Ce matin a été diffusé le Message de Benoît XVI pour la 85e Journée mondiale missionnaire (23 octobre), intitulé "Comme le Père m'a envoyé, je vous envoie". On y lit :
"Tous les peuples sont les destinataires de l'annonce évangélique et, par nature, l'Eglise est missionnaire… Adhérant à la parole du Seigneur, sous l'influence de sa grâce comme de sa charité, elle agit auprès de chaque homme et peuple pour les conduire à la foi dans le Christ […] On ne saurait rester indifférent au fait qu'après deux mille ans il existe des peuples qui ne connaissent pas encore le Christ, qui n'ont pas encore entendu son message de salut".
"le nombre grandit de ceux qui, ayant reçu l'enseignement de l'Evangile, l'ont oublié ou abandonné, qui ne se reconnaissent plus dans l'Eglise. Nombre de sociétés traditionnellement chrétiennes sont devenues réfractaires et se ferment à la foi. C'est là un bouleversement culturel que la globalisation alimente. Ce mouvement de pensée, avec son relativisme envahissant, porte vers une mentalité et un mode de vie étrangers au message évangélique, comme si Dieu n'existait pas. En écartant les valeurs morales, on encourage la recherche de la richesse et du bien être, du profit facile, de la carrière et du succès, comme s'il s'agissait du but de l'existence".
"la mission universelle est toujours l'affaire de tous. L'Evangile n'est pas la propriété exclusive de qui l'a reçu. Il est un cadeau à partager, une bonne nouvelle à communiquer, un don et une mission confiés à tous les baptisés."
Panetier
Dieu, qu’on a de la chance d’avoir un pape rellement lucide sur notre temps.
Lire ou entendre du ” Benoît XVI ” est toujours une bouffée d’oxygène dans notre monde en crise.
Cassianus
Les chrétiens ne doutent pas, en général, que tous les peuples soient destinataires de l’annonce évangélique. Ce qui fait problème, c’est le contenu de cette annonce. Ainsi, les missionnaires en “terres d’Islam”, qui ne sont tolérés que s’ils s’abstiennent de baptiser des musulmans, prétendent tout de même accomplir leur devoir d’évangéliser en appelant “évangélisation” un ensemble d’actions exclusivement humanitaires, en tout semblables à celles que réalisent des ONG non confessionnelles. Il est clair que si ces bonnes oeuvres pouvaient attirer des musulmans à la foi chrétienne, il faudrait de toute façon décourager ces candidats à la conversion d’abandonner l’Islam. Il serait donc extrêmement souhaitable que soit redéfinie avec clarté ce qu’est l’ “annonce évangélique”. Autrement, le mot continuera d’être collé sur un peu n’importe quoi. Je crois que je n’étonnerai personne en disant qu’en dehors de l’étrange “évangélisation” des musulmans en terres d’Islam, il y a aussi une très énigmatique “évangélisation” latino-américaine, qui consiste à inciter les peuples indigènes à se soulever pour établir des régimes d’inspiration marxiste. C’est la fameuse “théologie de la libération”, qui n’est pas du tout morte, mais jouit au contraire d’un grand prestige auprès de nombreux missionnaires européens en Amérique latine. Comment “évangéliser” peut arriver à vouloir dire pousser à la révolution prolétarienne, voilà ce qui mériterait d’être étudié de très près. Ces deux grand problèmes missionnaires, pour ne parler que de ceux-là, mettent en évidence l’élasticité du vocabulaire théologique, et la grande facilité d’être en règle avec la lettre de l’enseignement de l’Eglise, tout en étant, peut-être, très éloigné de son esprit.