Dans un discours prononcé aux Etats-Unis, Mgr Rey a rappelé que depuis saint Jean-Paul II, nos papes nous appellent à une réelle conversion écologique – ce sera d'ailleurs le thème de la prochaine encyclique du pape François. En quoi s'agit-il d'un domaine d'application de la Doctrine sociale de l'Eglise ? En quoi les Verts, les idolâtres de la terre ou les malthusiens par exemple, ont-ils une conception erronée de l'écologie ? Qu'est-ce que l'écologie humaine, dont Benoît XVI a proposé les fondements ? Comment relier écologies humaine, environnementale et spirituelle ? Comment nous convertir ?
Le discours peut-être lu dans son intégralité ici (avec les sources). Voici quelques extraits de la partie "Défis spirituels et crise écologique", qui s'inspire notamment des travaux de Benoît XVI et Jean-Paul II.
- Consumérisme ou attitude eucharistique
"L’exploitation abusive des ressources du monde n’est que la répétition du péché originel. Elle est le résultat de l’égoïsme et de l’avidité. L’exploitation illimitée des ressources naturelles conduit au consumérisme qui est si caractéristique de notre monde contemporain ainsi transformé en société de convoitise. Il ne s’agit plus de satisfaire les besoins vitaux de l’homme, mais ses désirs sans cesse grandissants et sans fin. L’exploitation des richesses naturelles qui découle de l’avarice et non de besoins vitaux, crée un déséquilibre dans la nature qui n’arrive plus à se renouveler, comme en témoigne les problèmes de la surpêche, de la surproduction agricole, de la déforestation et de la désertification.
Nous oublions trop souvent que l’homme n’est pas seulement un être rationnel, social ou politique, mais qu’il est avant tout une créature eucharistique, capable de gratitude et dotée du pouvoir de bénir Dieu pour le don de la création. Parmi toutes les « attitudes écologiques », la plus urgente est sûrement celle de l’adoration. Revenir à Dieu, vivre de manière radicale en relation avec lui, le mettre à la première place, c’est commencer ce travail de restauration de toute la création.(…)"
- Ascèse et sobriété
"Face à la restriction des biens de la terre, il sera impossible de trouver une solution au problème écologique si nous ne révisons pas sérieusement nos modes de vie « L’austérité, la tempérance, la discipline et l’esprit de sacrifice doivent marquer la vie de chaque jour, afin que tous ne soient pas contraints de subir les conséquences négatives de l’incurie d’un petit nombre. » [St Jean-Paul II] Une ascèse est nécessaire, liée à l’exercice de la vertu de tempérance. Le patriarche Ignace IV d’Antioche affirme : « Si la nature n’est pas transfigurée, elle est défigurée… L’ascèse est indispensable pour assurer la limitation des besoins qui permettra et de respecter davantage la terre, ses rythme, la vie qui lui est propre, et d’opérer un indispensable partage à l’échelle planétaire. »
Ce style de vie peut se caractériser par la sobriété et la simplicité dans la manière de consommer. Et pourquoi ne pas retrouver le sens du jeûne ou de la simple frugalité ? Il ne suffit pas d’acheter les produits qui ont un label attestant leur impact faible sur l’environnement, mais bien de réformer complètement la course effrénée à la consommation, la débauche des transports, les gaspillages en tous genre… Mais pour échapper aux impératifs de la mode ou à l’obsession de la publicité, au culte du désir et de sa satisfaction immédiate, il est indispensable d’apprendre la maîtrise de soi et de ses instincts… Cela suppose une véritable conversion écologique ! (…)"
- Partage et solidarité
"Une véritable écologie, consciente de l’interdépendance de tous les êtres et de la destination universelle des biens de la terre, passe par une solidarité renouvelée et un partage authentique (entre les personnes, les pays et les peuples, les générations). Dans l’enseignement des Pères de l’Église, donner de son superflu n’est pas un acte de charité, mais de justice. Donner au pauvre, c’est lui restituer ce qui lui appartient déjà. La charité commence lorsque je donne de mon nécessaire (Cf. Mc 12, 41-44). L’écologie nous invite à non seulement à ne pas nous enrichir au détriment des générations futures, mais même à nous priver pour eux. On peut l’appeler écologie sociale ou écologie de communion.
Cette solidarité est particulièrement importante dans le domaine énergétique. « Une redistribution planétaire des ressources énergétiques est nécessaire afin que les pays qui n’en ont pas puissent y accéder. Leur destin ne peut être abandonné aux mains du premier venu ou à la logique du plus fort. » [Benoît XVI] Ne fixons cependant pas de limites à la créativité humaine et à son audace. Les hommes ont une capacité d’invention indéfinie et indéfinissable, par exemple en matière de pétrole où l’homme est capable de découvrir et d’exploiter de nouvelles sources d’énergie (…)"
Frégate
Cela fait écho à un livre que je viens de finir “Une question de taille” d’Olivier Rey. Un des livres les plus intelligents qui m’est été donné de lire. Il traite justement de la tempérance et fait réfléchir sur bien des aspects de notre civilisation.
Emmanuel
J’ai un gros doute au sujet de l’implication de l’Acton Institute – http://fr.acton.org/ – dans cette histoire… Acton Institute est cité comme étant le lieu où Mgr Rey aurait prononcé ce discours.
A voir la longueur de ce texte, était-ce vraiment un discours? De plus, l’Acton Institute – http://www.acton.org/ – est basé à Grand Rapids dans le Michigan alors qu’il est dit que Mgr Rey l’aurait prononcé à San Diego, Californie comme chacun sait, à 3600 kms de là.
Pour autant que je sache, il ne se passait rien de particulier le 23 janvier 2015 à Grand Rapids et rien n’était organisé à San Diego par l’Institut Acton.
[Je pense qu’il s’agit d’une erreur de frappe de l’OSP et qu’il s’agit de l’Action Institute de Californie. Dans le doute, je vais supprimer le lieu. L.T.]
Emmanuel
Ce texte est une longue litanie d’un indigeste difficilement descriptible.
Il y déferle en alternance, de l’incantation, des évidences grosses comme des maisons et des outrancières généralisations en de telles quantités qu’il est très difficile d’y voir autre chose qu’un gigantesque fourre-tout où l’on trouvera une chose et son parfait contraire.
Cela fait en tout cas beaucoup d’énergie dépensée pour rien.
trahoir
Je trouve ce texte très intéressant.
Par contre Mgr Rey propose une vrai réforme de fond qui déplaira à tout les pseudos cadres supérieurs de l’agro-alimentaire à la pharmacie en passant par les financiers qui les accompagnent. Tous ces gens qui au nom du “devoir d’état” ont toujours mis en oeuvre les pires solutions des gens du pouvoir car il faut être bien placés au tableau des primes pour payer la classe prépa des gosses afin qu’ils deviennent…cadres sups refaisant les mêmes erreurs.
Cela va forcer cette petite bourgeoisie (si elle a peur de déchoir elle doit pas être bien haut…) à réfléchir hors des sentiers battus des Trente Glorieuses.
Qui a dit : “Il est plus facile pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille…”.
[Certains ont déjà commencé à y réfléchir. Je pense à Emmanuel Faber, chez Danone, par exemple, qui tente d’orienter son entreprise vers le développement humain. http://www.lesechos.fr/03/09/2014/lesechos.fr/0203746435741_danone—emmanuel-faber–en-quete-d-une-nouvelle-forme-de-capitalisme.htm
L.T.]