Extraits d'une lettre aux catholiques de Vendée de Mgr Alain Castet, publiée le dimanche des Rameaux :
"En recevant le message de Pâques où Dieu fait toute chose nouvelle, nous prenons la mesure de notre responsabilité de chrétiens au cœur du monde. Nous prenons particulièrement conscience de la valeur inexprimable que Dieu le Père confère à l’homme qu’il a créé à son image et à sa ressemblance et qui est relevé par la résurrection de Jésus le Christ. Cette conscience nous a poussés à nous engager et à témoigner de notre foi, aux moments où, des choix sociétaux idéologiques contraires à la vérité, à l’intégrité de la famille, à la différence fondamentale et complémentaire entre l’homme et la femme, au don de la vie et à la procréation, ont été faits ou sont en voie d’être promus dans notre pays.
C’est le moment de dire ma reconnaissance à tous ceux qui, individuellement, en famille et en association, au nom de leur foi au Christ ressuscité pour le relèvement de l’homme et de tout l’homme, n’ont pas ménagé le temps et des moyens pour que le témoignage chrétien ne soit pas absent de la sphère publique et politique. Le temps de la vigilance, de la veille et du témoignage n’est pas révolu. Il est plus que jamais actuel. Il l’est au nom de la vérité de l’Evangile qui nous demande d’être prêts à rendre compte de l'espérance qui est en nous (1P 3, 15). Nous devons ainsi sans cesse, au nom de l’interpellation de l’Evangile avoir la conscience aiguisée sur les différents choix sociétaux qui sont faits dans notre pays. Notre monde a plus que jamais besoin de notre témoignage. Malgré notre faiblesse et nos fragilités, nous savons qu’en enseignant « Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-15), le Christ décrivait par avance la grâce de son Esprit qu’il a mise en nous pour donner à notre monde sa saveur et sa lumière. Nous ne pouvons donc à cause de l’exigence de notre témoignage et des difficultés de notre mission, fuir ou nous enfermer dans une sorte de sécurité sclérosante comme le fit le prophète Jonas (Jon 1, 1-16). Au contraire, nous devons avec enthousiasme aller vers tous les hommes de notre temps pour leur exposer notre espérance. Notre monde a les moyens et la capacité de nous entendre, de nous comprendre et de s’engager encore avec nous. […]
Au nombre des multiples champs qui requièrent notre vigilance et une conscience aiguisée par l’Evangile, je voudrais, aujourd’hui rappeler le soin et le respect dus à la personne humaine. Mon adresse sur la question ne veut pas être exhaustive. Elle a pour but de rappeler à tous, l’exigence que nous devons avoir d’une conscience aiguisée et d’une détermination plus forte tant les questions qui touchent à l’éthique et au respect de la personne subissent les aléas d’un relativisme lié au sécularisme. Sur le respect dû à la personne humaine et à son intégrité corporelle, l’enseignement le plus récent de notre Église est, on ne peut plus clair, sur l’intégrité et l’inviolabilité de la vie et de la personne humaine crée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Grâce à la lumière de la révélation divine, nous avons une certitude : l’homme est le fruit de la création de Dieu. L’homme est la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même. La vie que l’homme tient de Dieu son Créateur est ainsi sacrée. La vie de l’homme et l’intégrité de son corps ne peuvent en aucun cas être ravies ou mutilées. Dans la Bible, le premier meurtre est un fratricide. A Caïn qui venait, par jalousie de tuer son frère Abel, Dieu dit: « Où est ton frère Abel ? » Caïn répondit : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? » Le Seigneur reprit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ! Maintenant donc, sois maudit et chassé loin de cette terre qui a ouvert la bouche pour boire le sang de ton frère, versé par ta main (Gn 4, 9-11).
Tout homme, toute vie est le fruit de la création libre et généreuse de Dieu. Dieu seul peut donc susciter la vie et lui seul peut la reprendre. Dans le Décalogue donné par Dieu au peuple, il est dit : « tu ne tueras pas » (Ex 20, 13). Sûre de ce que Dieu commande, l’Église catholique, maîtresse de vérité n’a pas cessé d’enseigner le respect absolu dû à l’intégrité de la vie et de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. L’instruction Donum Vitae de la Congrégation pour la Doctrine de la foi est à ce sujet, claire et mérite d’être ici rappelée :
« Dès le moment de sa conception, la vie de tout être humain doit être absolument respectée, car l'homme est sur terre l'unique créature que Dieu a « voulue pour elle-même » et l'âme spirituelle de tout homme est « immédiatement créée » par Dieu ; tout son être porte l'image du Créateur. La vie humaine est sacrée parce que, dès son origine, elle comporte « l'action créatrice de Dieu » et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Dieu seul est le Maître de la vie, de son commencement à son terme. Personne, en aucune circonstance, ne peut revendiquer pour soi le droit de détruire directement un être humain innocent » […]"