De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
Emmanuel Macron a tenté de répondre à la crise des gilets jaunes et de synthétiser le « grand débat », lors d’un long discours tenu le 25 avril dernier.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les annonces du chef de l’État sont assez peu convaincantes – mais il est vrai qu’il fallait déjà beaucoup de bonne volonté pour croire au grand bla-bla national.
Les mesures annoncées donnent l’impression qu’Emmanuel Macron est reparti en campagne, avec l’espèce d’absurde catalogue de mesures qui caractérisent les campagnes électorales en France.
Redisons donc, une nouvelle fois, que les Français ne veulent plus de cet inventaire à la Prévert de mesures clientélistes et souvent contradictoires.
Ce que nous voulons savoir d’un candidat, ce sont sa vision politique et les principes qu’il appliquera évidemment en fonction de la situation.
Faute de quoi, nous nous exposons toujours à des déconvenues : tantôt c’est la crise économique qui empêche d’appliquer le programme, tantôt les tensions sociales, tantôt Dieu sait quoi encore.
Nous aurions aimé savoir avant le mois de mai 2017 quels étaient les principes politiques du candidat Macron, mais cette campagne en forme de hold-up a escamoté tout débat.
Or, le président Macron semble décidé à rejouer la scène qui lui a si bien réussi en 2017. Seulement, il ne lui sera plus possible de faire trembler dans les chaumières avec le spectre du fascisme.
Pendant encore trois ans (et c’est long, pour lui comme pour nous !), M. Macron sera le seul responsable des échecs et des réussites. Se cacher derrière un rideau de fumée ne peut lui être d’aucune utilité.
En tout cas, les réformes annoncées sont au mieux des mesurettes, au pire nuisibles.
Dans la catégorie des mesurettes, on apprend que le référendum d’initiative partagée sera désormais accessible avec un million de citoyens. Mais cela ne change pas grand-chose sur le fond. Si nous repensons à l’exemple du traité de Lisbonne, qui a violé la volonté populaire exprimée par le référendum de 2005, nous n’aurions pas pu organiser alors un référendum d’initiative partagée.
La réforme du CESE, y intégrant 150 citoyens tirés au sort, va encore nous coûter plus cher.
La réforme de l’État est abandonnée. Si ce n’est un vague «pacte territorial» qui semble bien annoncer de nouvelles usines à gaz et de nouveaux impôts.
Je pourrais, moi aussi, aligner les mesurettes les unes après les autres. Rien dans ce qu’a annoncé M. Macron n’est de nature à enrayer le déclin français. Même sur le plan économique où il avait semblé un peu moins mauvais que son prédécesseur, il annonce discrètement que la fin de son quinquennat n’apportera rien.
Mais je suis mauvaise langue. Il est vrai que le président a découvert l’existence du problème de l’immigration. Pour quelqu’un qui ignorait l’existence de la culture française, voici deux ans, c’est un progrès substantiel. Las, la découverte récente de ce grave problème ne donnera lieu qu’à un débat annuel au parlement.
Croit-on vraiment que le groupe LREM, composé de tant de joyeux drilles ignorant la langue française et les rudiments du droit constitutionnel, fût-il saisi une fois par an du sujet migratoire, va pouvoir prendre des décisions énergiques?
Si c’est ainsi qu’Emmanuel Macron compte répondre, non seulement à la crise des gilets jaunes, mais plus profondément à la crise économique, politique et culturelle que traverse notre malheureux pays si mal gouverné depuis des décennies, il se ment ou il nous ment!