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L'Eglise : Foi

Mages ou i-Mages ?

Mages ou i-Mages ?

Extrait d’un article d’Yves de Lassus, paru dans la Lettre aux amis de l’Action Familiale et Scolaire :

La mode est au virtuel et à l’imaginaire. Jeux vidéo, visite virtuelle, réalité augmentée, … tout est fait pour présenter la réalité autrement qu’elle n’est. Cet état d’esprit se manifeste notamment par l’ajout d’un “i” devant certains mots : iPad, iPhone, i-TV, … “I-quelque-chose” fait moderne, branché, à la page, etc. Même les commentateurs de la Bible s’y mettent.

Un récit hypothétique

Ainsi dans une chronique parue sur le site de RCF le 30 décembre dernier, on pouvait lire :

Dans les évangiles, c’est l’apôtre Matthieu qui mentionne la fameuse étoile. Selon le disciple de Jésus, trois mages “venus d’Orient”, Melchior, Gaspard et Balthazar, auraient été avertis en songe de la naissance de Jésus. Ceux-ci se seraient mis en route afin de se prosterner devant lui, guidés par une étoile indiquant où se trouvait l’enfant. (…)

À leur arrivée à l’étable où Jésus serait né, les mages auraient offert de l’or, de la myrrhe et de l’encens au fils de Dieu. Ce récit, nommé “Épiphanie” sert de modèle de pèlerinage aux chrétiens, invités à se mettre en chemin vers Dieu guidés par sa lumière, à reconnaître son fils Jésus, et à reprendre le chemin, remplis de joie.

En bref, le récit de Matthieu serait un récit imagé. Les Mages ne seraient que des i-Mages ! On voit par-là combien le poison du modernisme a infesté l’interprétation des Écritures au point que même la réalité de l’étable de Bethléem est mise en doute !

Rappelons que, selon la Tradition unanime et constante de l’Église, les Évangiles ne contiennent aucune erreur. Saint Grégoire disait de la Bible :

« Par la foi nous croyons que l’auteur du livre est l’Esprit-Saint. C’est donc lui-même qui l’a écrit, lui qui l’a dicté ; il l’a écrit lui-même, lui qui a été l’inspirateur de l’œuvre. »

Et cet enseignement a été répété constamment par les papes. Voici quelques exemples :

–   Léon XIII dans Providentissimus Deus (1893) :

« Tous les livres que l’Église reçoit pour sacrés et canoniques en leur intégralité, ont été écrits sous la dictée de l’Esprit-Saint. Aucune erreur n’a pu se glisser dans l’inspiration divine, loin de là. Celle-ci non seulement exclut toute erreur, mais elle l’exclut et elle y répugne en vertu de la même nécessité qui fait que Dieu, souveraine vérité, ne peut être l’auteur d’aucune erreur. (…) Ceux qui estiment que les passages authentiques des Livres saints peuvent contenir quelque erreur, pervertissent la notion catholique de l’inspiration divine et font de Dieu Lui-même l’auteur de cette erreur. »

–   Benoît XV dans Spiritu Paraclitus (septembre 1920) :

« Saint Jérôme enseigne que l’inspiration divine des Livres Saints et leur souveraine autorité comportent, comme conséquence nécessaire, la préservation de l’absence de toute erreur et tromperie. »

–    Pie XII dans Divino Afflante Spiritu :

« La doctrine catholique revendique pour ces “livres entiers, avec toutes leurs parties”, une autorité divine les préservant de toute erreur. »

D’après ces déclarations, parler des Rois Mages au conditionnel est donc une grave erreur puisque cela revient :

  • soit à admettre que saint Matthieu a inventé cette histoire ; mais dans ce cas, comment savoir s’il n’a pas aussi inventé les différents miracles de Jésus, sa mort sur la croix, sa Résurrection, etc.
  • soit à attribuer l’erreur à Dieu,
  • soit à affirmer que les papes se sont trompés et que les Évangiles ne sont pas des livres inspirés.

Le refus des miracles

Ce n’est malheureusement pas le seul étonnement que procure la lecture de cet article. En effet, voici la suite :

2 000 ans après la Nativité, la nature de l’étoile de Bethléem reste un sujet de spéculation.

Certains scientifiques supposent que l’étoile serait une Nova ou une super Nova, une étoile qui, lorsqu’elle explose, produit une forte lumière parfois durant des mois.

D’autres chercheurs ont émis l’hypothèse que l’astre serait la comète de Halley. Cependant ce fameux corps céleste est passé dans le ciel 66 ans avant la naissance supposée du Christ, rendant peu plausible cette supposition.

Des astronomes ont enfin émis l’idée que l’étoile serait une conjonction entre Jupiter et Saturne, qui en l’an 7 avant notre ère, se sont fortement rapprochées.

Ces hypothèses ont été depuis très longtemps contrecarrées par de nombreux exégètes, en particulier par saint Jean Chrysostome qui donne quatre raisons montrant qu’il ne peut pas s’agir d’une étoile ordinaire. Voici ces raisons (voir des extraits de son homélie en annexe) :

1) Exception faites des étoiles situées juste au-dessus des pôles, une étoile ne donne jamais une direction fixe : elle va du levant au couchant, comme le soleil, la lune et les planètes. En suivant une étoile, on décrit un arc de cercle plus ou moins grand selon l’étoile choisie et l’époque de l’année. On ne peut donc pas prendre une étoile pour suivre une direction donnée, sauf celles du Nord ou du Sud.

2) Une étoile n’est pas visible de jour ; on ne peut donc pas la suivre de jour.

3) Sauf couverture nuageuse, une étoile ne disparait jamais temporairement. Or la lumière ayant guidé les Mages disparaît lorsque les mages arrivent à Jérusalem et réapparaît lorsqu’ils en sortent.

4) Une étoile est trop éloignée de la terre pour pouvoir indiquer un endroit précis. Or la lumière suivie par les Mages a indiqué une étable proche de Bethléem : elle en était nécessairement très proche.

Le récit de saint Mathieu montre donc qu’il s’agit d’un phénomène miraculeux, car aucun astre ne peut avoir un tel comportement. L’étoile des Mages n’était ni une comète, ni une conjonction de planète, ni une supernova. Selon la Tradition, elle était une lumière surnaturelle, provoquée par Dieu et conduite par un ange : elle n’avait rien de naturel ; elle était véritablement miraculeuse. D’ailleurs, si elle avait été naturelle, les Mages qui avaient une excellente connaissance des astres n’y auraient pas vu un signe divin marquant l’accomplissement des prophéties.

Un miracle est par définition un fait concret, réel et hors des lois de la nature, produit directement par Dieu en vue de susciter ou de faire croître la foi. Mais le rationalisme qui, actuellement, infeste tout, refuse les miracles et cherche à leur trouver à tout prix des explications naturelles.

Il faut veiller à ne pas tomber dans ce piège. Il faut rester fermement attaché à tout ce qu’a enseigné la Tradition de façon continue et constante, suivant en cela le très sage conseil de saint Vincent de Lérins (Commonitorium, II, 5) :

« Dans l’Église catholique elle-même, il faut veiller avec le plus grand soin à s’en tenir à ce qui a été cru partout, toujours et par tous. (Quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est) Cela est en effet vraiment et proprement catholique. »

Cet enseignement de Saint Vincent a été confirmé clairement par le Vatican I, dans la constitution Dei Filius :

« Il n’est permis à personne d’interpréter cette sainte Écriture contrairement (…) au consentement unanime des Pères. »

Aussi continuons à croire que les Rois Mages ont réellement existé et ont suivi une lumière miraculeuse qui les a conduits à la crèche de Bethléem pour adorer le Roi de rois. Non ! les Mages ne sont pas des i-Mages !

[…]

ANNEXE

Extraits de la 6e homélie de saint Jean Chrysostome

sur l’Évangile de saint Matthieu

Pour juger que cette étoile n’était pas une étoile ordinaire, ni même une étoile, mais une vertu invisible, qui se cachait sous cette forme extérieure, il ne faut que considérer quel était son cours et son mouvement. Il n’y a pas un astre, pas un seul, qui suive la même direction que celui-ci. Le soleil et la lune et toutes les planètes et les étoiles, vont de l’Orient à l’Occident ; au lieu que cette étoile allait du Septentrion au Midi, selon la situation de la Palestine à l’égard de la Perse.

On peut prouver encore la même chose par le temps où cette étoile paraît. Car elle ne brille pas la nuit comme les autres, mais au milieu du jour et en plein midi, ce que ne peuvent faire les autres étoiles, ni la lune même, qui, bien que plus éclatante que les autres astres, disparaît néanmoins aussitôt que le soleil commence à paraître. Cependant cette étoile avait un éclat qui surpassait celui du soleil, et jetait une clarté plus vive et plus brillante.

La troisième preuve qui fait voir que cette étoile n’était point ordinaire, c’est qu’elle paraît et se cache ensuite. Elle guida les mages tout le long de la route jusqu’en Palestine. Aussitôt qu’ils entrent à Jérusalem elle se cache ; et quand ils ont quitté Hérode après lui avoir fait connaître l’objet de leur voyage, et qu’ils continuent leur chemin, elle se remontre encore, ce qui ne peut être l’effet d’un astre ordinaire, mais seulement d’une vertu vivante et surtout intelligente. Car elle n’avait point comme les autres un mouvement fixe et invariable. Elle allait quand il fallait aller ; elle s’arrêtait quand il fallait s’arrêter, modifiant, suivant les convenances, sa marche et son état, à l’exemple de cette colonne de feu qui paraissait devant les Israélites, et qui faisait ou marcher ou arrêter l’armée lorsqu’il le fallait.

La même chose se prouve en quatrième, lieu par les indications que donnait cette étoile. Elle n’était point au haut du ciel, lorsqu’elle marqua aux mages le lieu où ils devaient aller, puisqu’elle n’aurait pu le leur faire reconnaître de cette manière ; mais elle descendit pour cela dans la plus basse région de l’air. Car vous jugez bien qu’une étoile n’eût pas pu marquer une cabane étroite, le point précis occupé par le corps d’un enfant. Non, à une si grande hauteur, elle n’aurait pu désigner, indiquer exactement un si petit objet aux regards. Considérez la lune, ses dimensions sont bien autres que celle des étoiles, et cependant tous les habitants de la terre, de quelque point de cette vaste étendue qu’ils la regardent, l’aperçoivent toujours près d’eux. Commaent donc, dites-le-moi, une simple étoile aurait-elle indiqué des objets aussi petits, que le sont une grotte et une crèche autrement qu’en descendant de ces hauteurs du ciel, pour venir s’arrêter en quelque sorte sur la tête même de l’enfant ? C’est ce que l’évangéliste marque un peu après par ces paroles : « L’étoile qu’ils avaient vue en Orient commença d’aller devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était l’enfant, elle s’y arrêta ». Vous voyez donc par combien de preuves l’Évangile montre que cette étoile n’était pas une étoile ordinaire, et que ce n’était point par les règles de l’astrologie qu’elle découvrait cet enfant aux mages.

(…) Vous me demanderez peut- être pourquoi Dieu se sert de cette étoile pour attirer les mages à lui. Mais de quel autre moyen aurait-il dû se servir ? Devait-il leur envoyer des prophètes ? Les mages ne les eussent jamais reçus. Leur devait-il parler du Ciel ? Ils ne l’eussent point écouté. Leur devait-il envoyer un ange ? Ils l’auraient aussi négligé. C’est pourquoi, laissant de côté tous ces moyens extraordinaires, il les appelle par des choses qui leur étaient communes et familières ; et, usant ainsi d’une admirable condescendance pour s’accommoder à leur faiblesse, il fait luire sur eux un grand astre, très différent de tous les autres, afin de les frapper par sa grandeur, par sa beauté et par la nouveauté de son mouvement.

(…) Il use donc de cette condescendance envers les mages, et il les appelle à lui par une étoile, afin de les faire passer ensuite à un état plus parfait et plus élevé. Mais après qu’il les a ainsi conduits comme par la main jusqu’à la crèche, il ne leur parle plus par une étoile, mais par un ange, parce qu’ils sont devenus plus parfaits et plus éclairés.

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