Dans le JDNews, Laurence Ferrari dénonce la légalisation de l’euthanasie, dans une tribune intitulée Soleil vert :
Elle aura été la vigie nous alertant depuis des mois sur les dangers de la loi relative à la fin de vie adoptée en commission à l’Assemblée nationale. Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, s’est s’étranglée en voyant ce que les députés ont voté en commission des affaires sociales.
« Vérifier que le discernement de la personne n’est pas altéré. » Rejeté. « Vérifier que la personne ne fait l’objet d’aucune pression. » Rejeté. « Interdiction d’appliquer l’euthanasie ou le suicide assisté aux personnes déficientes intellectuellement. » Rejeté. « Évaluer le risque d’abus de faiblesse. » Rejeté. « Si le médecin a un doute sur la liberté du patient qui demande à mourir et l’absence de pressions extérieures, il sollicite le procureur. » Rejeté. « Possibilité d’étendre la clause de conscience aux infirmiers, aides-soignants et auxiliaires médicaux. » Rejeté. « Possibilité pour un pharmacien de ne pas délivrer la préparation létale à un praticien. » Rejeté. « Clause de volontariat pour les professionnels de santé voulant intervenir dans ce processus létal. » Rejeté. « Si le médecin a des doutes sur le caractère libre et éclairé de l’expression de la demande du patient, il peut saisir un psychiatre. » Rejeté. « Décision d’euthanasie prise dans la collégialité. » Rejeté. « Faire valider la procédure par un magistrat. » Rejeté. « Possibilité d’intervention du juge des tutelles pour les majeurs protégés. » Rejeté. « Délit d’incitation au suicide assisté ou à l’euthanasie. » Rejeté.
En revanche, délit d’entrave adopté – avec, à la clé, amende et prison pour celui qui essayerait de dissuader une personne d’avoir recours à l’euthanasie. Vous avez le vertige ? Moi aussi. Attendez la suite. « L’euthanasie devient le principe et non l’exception. » Adopté. « L’avis de tous les professionnels qui interviennent auprès de la personne n’est plus requis. » Adopté. « La mort administrée doit être considérée comme une ‘‘mort naturelle’’. » Adopté. « Suppression de toute mention spécifique au handicap. » Adopté. « Indifférenciation entre suicide assisté et euthanasie. » Adopté.
Voilà, nous sommes arrivés au point de bascule où une civilisation abandonne ses principes de soins aux plus fragiles, aux handicapés, aux malades et aux plus âgés, tout cela au nom du progressisme. Ce point où l’État pourrait décider de dire qui va mourir et comment, puisqu’il en aurait le droit et le pouvoir. Où l’on serait, selon que l’on coûte trop cher à la société, que l’on soit un handicap pour sa famille, que la pression soit trop forte en cas de maladie, poussé à accéder à la demande de se faire… supprimer. Je ne m’y résous pas. Je refuse l’idée d’une société où, comme dans la dystopie Soleil vert, de Richard Fleischer – sur fond de surpopulation, pollution et famine –, les seniors deviennent des euthanasiés volontaires pour le bien des vivants.
« Nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie », disait Robert Badinter en 2008, lui qui fit voter l’abolition de la peine de mort. Aujourd’hui, ce que l’on nous propose, c’est la possibilité que le droit à mourir se transforme un jour en une obligation à mourir. Puissent les députés réaliser ce qu’il y a de révoltant dans les amendements de cette loi, au moment de voter le 13 mai prochain.