan doctrinal. Le XXIe Concile œcuménique […] veut transmettre dans son intégrité sans l’affaiblir ni l’altérer, la Doctrine Catholique.

Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est l’adhésion de tous, dans un amour renouvelé, dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne dans sa plénitude, transmise avec cette précision de termes et de concepts qui a fait la gloire particulièrement du Concile de Trente et du Ier Concile du Vatican. Il faut que […] cette doctrine soit plus largement et hautement connue […]. Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque.

  • Paul VI, reprenant et précisant des indications données pendant le concile :

Étant donné le caractère pastoral du concile, il a évité de prononcer d’une manière extraordinaire des dogmes comportant la note d’infaillibilité, mais il a muni ses enseignements de l’autorité du Magistère ordinaire suprême : ce magistère ordinaire et manifestement authentique doit être accueilli docilement et sincèrement par tous les fidèles, selon l’esprit du concile concernant la nature et les buts de chaque document. [15]

Il est donc certain qu’en poursuivant un but pastoral, le concile Vatican II n’a absolument pas renoncé à être formellement doctrinal.

2) L’autre argument concède que le concile Vatican II a été en quelque manière doctrinal ou dogmatique. Mais, nous dit-on : matériellement dogmatique et non formellement. On concède que certains documents parlent de dogmes. Mais on ajoute qu’ils le font sans autorité magistérielle propre, et surtout sans autorité magistérielle infaillible. Cette argumentation cloche doublement. D’abord, elle minimise le magistère simplement authentique. Même s’il n’y avait aucun exercice de l’infaillibilité à Vatican II, il faudrait en de nombreux cas reconnaître l’exercice du magistère simplement authentique au sens strict. Et ainsi on voit déjà que le concile Vatican II a été formellement doctrinal en de nombreux textes.

Mais l’erreur s’accroît par la confusion entre exercice infaillible du magistère et jugement solennel (définition dogmatique). Alors l’argument nie l’infaillibilité parce que son exercice extraordinaire n’a pas eu lieu. C’est banalement la négation de l’existence de l’infaillibilité selon le mode ordinaire. Nous avons vu que cette thèse était contraire à la foi catholique.

Laissant de côté ces erreurs, on peut aborder sereinement la discussion autour du concile Vatican II, en appliquant les normes classiques sur les degrés d’autorité du magistère.

On s’aperçoit alors que certaines affirmations sont effectivement garanties par l’infaillibilité, mais ne contredisent pas la doctrine irréformable de l’Église bien qu’elles puissent receler quelques ambiguïtés que le Magistère devra lever[16]. D’autres passages, affirmés directement mais de façon simplement authentique, peuvent contenir quelque erreur à rectifier : l’examen est légitime, mais il est très probable qu’on trouvera peu de cas, si tant est qu’on en trouve. Les passages litigieux, là encore, relèvent plus de l’équivoque que de l’erreur formelle[17]. Enfin on pourra observer que la plus grande partie des textes conciliaires relève du domaine du magistère seulement pédagogique (explications, illustrations, argumentations) : il suffira alors de rappeler fermement que ces parties ne sont pas imposées avec autorité[18] et que toute liberté est laissée à ceux qui le peuvent de « faire mieux ». C’est précisément dans ces parties que l’on trouve les affirmations conciliaires les plus discutables[19].

Ainsi, par la simple mise en œuvre de la doctrine catholique sur les degrés d’autorité du magistère, on pourrait résoudre dans la paix, la charité et la vérité les problèmes suscités par le concile Vatican II et artificiellement entretenus de nos jours par le Diable (le Diviseur) pour le plus grand malheur de l’Église et des fidèles.

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