C’est ce qu’a déclaré le pape aux autorités bulgares au cours de son voyage apostolique en Bulgarie :
Que soient bénis les saints Cyrille et Méthode, copatrons de l’Europe, qui par leurs prières, leur génie et leur labeur apostolique unanime sont pour nous un exemple et restent, à distance de plus d’un millénaire, des inspirateurs d’un dialogue fécond, d’harmonie, de rencontre fraternelle entre les Églises, les États et les peuples ! Puisse leur lumineux exemple susciter de nombreux imitateurs également de nos jours et faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde !
Maintenant, dans cette situation historique, à trente ans de la fin du régime totalitaire qui entravait sa liberté et ses initiatives, la Bulgarie est confrontée aux conséquences de l’émigration, survenue au cours des dernières décennies, de plus de deux millions de ses citoyens à la recherche de nouvelles opportunités de travail. En même temps, la Bulgarie – comme tant d’autres pays du Vieux Continent – doit affronter ce qui peut être considéré comme un nouvel hiver : l’hiver démographique, qui s’est abattu comme un rideau de gel sur toute l’Europe, conséquence d’une diminution de la confiance face à l’avenir. La baisse de la natalité, associée donc à l’intense flux migratoire, a entraîné le dépeuplement et l’abandon de nombreux villages et villes. En outre, la Bulgarie se trouve confrontée au phénomène de ceux qui cherchent à traverser ses frontières, pour fuir des guerres et des conflits ou la misère, et tentent de rejoindre à tout prix les régions plus riches du continent européen, afin de trouver de nouvelles opportunités de vie ou simplement un refuge sûr.
Monsieur le Président,
je connais l’engagement des gouvernants de ce pays, depuis des années, pour créer les conditions, afin que les jeunes surtout ne soient pas contraints à émigrer. Je voudrais vous encourager à continuer dans cette voie, à accomplir tous les efforts pour créer des conditions favorables, afin que les jeunes puissent investir leurs fraîches énergies et programmer leur avenir personnel et familial, en trouvant dans leur patrie les conditions d’une vie digne. Et vous qui connaissez le drame de l’émigration, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le cœur et la main – comme en témoigne votre tradition – à celui qui frappe à vos portes.
Votre pays s’est toujours caractérisé comme un pont entre l’Est et l’Ouest, capable de favoriser la rencontre entre des cultures, des ethnies, des civilisations et des religions différentes, qui depuis des siècles ont coexisté ici en paix. Le développement, y compris économique et civil, de la Bulgarie passe nécessairement par la reconnaissance et la valorisation de cette caractéristique spécifique. Puisse cette terre, délimitée par le grand fleuve Danube et par les rives de la Mer noire, rendue fertile par l’humble travail de nombreuses générations et ouverte aux échanges culturels et commerciaux, intégrée dans l’Union Européenne et ayant de solides liens avec la Russie et la Turquie, offrir à ses enfants un avenir d’espérance.