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Bioéthique / L'Eglise : L'Eglise en France

Mgr Vingt-Trois en désaccord sur le projet de loi bioéthique

Alors que commence aujourd'hui les travaux de la commission bioéthique à l’Assemblée nationale, l'archevêque de Paris déclare à La Vie :

Vous avez haussé le ton, à Lourdes, après la prise de position de Jean Leonetti en faveur d’une autorisation de la recherche sur l’embryon. Pourquoi cette fermeté ?

V J’ai réagi assez fortement parce que je n’ai pas compris ce revirement qui ne correspondait pas à la manière dont M. Leonotti avait conduit les travaux parlementaires. Comme j’ai de l’estime pour lui et que nous sommes dans une relation de dialogue, il m’a semblé normal que je le dise de façon ferme pour que ce soit entendu. M. Leonetti semble être revenu sur ses propos, et je m’en félicite. Reste qu’au-delà de cette péripétie des désaccords de fond persistent sur le projet de loi gouvernemental. Dans l’intérêt de tous, je souhaite que les chercheurs puissent travailler dans des conditions clairement définies et respectueuses de l’homme.

Quels sont ces désaccords ?

Le premier, c’est une certaine incohérence. Le gouvernement manifeste la conscience claire qu’avec la recherche sur l’embryon le respect de la dignité humaine est en jeu. En même temps, il semble mettre en place un système dans lequel la destruction d’embryons n’est plus une exception. Jusqu’à présent, on ne pouvait recourir aux cellules souches embryonnaires qu’à condition qu’il existe un espoir fondé de trouver un traitement à une maladie grave et incurable et qu’il n’y ait pas d’alternative. Aujourd’hui, l’objectif thérapeutique sombre au profit d’un objectif de recherche « médicale » dont on ne sait pas très bien ce qu’il recouvre. Et le régime qui avait été mis en place, en 2004, à titre exceptionnel, risque d’être adopté définitivement. C’est la seconde incohérence. Je plaide pour que les programmes de recherche, par définition nécessairement incertains, soient soumis à un contrôle régulier, par exemple, dans le cadre d’une cellule de veille parlementaire. […] Je crains qu’on change de finalité, que le cadre de référence reste peut-être le respect de la dignité humaine, mais devienne une coquille vide, et que la recherche scientifique et ses impératifs passent avant tout. Je crains que l’on privilégie une option unique de recherche qui ignore les autres voies et se laisse enfermer dans une logique industrielle. […] Qui donne droit à détruire le plus faible ? Et si l’impératif catégorique est de nous soigner à tout prix, jusqu’à quel prix est-on prêt à aller? Je ne me reconnais pas le droit de dire que la vie de telle personne vaut mieux que celle de telle autre. […] Qui peut dire que l’on s’arrêtera au stade embryonnaire ? On a connu des périodes dans l’Histoire où l’on n’a pas respecté les enfants nés. L’humanité est une réalité continue, du début à la fin de la vie. La façon dont une société traite ses éléments les plus faibles et les plus dépendants, la manière dont elle gère la fragilité des êtres représentent un indice global de la qualité d’une civilisation. Il ne s’agit pas simplement d’un point technique. On ne parle pas de fabrication de voitures mais de conception de l’humain. Quand on prend des dispositions contraires à la dignité humaine, on entre dans un processus régressif du point de vue de la civilisation […]."

Les évêques préparent la sortie d’un nouvel ouvrage pour exposer leur analyse du projet de loi.

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7 commentaires

  1. Je n’ai pas étudié le sujet sur le fond. Mais quelque chose m’avait intrigué, à savoir cette formulation bizarre (interdiction d’autoriser ou autorisation de l’interdiction, je ne sais plus) que je ne suis pas arrivé à comprendre ; à vrai dire je n’ai pas tellement cherché car ce genre de jargon sent le piège. Et effectivement, on voit bien maintenant que c’était un piège, à savoir dans un premier temps faire avaler la pillule avec des propos se voulant, apparemment rassurants, pour dans un second temps, y aller franchement de l’estoquade. Léonetti savait bien ce qu’il faisait.

  2. Un grand merci au Cardinal. Après tout le travail fait discrètement par la CEF pour préparer la révision de cette loi, voici ENFIN la voix catholique sur les médias. Bravo: il faut parler haut et fort, à temps et à contretemps comme l’a dit saint Paul, sur ces sujets ” non négociables”.

  3. Excellent, vive Mgr Vingt-Trois !

  4. “semble être revenu”…” j’ai de l’estime pour lui” ( soit pour un homme qui insulte les brebis dont Monseigneur est censé être le pasteur): no comment, il suffit de savoir lire.
    Je ne vois pas non plus où se situe “l’incohérence” dans tout cela : de la rééducation nationale en passant par “la pravda” subventionnée , jusqu’au remboursement de la dépopulation française , je trouve au contraire cela très cohérent avec les préceptes fondateurs du système.
    Pouvez-vous nous éclairer davantage Monseigneur ?

  5. L’épiscopat se réveille, c’est encourageant !

  6. Tout le monde dit “bravo Monseigneur! bravo Excellence!”…
    Mais qui lit La Vie???? Des catholiques fervents admirateurs de ce qu’ils croient être Vatican II et… personnes d’autres.
    J’appelle cela maître “la lumière sous le boisseau”.
    Le Cardinal fait le boulot a minima, choisissant de s’exprimer dans un média ayant peu d’audience… comme cela il pourra dire “je l’ai fait… la loi a été votée… pas de chance, hein, c’est vrai que j’aurais pu m’exprimer sur France 2, sur Le Monde, sur TF1 mais j’ai préféré La Vie que personne ne lit”.
    Tout comme il pourra dire “je suis allez rendre visite aux tradis du pélerinage Paris-Chartres mais je ne réponds pas aux demandes de messe en latin de ces mêmes tradis dans mon diocèse”.
    [Croyez-vous vraiment que le Cardinal peut s’exprimer dans le média de son choix ? MJ]

  7. Oui je le crois, s’il avait la foi aussi gros qu’une graine de moutarde et selon l’adage “demandez vous obtiendrez”.
    Si tel n’est pas le cas: à quoi cela sert-il que notre denier du culte paye des chargé de communication dans les diocèses, à quoi cela sert-il que l’évêque responsable de la communication de la CEF soit un ancien journaliste?

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