Extrait d'une Conférence de Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei (à ce titre, il est le modérateur des discusssions avec la Fraternité Saint Pie X), donnée aux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre le 2 juillet :
"Si l'on considère la Constitution dogmatique sur l'Église de Vatican II, on se rend compte immédiatement de l’importance et de l'ampleur de l’approfondissement du mystère de l'Eglise, et de son renouvellement intérieur par les Pères du Concile. Mais si vous lisez ou entendez une grande partie de ce qui a été dit par certains théologiens, certains célèbres, d'autres qui ne sont que des amateurs en théologie, dans une large production littéraire catholique post-conciliaire, on ne peut pas ne pas être saisi par une tristesse profonde et éviter d’être sérieusement préoccupé. C'est vraiment difficile d'imaginer un plus grand contraste existant d'une part entre les documents officiels de Vatican II, le Magistère postérieur des Papes, les interventions de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et d'autre part, tant d'idées ou de déclarations ambiguës, douteuses et souvent contraires à la saine doctrine catholique, qui se sont multipliées dans des milieux catholiques et en général dans l'opinion publique. […]
Quelle est l'origine de l'interprétation de la discontinuité, ou de la rupture avec la tradition? C’est ce que nous pouvons appeler l'idéologie conciliaire, ou plus exactement para-conciliaire, qui s’est emparée du Concile depuis le début, en se superposant à lui. Avec cette expression, on n’entend pas quelque chose qui regarde les textes du Concile, ni l'intention des acteurs, mais le cadre général d'interprétation dans lequel le Conseil a été placé et qui agit comme une sorte de conditionnement intérieur de la lecture successive des faits et des documents. Le Concile n'est pas l’idéologie para-conciliaire, mais dans l'histoire de l’événement ecclésial et des moyens de communication de masse, on a largement opéré la mystification du Concile, ce qui est précisément l’idéologie para-conciliaire. Pour que toutes les conséquences de l'idéologie para-conciliaire soient manifestées comme un événement historique, il fallait y vérifier la révolution de 68, qui prend comme principe la rupture avec le passé et le changement radical de l'histoire. Dans l’idéologie para-conciliaire le mouvement 68 signifie une nouvelle figure de l'Eglise en rupture avec le passé.
Un tel cadre d'interprétation générale, se superposant extrinsèquement au Concile, peut se caractériser essentiellement par trois facteurs:
1) Le premier facteur est le renoncement à l'anathème, à savoir la nette contraposition entre l'orthodoxie et l'hérésie. […]
2) Le deuxième facteur est la traduction de la pensée catholique dans les catégories de la modernité. […]
3) Le troisième facteur est l'interprétation de l’ « aggiornamento » du Concile Vatican II."