Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, et le père Brice de Malherbe, co-directeur du département d'éthique biomédicale répondent dans Le Monde à la tribune de Marc Peschanski et Cécile Martinat du 5 avril :
"[Ils] ont violemment pris à partie divers acteurs du débat sur la révision des lois de bioéthique. Les catholiques sont plusieurs fois visés. Ces attaques polémiques contreviennent aux exigences de la rationalité. Elles sont voulues pour défendre une option de recherche qui ne fait pas l'unanimité à l'intérieur même du monde scientifique. […]
Quant à l'Eglise catholique, elle est riche d'une longue réflexion en éthique médicale. Elle s'appuie sur l'expérience multiforme de nombreux catholiques engagés dans le soin et la recherche. Ses positions en la matière sont le fruit d'une réflexion mûrie, confrontées aux réalités humaines et aux résultats scientifiques dont elle tient toujours compte. […] C'est par le dialogue qu'il est possible de chercher ensemble les voies justes de l'avenir et non par des approximations, des accusations sans fondements, et des amalgames erronés.
Le fait que l'embryon humain soit un être humain dès la fécondation n'est pas une opinion mais une réalité anthropologique appuyée par les données de la science. La pratique des procréations médicalement assistées, les recherches sur l'embryon humain et les cellules souches embryonnaires soulèvent d'importantes questions éthiques. Sur ces sujets de bioéthique, l'Eglise catholique y voit un enjeu d'humanité. Il est compréhensible que ses positions suscitent le débat voire l'opposition : on ne peut toutefois l'accuser d'incohérence. Quant à l'avortement, qui nierait que cela pose de graves questions éthiques, psychiques et sociétales ?
Marc Pechanski et Cécile Martinat prétendent que la loi de bioéthique de 1994 a été adoptée "sous la pression de lobbies catholiques conservateurs". Cela tient plus du fantasme que de la réalité. Ils font allusion à un "boycott du Téléthon". Rappelons que des réserves exprimées sur le Téléthon viennent aussi des milieux scientifiques. L'Eglise catholique quant à elle a souhaité rappeler que la générosité ne légitime pas tout, que le tri embryonnaire, l'utilisation de cellules embryonnaires et la médiatisation de jeunes malades posaient question. Elle a proposé que les dons soient fléchés selon des critères éthiques. Il est regrettable que cela soit impossible […].
Parler d'"agression antiscientifique" et de "lobbying antiscience" relève du dénigrement. L'Eglise catholique "encourage évidemment la science", a affirmé Jean-Paul II. Elle considère la science comme "un précieux service pour le bien intégral de la vie et pour la dignité de tout être humain", selon le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Rappelons que les efforts de décryptage du génome humain ont été salués et encouragés par Jean-Paul II, et que, dès 2006, l'Académie pontificale pour la vie a invité le professeur Yamanaka à présenter ses travaux sur les cellules iPS bien avant que ceux-ci ne soient connus du grand public.
Quant aux accusations de "mensonges", les représentants de la nation et les scientifiques directement et nommément désignés à la vindicte populaire pourront facilement s'en défendre. Elles nous paraissent injustifiables et sans fondement aucun."
K.
Ca fait du bien de lire ça, mais quand on lit les commentaires du monde…
Pitch
Puisque vous faites précéder (contrairement au Monde) le nom de Jérôme Beau de l’acronyme ‘Mgr’ afin de rappeler son titre d’évêque, vous pouvez également ajouter ‘père’ ou ‘abbé’ devant Brice de Malherbe – car c’est est un, je vous le confirme :)
[Effectivement, il fallait le savoir. Merci. MJ]
Benjamin
Dommage toutefois que ce point de vue ne figure pas dans la version papier, contrairement à celui de Marc Peschanski ; où l’on voit les choix éditoriaux, pour ne pas dire militants, du journal “de référence” !