Jean Sévillia a été interrogé dans L’Incorrect sur son ouvrage concernant Les Vérités cachées de la Guerre d’Algérie. Extrait :
En 1954, avec la Toussaint rouge, le FLN lance d’emblée une guerre de type terroriste. Mais il adopte un double langage: à l’extérieur, pour la presse occidentale et dans son lobbying auprès de l’ONU, le FLN utilise la rhétorique des droits de l’homme et fonde son action sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En revanche, à l’intérieur, lorsqu’il s’agit de convaincre les autochtones de se soulever contre « l’occupant français », il fait appel aux ressorts très puissants du djihad, en poussant les musulmans à éradiquer d’Algérie toute présence chrétienne. Cette dichotomie a été très tardivement découverte par la gauche française. En 2016, dans un ouvrage intitulé Un silence religieux. La gauche face au djihadisme, Jean Birnbaum affirme que la gauche a fait preuve de cécité sur la place de l’Islam dans les ressorts intérieurs du conflit algérien.
En 1956, devant l’aggravation de la situation, Guy Mollet obtient, avec le concours des communistes, le vote de pouvoir spéciaux qui permettent au résident général à Alger, Robert Lacoste, de disposer des pleins pouvoirs pour mater la rébellion. En janvier 1957, devant la recrudescence des attentats à Alger, Robert Lacoste confie les pouvoirs de police à la 10e Brigade Parachutiste, sous le commandement du général Massu. C’est dans ce contexte que la torture a été pratiquée, afin de faire parler des hommes et démanteler des réseaux, avec une certaine efficacité sur le terrain, puisque dès la fin de l’année 1957, les attentats cessent et les chefs de la rébellion sont soit capturés, soit en fuite. Cependant, au plan moral, il s’agit d’un cas de conscience qui interpelle beaucoup de militaires et plusieurs d’entre eux refusent d’y recourir, à la fois pour des motifs de dignité de la personne mais aussi pour des raisons d’efficacité (un homme torturé étant prêt à dire tout et son contraire pour ne plus subir de mauvais traitements).
Comment interpréter cette critique de la torture par des intellectuels de gauche à l’époque ?
Les campagnes contre la torture ont commencé lorsque Pierre Vidal-Naquet dénonce en 1957 l’enlèvement de Maurice Audin, membre du Parti Communiste Algérien (PCA), une filiale du PCF interdite par les autorités publiques et lourdement engagée dans le terrorisme. De son côté, Henri Alleg, communiste algérien lui-même torturé par les parachutistes en 1957, publie l’année suivante La question qui lance le débat en métropole. Mais ces intellectuels le font souvent sans contextualiser, ni voir la complexité de la guerre asymétrique dans laquelle était engagée la France. Sans que cela ne vaille justification, il faut savoir que toutes les armées occidentales ont eu recours à la torture dans des situations similaires : l’armée britannique en Irlande du Nord ou les Américains en Irak. Mais les intellectuels de gauche ont souvent une morale à géométrie variable, la fin justifiant les moyens lorsqu’il s’agit d’aider un peuple à accéder à l’indépendance. D’où le fait que les grandes consciences aient ignoré voire encouragé la violence du FLN contre les Français, puis détourneront les yeux des violences subies par les Européens et les Harkis en 1962.
philippe paternot
les premières victimes de cette guerre furent des instituteurs! l’école a aussi été interdite par les talibans en afghanistan;
qui a donné les pleins pouvoirs (y compris celui de torturer) à l’armée? guy mollet , socialistes et radicaux au pouvoir, gouvernement soutenu par le pcf!
les français ont la mémoire courte!