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France : Société

L’inversion des valeurs se retrouve parfaitement dans la méthode de Badinter

L’inversion des valeurs se retrouve parfaitement dans la méthode de Badinter

D’Olivier Frèrejacques, Président de Liberté politique :

Les hommages presque unanimes après le décès de Robert Badinter ne portent pas seulement la marque du conformisme. Ils rappellent combien l’intelligentsia et les castes politiques au pouvoir, ou désirant y accéder, sont imprégnées de l’idéologie anti-pénale du défunt ministre socialiste.

Le martyr du criminel

L’inversion des valeurs dont il est souvent question dans notre époque, sans que celle-ci soit vraiment décrite, se retrouve parfaitement dans la méthode de Badinter. Il s’agit avant tout d’excuser, d’humaniser voire de réhabiliter le criminel. La victime est oubliée, on nie son existence et sa souffrance ainsi que celle de ses proches. Sorte de pardon chrétien devenu fou, le mécanisme de pensée de Robert Badinter rejoint celui de Victor Hugo dans Le dernier jour d’un condamné. L’écrivain prend soin de ne parler que de celui qui va être exécuté, pas de sa ou ses victimes. A-t-il violé une enfant ? Égorgé des innocents ? Peu importe, il faut sauver le criminel.

Ce renversement de situation au profit du coupable est non seulement une inversion des valeurs mais aussi un mécanisme relativiste qui profite à une confusion entre le bien et le mal. Sous couvert de valeurs chrétiennes, on absout ici-bas le pire au détriment des faibles : les victimes, en oubliant que sans justice, il n’y a pas de paix et que le pardon ne peut donc pas s’exprimer clairement. Celui qui contestera l’abolition sera considéré comme un paria, un arriéré.

L’échelle des peines

Il n’est pas ici question de faire un réquisitoire pour la peine de mort, quoique le simple fait que son abolition ait été faite contre l’avis de la majorité puisse être critiquable. La suppression de la peine capitale par le ministre Badinter a provoqué un désarmement judiciaire, alors même que les exécutions étaient devenues très rares ; on n’en comptera que six dans la décennie 70.

L’utilité de ce châtiment résidait d’ailleurs plus dans son existence que dans son application, puisqu’il permettait de fixer une échelle des peines.

La peine de mort comme peine suprême a été remplacée par la perpétuité… « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ! ». La machine était lancée. En effet, pourquoi interdire la peine de mort au nom de l’humanité mais tolérer un enfermement à vie ? Cette peine pouvant être considérée comme certains pire qu’une exécution. Par ailleurs, des pourfendeurs de la peine de mort estiment que la réclusion à perpétuité est pire que l’exécution et qu’en cela elle est « une bonne chose ». Cet argument paraît dénué d’intelligence, la peine ne visant pas à infliger le pire mais à tendre vers la Justice et à protéger la société. Demain, les détenus pourront demander l’euthanasie pour détresse psychologique, ce qui rendra complètement caduque ce raisonnement.

Mouvements paradoxaux

L’idéologie anti-pénale dans laquelle se vautrent les gauches n’est cependant pas totale. La fameuse « envie de pénal » décrite par Philippe Murray a trouvé de nouveaux exutoires.
Les multiples dissolutions d’associations de droite, les interdictions de manifester et plus généralement les limitations à la libre circulation des citoyens attestent d’une volonté de restreindre les libertés pour certains et de les condamner s’ils viennent à s’opposer aux nouvelles « normes » ou injonctions. Pour nous l’arbitraire et le contrôle « a priori », pour les autres la tolérance extrême, jusqu’à la mort. En France, les violeurs sont relâchés et les agresseurs protégés mais les victimes, leurs familles et leurs représentants sont insultés par le Syndicat de la magistrature (Affaire du mur des cons). Étrange extrémité dans laquelle nous pousse la haine de soi.

Cet éditorial est librement et partiellement inspiré de la thèse défendue par le professeur Jean-Louis Harouel dans son ouvrage Libres réflexions sur la peine de mort paru en 2019 aux éditions Desclée de Brouwer. Vous pouvez retrouver un entretien avec l’auteur sur TV Libertés.

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9 commentaires

  1. Ce qui est patent aussi c’est que la droite de gouvernement (RPR puis LR) finit toujours par faire sienne toute ancienne valeur de gauche . Comme si les combats de la gauche libertaire avait valeur prophétique aux yeux de cette fausse droite des Pécresse Bellamy Bertrand Sarkozy Lemaire Larcher Raffarin etc… qui ne fait que trahir ses électeurs.
    On pourrait dire simplement la droite achète en solde les valeurs de gauche et les porte quelques années après alors que la gauche est en train de mener d’autres combats qui seront adoptés à leur tour par la droite un peu plus tard.

  2. Badinter , il faut le rappeler, a fait reculer la civilisation, la vraie qui porte un jugement moral sur l’homme qui se révolte par la péché et le crime. Sans peine de mort, les autres peines sont elles mêmes de plus en plus réduites.
    Le criminel est plein de dignité, parfois une victime,( de quoi), et son sort est plus digne d’intérêt que celui de ses victimes.
    Beaucoup de révoltés, criminels et délinquants sont maintenant condamnés à des peines atténuées, et sont libérés rapidement, et la société des honnêtes gens ravement mise en danger, les juges idéologiques voulant la destruction de l’ordre social.

  3. Aujourd’hui, MACRON rend hommages à BADINTER pour la suppressions de la peine de mort, c’est bien mais, dans le même temps, il veut constitutionaliser le meurtre d’enfants jusqu’à la veille de ce qui aurait été leur naissance, et instaurera l’euthanasie et le suicide assisté, si non encouragé ;

  4. Vous avez tout à fait raison : la commission des lois du Sénat vient de déclarer qu’elle “ne s’oppose pas” à la constitutionnalisation du droit à l’avortement mais émet seulement des “réserves”… La mère Veil, qui paraît-il était de droite, n’aurait sans doute désapprouvé cette position à la Ponce Pilate…

  5. Il y a de quoi s’étonner lorsqu’on entend dans l’allocution en hommage au ministre-avocat disparu, des mots précis tels que ” le couteau taché de sang” à propos de M. Bontemps, exécuté par le passage de la guillotine. C’est censé émouvoir.
    Les victimes laissant des orphelins, assassinées par le duo criminel, victimes faisant leur travail difficile et risqué, le gardien de prison, et Madame Nicole Comte, infirmière, l’ont été par deux couteaux, introduits à Clairvaux !
    Et nous, de nos jours, de plus en plus, nous sommes à la merci de ces lames qui s’en prennent même aux bébés, aux personnes vulnérables.
    Les assassins sont parmi nous, et ils récidivent tant et plus.
    Le jour du procès à Troyes, Me Badinter était allé parler aux parents de Nicole Comte, qui ont accepté de lui serrer la main.
    Il n’y a eu aujourd’hui aucun mot de compassion pour les victimes des clients de l’avocat d’assises.
    Pensées et prières pour elles.
    L’affreux Patrick Henri tueur d’enfant, a échappé à la guillotine grâce à ses défenseurs. Qu’a t’il fait de sa vie sauvée ? Du trafic de drogue !
    C’est son avocat qui avait des états d’âme en retrouvant Troyes, le palais de justice, la prison de Fresnes qui lui rappelaient Buffet et Bontemps. Il espère, avait-il dit à Bernard Pivot ,que le Bon Dieu lui dirait : ” Tu as fait tout ce que tu as pu. Entre.” Maintenant, il connaît le Jugement de Dieu.
    Il existe de bien meilleurs avocats en civil aussi que le disparu. De vrais défenseurs des victimes, protégeant donc la société.

    • Oui, toujours se rappeler que la malheureuse infirmière de Clairvaux a été égorgée par ces deux criminels qu’étaient Buffet et Bontems ! Pompidou a eu raison de refuser la grâce @

  6. Avec ces charlots au pouvoir c’est la peine de mort pour les victimes innocentes, les enfants innocents à naître, bientôt les vieux innocents. Macronor un jour son tour viendra et le jugement de Dieu sera terrible avec tout le sang qu’il aura sur les mains: les malades du covid qu’il a interdit de soigner, les bébés assassinés dans le ventre de leur mère, Vincent Lambert qu’il a décidé de laisser mourir et maintenant les vieux, non les nazis n’ont pas disparu, les bolcheviks non plus, d’ailleurs les uns et les autres même combat

  7. Une illustration parmi d’autres : « Ceux qui ont, par leur esprit, par leur politique et par leur abstention, permis la mort de Jeanne-Marie sont beaucoup plus responsables que Pierre Bodein. » avait déclaré l’avocat de la famille de cette jeune victime.

  8. En réalité, Badinter n’a pas aboli la peine de mort : il en a réservé l’application aux seules victimes innocentes. Aucune peine de vraie substitution n’a été appliquée. La plus lourde peine actuellement prévue est la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 30 ans.
    Aux États-Unis, dans les États qui ont aboli la peine de mort (30 sur 50), la perpétuité n’a qu’une issue : le costume en sapin.
    En France, un condamné jeune peut ressortir dans sa cinquantaine et récidiver…
    Par ailleurs, l’annonce de la panthéonisation de Badinter lui permettra de retrouver Simone Veil, autre bienfaitrice de l’humanité, au résultat éloquent. À l’époque, on n’a pas entendu Badinter s’élever contre cette hécatombe des Innocents.

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