Révélation de Claude Durand, l'ancien patron de Fayard:
"Il n'est pas rare que les prix couronnent de bons livres. La question
posée concerne l'honnêteté du système, non celle des gens. D'abord, les
jurés se cooptent. C'est la «reproduction» selon Passeron et Bourdieu !
Quand telle maison a trois jurés et qu'elle risque, l'âge aidant, de ne
plus en avoir qu'un ou deux, elle va tout faire pour conserver son
nombre de «couverts». C'est ainsi qu'on a pu parler de la perpétuation
d'un système «Galligrasseuil» (contraction de Gallimard, Grasset et Le
Seuil, ndlr) ; il serait d'ailleurs plus approprié de parler aujourd'hui
de Gallisset ! Le défaut de ce système fermé, c'est qu'il a une
fâcheuse tendance, à la longue, à ne plus couronner des oeuvres, mais
des éditeurs. La méthode la plus courante est le troc de voix. Des
patrons de maison ou leurs subordonnés vont tenter un marchandage en
disant, par exemple : «Moi, j'ai deux voix au Goncourt, et tu en as
trois au Renaudot. J'ai eu le Goncourt l'année dernière, donne-moi tes
voix au Renaudot et je te donnerai mes voix au Goncourt...», et ainsi de
suite avec, parfois, des échanges plus sophistiqués. Les réformettes
apportées aux règlements des différents prix n'ont guère banni ces
pratiques, même si elles ne sont pas systématiques. Si certains jurés
restent libres, c'est qu'ils ont assez de caractère ou de succès pour se
le permettre. […]Mais je rappelle qu'une voix dans un jury n'est pas seulement utile pour
couronner un livre, elle est aussi utile à la perpétuation du système :
si survient un décès dans le jury auquel cette voix appartient, elle
contribuera à désigner le successeur. C'est un investissement. J'ai
calculé un jour que les frais engagés dans une politique de prix, en
à-valoir, en préfaces, en dessus de table (les grands restaurants), pour
ne pas parler ici de dessous, peuvent en arriver à coûter l'équivalent
du bénéfice d'un prix littéraire de moyenne diffusion. Il faudrait donc
avoir deux de ces prix pour qu'une telle politique soit vraiment
rentable. Mais, dans le même temps, les prix présentent un autre
avantage : ils peuvent attirer des auteurs dans la maison qui les
reçoit. C'est donc un moyen de débaucher des écrivains plus facilement."
Philippe Regniez
Consequence logique de ces “revelations” (qui n en sont pas pour qui travaille dans l edition), la litterature qui circule aujourd hui n est qu une vulgaire marchandise et les auteurs dont on parle que de simples produits commerciaux. Ce constat est malheureusement egalement vrai pour les autres domaines de la culture.
Soleil Xavier
Ces “révélations” sont sans doute intéressantes, mais je ne pense pas qu’elles surprennent grand monde. Il y a d’ailleurs belle lurette qu’à part les marchands de soupes, je veux dire les éditeurs, tout le monde se fout complètement de l’attribution des prix soi-disant “littéraires” !
gm
Toute ces magouilles finissent par lasser et n’intéressent plus qu’un petit nombre d’initiés fidèles, les “oeuvres” primées n’émanant souvent que d’auteurs choisis précisément pour leur idéologie de gauche, ou leur “déballage” psycho-pornographique et autres déviances !