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Mgr Ginoux : “Envahissez les églises aux heures des messes”

Mgr Ginoux : “Envahissez les églises aux heures des messes”

De même que des maires bravent le confinement en autorisant l’ouverture des commerces non-alimentaires dans leur ville, les évêques peuvent, de leur propre chef, soutenir leurs prêtres dans la célébration publique des messes.

Mgr Ginoux, évêque de Montauban, appelle les fidèles à être nombreux dans les églises :

Vous aussi, demandez à votre évêque, si possible avec copie à Mgr De Moulins-Beaufort (Président de la conférence des évêques de France – 58 Avenue de Breteuil – 75007 Paris) pour les encourager à permettre la célébration publique des messes. Un prêtre a même rédigé un modèle :

Monseigneur,

Je viens de prendre connaissance des dispositions pour le culte en fonction des dernières déclarations gouvernementales.

Je pense que l’interdiction des messes par le gouvernement est illégale. En effet, en permettant que les églises restent ouvertes, le gouvernement reconnaît que la présence en elles d’un certain nombre de personnes n’est pas dangereuse. On ne voit pas pourquoi cela deviendrait dangereux si l’une de ces personnes est un prêtre en train de dire la messe. L’interdiction de dire la messe n’est donc pas une mesure nécessaire à la protection de la santé publique et est donc contraire à la convention européenne, qui stipule en son article 9 :
1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.
2. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.
On doit donc maintenant fixer un seuil de dangerosité pour chaque édifice religieux (par exemple 25 % de la capacité maximale) et permettre le culte quand ce seuil n’est pas dépassé. En effet il était ridicule de fixer pour les enterrements un nombre de vingt personnes, identique pour une église de village qui peut contenir cent cinquante personnes et une cathédrale qui peut en contenir plus de mille.
Dans ce même esprit, on n’a pas besoin de demander au gouvernement l’autorisation de faire le catéchisme, puisque les écoles restent ouvertes.

Une opposition frontale au gouvernement peut être jugée par certains non opportune. Cependant une chose est de subir la dictature de lois injustes, autre chose est de ne pas la dénoncer.
Et quand la loi nous donne des possibilités de faire valoir nos droits religieux, il est du devoir des pasteurs d’utiliser ces possibilités, et a fortiori de ne pas critiquer les laïcs qui les utilisent, mais plutôt de les remercier. Dans cette affaire on a pu remarquer que ceux qui ont interpelé l’Etat n’ont fait qu’appliquer Dignitatis Humanae (cf DH nos 3 et 4), que pour la plupart ils réfutent, tandis que ceux qui prétendent adhérer à Vatican II ne l’ont pas mis en œuvre.
Et il faut être déterminé à aller jusque devant les juridictions européennes, si nécessaire : il est probable que cette simple perspective fera plier le gouvernement.

En tout cas on a manqué là l’occasion d’une catéchèse sur la messe. Lorsqu’après le 11 mai les ministres protestants, juifs et musulmans ont déclaré qu’ils ne comprenaient pas la hâte des évêques catholiques, qui avaient très opportunément proposé un plan de sortie du confinement religieux, ils ont peut-être voulu manifester qu’ils étaient les bons élèves de la classe où la république se sent autorisée à enseigner aux religions ce qu’elles doivent être : ce faisant, ils ont paru manifester qu’ils ne sont pas vraiment assurés que leurs religions viennent bien de Dieu, ou alors qu’ils ignorent qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Et surtout ils ont montré que leurs rassemblements n’ont pas pour but exprès un acte communautaire, mais une juxtaposition d’actes individuels, tandis que nous catholiques, nous offrons, tous ensemble prêtres et laïcs, chacun à sa façon propre, le sacrifice du Christ. Oui, il fallait le rappeler : la messe est le sacrifice du Christ et pour y participer il faut y être physiquement présent : l’image d’un sacrement n’est pas le sacrement.

En outre je ne vous cache pas que j’ai été très mal impressionné par les injonctions faites il y a quelques mois de reporter sine die baptêmes et mariages. Dans la pastorale commune, beaucoup de prêtres s’efforcent de faire comprendre, à des fidèles pour qui ce n’est pas évident, que c’est le sacrement qui est important, bien plus que la fête sociale qui suit avec parents et amis. C’était cette fête qu’il fallait dire aux gens de reporter, non le sacrement. Si dans une église quelques fidèles viennent, à savoir les parents et l’enfant qui doit être baptisé ainsi que ses frères et sœurs, parrain et marraine, et si un prêtre verse de l’eau sur le front de l’enfant en disant la formule requise, il n’y a pas de menace pour la santé publique : pourquoi donc n’a-t-on pas évoqué l’ondoiement dans ces circonstances ? S’il y a eu des enfants morts sans baptême durant le confinement, qui auraient été baptisés si on avait parlé d’ondoiement, les pasteurs qui n’ont pas fait leur travail en répondront devant Dieu. Et si vraiment la pression des impies est telle que même l’ondoiement ne puisse se faire à l’église, alors il faut indiquer aux parents, en le mettant sur le site diocésain, comment baptiser eux-mêmes leur enfant, en filmant la cérémonie pour pouvoir en faire constater la validité.
De même pour le mariage : si les mariés sont à l’église avec leurs témoins et un prêtre, où est le danger sanitaire ? Vous le savez, et un évêque a su le rappeler opportunément, la loi a changé. Autrefois un ministre du culte encourait une condamnation s’il célébrait, ne fût-ce qu’une fois, le mariage de deux personnes qui ne seraient pas d’abord passées à la mairie ; maintenant il n’encourt cette condamnation que s’il le fait de façon habituelle, et il est facile de faire valoir que le confinement n’est pas, justement, une circonstance habituelle : la fermeture des mairies ne justifiait donc nullement le report, par l’autorité ecclésiastique, de la célébration des mariages. De plus on avait là une occasion extraordinaire de remettre en cause cette disposition légale de l’obligation du passage en mairie : elle est considérée comme vexatoire par un grand nombre de couples, qui s’insurgent contre la république qui s’immisce ainsi dans leur amour et dans leur foi. Cette disposition est d’ailleurs contraire aux paragraphes de la convention européenne cités plus haut ; elle est en outre contraire aux fondements mêmes de la laïcité : de quel droit une république laïque impose-t-elle de demander une permission avant de faire une prière ? Et pour beaucoup de prêtres, il est difficile de dire que la loi morale est différente de la loi républicaine tout en disant aux fiancés qu’ils ne peuvent se marier à l’église sans une autorisation de la république. En tout cas, si des concubins sont morts durant le confinement sans avoir pu régulariser leur situation à cause des dispositions pastorales, les pasteurs en question en répondront devant Dieu.

En tout cela on a manifesté qu’on a oublié ce principe que les sacrements causent la grâce – mais cela, on l’avait déjà manifesté quand on a reporté l’âge de la confirmation, de l’enfance à l’adolescence : très peu de pasteurs s’y sont opposés, comme ce fut le cas par exemple de Mgr Brincart ou Mgr Minnerath, et surtout du Cardinal Ratzinger.
Je souhaite ardemment, aussi, qu’on cesse d’accréditer l’idée que la santé du corps serait plus importante que celle de l’âme, et que par conséquent il faut obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu.
Je souhaite, enfin, que le dégoût du peuple envers la classe politique ne s’étende pas aux évêques : nous n’avons rien à gagner à nous aligner systématiquement sur des gouvernants qui non seulement ne se cachent plus de mentir, mais vont jusqu’à le revendiquer. Et cela au moment où ils répandent la peur pour mieux restreindre la liberté scolaire, alourdir la culture de mort, et en définitive soumettre même la pensée au contrôle de l’Etat. Le Cardinal Etchegarray a dit jadis qu’il nous fallait aujourd’hui des Athanase ; à présent il nous faut des Stépinac, des Wyszyński, des Mindszenty.

Je sais la difficulté de votre tâche, et sans doute je n’en perçois qu’une petite partie. Et je rends hommage à tous les évêques qui, comme vous, font de leur mieux.
Cependant il fallait que vous sachiez ces sentiments et que vous connaissiez ces arguments, car ils sont ceux d’un grand nombre de fidèles pratiquants, qui, ayant été marginalisés au cours de ces dernières décennies en raison de leur attachement à l’enseignement des saints papes, n’ont pas les moyens de vous les faire connaître.
Vous priez et nous prions pour vous : la grâce ne vous fera pas défaut. Comme le disait Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur ! »

Je vous prie d’agréer, Monseigneur, l’expression de tous mes sentiments filiaux.

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11 commentaires

  1. Je suis étonné des paroles de Mgr Ginoux…
    S’il ne restait qu’une poignée de fidèles, ne faudrait il pas tout de même se battre pour obtenir la Messe ?
    On parle tout de même du salut des âmes, même si elles sont peu nombreuses !
    Certes, c’est plus facile d’avancer quand on a des millions de personne derrière soit… mais le pasteur ne se réjouit il pas pour une seule brebis ?

  2. Mgr Ginoux a raison. La messe est notre plus grand trésor. Ne nous laissons pas dévaliser par les tyrans. Enfin un. évêque qui parle en pasteur de ses brebis et non un fonctionnaire aux ordres des 3 points.

  3. Dans les tranchées, c’était le lieutenant qui chargeait à la tête de sa section, qui donnait l’impulsion et ses hommes le suivaient, galvanisés par son exemple. Aujourd’hui, le lieutenant attend dans sa tranchée que tous ses hommes l’aient quittée pour leur emboiter le pas. Drôle d’époque…

  4. Il est indiscutable que si des milliers de Catholiques remplissent les églises à l’heure des Messes un dimanche matin, je ne vois pas les forces de l’ordre lancer des assauts pour sortir les fidèles et leur infliger, à chacun d’entre eux, une contravention à 135€.
    Une telle mesure contribuerait, certes, à renflouer les caisses de Bercy, mais garantirait le mort politique de JUPITER dans 18 mois.
    Par ailleurs, je constate que Montauban devient le “village gaulois” : Mme Barèges a publié un arrêté autorisant les petits commerçants à ouvrir leur boutiques en ville malgré les injonctions de la dictature gouvernementale, et Mgr Ginoux appelle les fidèles à remplir les églises à l’heure des Messes malgré les injonctions de la dictature gouvernementale.
    Ça peut devenir intéressant, si la tache d’huile se répand.

  5. En relisant su SB le post du 29 Octobre sur le sujet,”messes interdites la réaction des évêques,” on peut mesurer la progression de la révolte: la goutte d’huile (F.Jacquel) s’étend. L’initiative “www. pourlamesse” atteint les 56000 signatures. Mgr Ginoux a raison de nous inviter à envahir les églises, faisons-le. Que la peur qu’on veut nous inculquer change de camp. C’est également la meilleure façon de faire reculer pacifiquement l’envahissement islamiste. Quant au virus il y a un article très parlant ici même sur SB: http://www.regards.fr/idees-culture/article/tribune-le-confinement-constitue-un-remede-pire-que-le-mal-pour-la-societe?fbclid=IwA

  6. Je ne savais pas que Poutine était empereur

    Quant au général de Villiers, il n’est pas breton (la Loire inférieure n’existe plus depuis belle lurette), ni vendéen. Les Villiers sont de l’Est (Lorraine)

    Une énième prophétie loufoque quoique intéressante. Distrayante en tout cas

  7. Il est dommage que, de même que lors du 1er confinement, les évêques ne se soient pas associés au référé près du Conseil d’Etat ; je peux comprendre qu’ils n’appellent pas ouvertement à la désobéissance, mais faire un recours judiciaire ça n’a rien de révolutionnaire. On peut espérer que le Conseil d’Etat ait la même réaction qu’en mai dernier, d’autant que depuis l’Eglise a pris l’habitude des “gestes barrières”. Je reviens de la messe de la Toussaint, je n’ai pas eu l’impression de courir plus de danger qu’au travail ou au supermarché.

  8. Le problème de nos autorités laïcardes, agnostiques et maçonnes est que, ne croyant pas en l’existence de l’âme, elles ne classent pas la nécessité de subvenir à ses besoins essentiels au même niveau que celle de subvenir aux besoins du corps. À partir de cette certitude matérialiste, à quoi bon autoriser les cultes ? À toutes ces masses ignares droguées de religion, il suffit de suivre les offices à la télé. Comme le cycliste qui fera du sport en suivant le tour de France sur son poste.

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