Slate.fr a pu s’entretenir avec Terrisa Bukovinac et Lauren Handy, de gauche, vegans et anti-avortement, respectivement fondatrice et directrice de l’activisme du Progressive Anti-Abortion Uprising (PAAU). Terrisa Bukovinac est athée, Lauren Handy se dit «catholique anarcho-mutualiste». Pour les deux militantes, l’avortement est un outil au service du patriarcat. Elles décrivent l’avortement comme un «complexe industriel» qui permet aux hommes de se dérober: l’avortement serait ainsi un outil au service du viol et un moyen pour eux d’échapper aux conséquences de leurs actes. Des propos qu’elles appuient au moyen d’une étude réalisée par l’institut pro-choix Guttmacher, qui affirme que
«les femmes ayant un partenaire violent sont largement surreprésentées parmi les patientes ayant subi un avortement».
L’avortement serait également un outil au service du capitalisme. Daniel K. Williams, dans son ouvrage Defenders of the Unborn, publié en 2015, rappelait que le Parti républicain était autrefois favorable à l’avortement au nom d’un calcul particulièrement cynique: il est moins onéreux de financer un avortement qu’un État-providence.
Toujours en s’appuyant sur les statistiques du Guttmacher Institute, les deux membres du PAAU évoquent le fait que l’avortement est pratiqué en majorité sur des femmes afro-américaines, tout en rappelant qu’il s’agit de la communauté la plus touchée par la pauvreté aux États-Unis.
Si Terrisa Bukovinac et Lauren Handy ont salué le renversement de la jurisprudence Roe v. Wade, il s’agit, pour elles, d’une étape vers la reconnaissance du fœtus comme d’une personne protégée par le 14eamendement, ce qui se traduirait par l’interdiction pure et simple de l’avortement sur le territoire des États-Unis d’Amérique.
LoloDJ
Ce qui est étonnant, ce n’est pas que des femmes de gauches féministes et anti-capitalistes soient contre l’avortement; ce qui est étonnant c’est que des militantes qui se veulent avocates des femmes et des pauvres aient mis autant de temps à comprendre que l’avortement était un outil de plus dans la démoniaque domination de la femme par (certains) hommes qui n’ont pas d’autre mobiles que la jouissance et le pouvoir. Car il est évident que pour l’hédoniste jouisseur inconséquent et égoïste de base, l’avortement est une solution bien pratique pour se servir du corps de la femme pour assouvir ses pulsions sans en assumer aucune conséquence.
Moi ce qui m’étonne, c’est qu’elles ne l’aient pas compris plus tôt.