Le vêtement a toujours un sens symbolique, à différents degrés et est porteur d’indications. Une d’entre elles me paraît simple : la réalité présente, le gilet, mène tout droit à la veste ! Cela dit des flous subsistent. Les porteurs de gilets jaunes sont fort heureusement loin d’appartenir au même genre de citoyens. D’ailleurs la couleur jaune a quelque chose d’ambigu qui tient autant de l’éclat du soleil que des cornes des cocus. Quant à la veste qu’on prend, peu importe la couleur, elle est toujours signe de défaite. La question est de savoir quelle sera la quantité des porteurs de vestes à l’issue des événements terribles que nous vivons. Et qui, en définitive les portera.
C’est parce que je vois arriver depuis longtemps ces tristes choses, que dès leurs signes précurseurs, j’en ai compris l’extrême gravité. Je n’en n’ai aucun mérite, là où j’ai été placé pendant un certain temps, cela crevait les yeux. Fallait-il risquer une parole publique sur un blog? Pour moi, compte tenu de la spécificité du phénomène et de son caractère singulier, il fallait attendre une parole épiscopale, qui était loin d’être évidente, parce que très difficile à exprimer, et qui devait intervenir au moment opportun.
Voilà qui est fait par Monseigneur Michel Aupetit, Archevêque de Paris, diocèse au service duquel je travaille maintenant. Il a dit tout ce qu’il fallait dire dans un document clair et concis, intitulé « L’urgence de la Fraternité, ». Tous les catholiques se doivent de le lire et de le méditer, comme aussi tous ceux qui vivent en France, français ou étrangers, quelle que soit leur religion ou leur absence de religion.
Je ne cite que deux passages, mais tout, absolument tout, doit être lu et médité.
« Notre pays souffre d’une incompréhension généralisée. L’individualisme devient la valeur absolue au détriment du bien commun qui se construit sur l’attention aux autres et en particulier aux plus faibles. Les valeurs de la République que sont la liberté et l’égalité sont parfois détournées par des réseaux d’influence qui réclament des droits nouveaux sans égard pour les plus vulnérables. »
Notre Archevêque pointe du doigt la source de nos malheurs : l’individualisme forcené de la philosophie des Lumières, qui a provoqué une révolution au profit d’une seule classe sociale, la bourgeoisie d’affaires et d’argent. […]
Et voici le deuxième extrait :
« Le devoir primordial de l’Etat est de garantir pour chacun les moyens d’entretenir sa famille et de vivre dans la paix sociale. Il nous faut reconstruire une société fraternelle. Or pour être frères, encore faut-il une paternité commune. La conscience de Dieu le Père qui nous apprend à nous « aimer les uns les autres. » a façonné l’âme de la France. L’oubli de Dieu nous laisse déboussolés et enfermés dans l’individualisme et le chacun pour soi. ».
Là encore, c’est le poison de la révolution, aussi lent que mortel, qui est dénoncé. Depuis Pie VI, tous les Papes l’ont vu et particulièrement condamné quand les gouvernements que connut la France, au cours du 19ème siècle, reprirent sans ménagement le travail de sape anti chrétien de la révolution. […]
Cela dit, à supposer que les choses rentrent de l’ordre, car elles peuvent ne faire que semblant, un problème demeure, celui posé par Monseigneur l’Archevêque de Paris. Jusqu’à quand va-t-on pousser la chimérique entreprise qui consiste à vouloir une société sans Dieu ? Cela ne signifie pas imposer une religion à qui n’en veut pas. Il s’agit simplement, tout en respectant la nécessaire neutralité de l’Etat, d’accepter que pour un certain nombre d’hommes et de femmes, il y ait droit et possibilité de se référer à Dieu pour défendre la liberté de leur conscience dans leurs choix moraux et sociaux en matière de lois. L’histoire nous a montré qu’en France, cela a été possible avec les juifs et les chrétiens de différentes confessions. Il est vrai que leur spiritualité fait partie de notre culture, comme de celle de l’Europe. Alors je connais bien l’objection : l’Islam ! Oui là il y a problème. Mais il n’est pas en soi insoluble. Ceux qui actuellement prétendent le régler en France s’y prennent en tout cas de la pire des façons. Avec le nombre de musulmans existant en France, on ne peut esquiver la question de l’organisation de leur culte, si l’on veut redonner à Dieu sa place dans notre société. Et l’on n’en prend pas le chemin parce que l’on part sur de fausses pistes dont le titre même « d’Islam de France » illustre toute l’erreur. […]
Classico
Excellent
Et cela fait peur