Professeur au séminaire de Toulon et auteur de Réussir sa mort, Anti-méthode pour vivre, Fabrice Hadjadj signe une tribune pleine d’humour dans Le Figaro sur la résurrection de la chair. Extraits :
"Pour la religion athée, enfin, c’est une impiété terrible : on irait là d’une part contre le dogme du néant, et, d’autre part, contre le credo de l’indéfinie pourriture. (…) L’Évangile seul a cette audace d’y reconnaître un Temple de l’esprit. On comprend que ce soit un scandale.
(…) "Le corps est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps" (1 Co 6,13). L’apôtre [saint Paul] exhorte ici, si j’ose dire, à une authentique position du missionnaire, à un érotisme de feu. Notre chair, selon ses mots, doit devenir l’ostensoir de l’amour. Énorme exigence ! Quand nous mastiquons notre pain, quand nous marchons dans la rue, et jusque quand nous allons aux toilettes (saint Augustin, dit-on, y chantait les psaumes des montées), nous avons à charge d’y faire resplendir justice et vérité. Notre gros orteil, en nous portant vers le pauvre, a soudain quelque chose de divin. Nos poumons ont pour vocation de servir le mystère du souffle, de dire le poème de la respiration. Nos vessies mêmes peuvent devenir lanternes, pour peu que nous ayons bu à la bonne parole. Quant à nos mains, ces mains qui tiennent le journal, leur tâche est de se tendre, de se joindre, de se donner, enfin de vivre leur vie de colombes spirituelles. (…)
De fait, tous les corps aspirent à leur résurrection. En nous, ça y croit, même si nous n’y croyons pas. La preuve, c’est que dès que nous cessons d’y tendre, nous nous mettons à la chercher sous des formes parodiques et dégradées. On voudra s’embaumer vivant par la chirurgie esthétique. On cherchera, par l’eugénisme, à fabriquer le corps parfait. On s’efforcera, par le virtuel, d’oublier son propre corps avachi sur son siège au profit de ce cybercorps qui semble au-delà des limites de l’espace et du temps, alors qu’il s’enfonce dans la binarité d’une puce. De plus en plus on s’en aperçoit, notre pauvre chair humaine nous place à une charnière : il faut qu’elle se laisse ou bien transfigurer par l’esprit, ou bien défigurer par la technique. La fête de Pâques nous demande de choisir."
Agnès
Excellent !!!
Philippe
Tout à fait ! De plus tout cela est au coeur de l’enseignement du Christ, et au coeur également de la culture de nos ancêtres indo-européens. Deux bonnes raisons d’élever la chair et de voir en elle la perfection divine.
claire
et même un corps blessé, handicapé, malade…
J’emporte cette méditation à Lourdes pour la partager avec quelques malades
Merci