Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, réagit à la mise à mort de Vincent Lambert :
"[…] La question demeure donc : au nom de quoi peut-on prononcer la mort de Vincent Lambert et de tous ceux qui, comme lui, sont vivants ? Est-ce un acte éthiquement juste ? Sur quel critère objectif se fonde-t-on pour accepter sa mort ? Vincent Lambert n’a aucun traitement, ne vit pas artificiellement (il respire naturellement), il n’a pas besoin de traitements lourds, il a seulement besoin de nutrition et d’hydratation qu’il reçoit par un moyen « artificiel », ce qui arrive pour tout un chacun autant qu’une intervention le nécessite. Dans ces cas-là c’est limité dans le temps. Pour Vincent c’est de longue durée.
La loi Léonetti autorise l’arrêt de traitements disproportionnés ou déraisonnables. Mais il s’agit là d’arrêter l’alimentation et la nutrition. Est-ce déraisonnable de nourrir et de faire boire un être vivant ? Le litige vient de ce que la loi revue en 2015 met bien sous la rubrique « traitements » la nutrition et l’hydratation. Il y a là une ambiguïté voulue qu’il faut moralement récuser en précisant la problématique.
Des enjeux de société
Nous sommes invités à la vigilance car ce cas est un enjeu dans l’approche du handicap, de la vie faible et désarmée. Sous prétexte de qualité de vie, de bien-être, un consensus s’établit pour refuser des vies différentes. Par ailleurs, qui peut décider de l’arrêt d’une vie ? Même la formulation de « directives anticipées » ne résoudra pas la difficulté car ces directives devront concerner la fin de vie. Or, Vincent Lambert et des centaines comme lui, à côté de nous, ne sont pas en fin de vie. Il n’est donc pas moralement juste de lui donner la mort sinon toute vie « embarrassante » sera condamnable. Notre société est très engagée sur cette pente et elle y va au nom des « Droits de l’Homme ». Croyants ou non nous avons à redire que la mort provoquée est une atteinte aux plus faibles qui n’ont besoin que de nos soins fraternels « ce que vous aurez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’aurez fait » nous dit Jésus (Matthieu 25,40)."