Philippe Maxence a lu La Cause du Peuple de Patrick Buisson et il écrit dans L'Homme Nouveau :
"[…] la formule « d’objecteur de modernité », concoctée par Patrick Buisson, dans son livre La Cause du peuple (Perrin, 264 p., 21,90 €), convient parfaitement. Au refus radical, elle a en effet le mérite d’associer l’origine exacte de la crise profonde à laquelle est confronté le monde occidental de ce début du XXIe siècle. Je sais : le livre comme son auteur sont aujourd’hui clairement mis en cause.
Ceux qui ont dénoncé La Cause du peuple l’ont-ils lu ? Et, comme disait Jacques Bainville, ceux qui l’ont lu, l’ont-ils compris ? Les 460 pages de ce livre, lu crayon en main, demandent deux ou trois jours. Bien sûr, il y a des faits et du mordant dans leur exposé à l’encontre du président Sarkozy et du couple qu’il forme avec Carla Bruni. Pour être franc, cet aspect ne nous intéresse pas, si ce n’est qu’à titre d’exemple. Nous voyons alors à grande échelle les ravages de la modernité qui a vidé la politique de toute portée et de toute réalité, en élevant un culte à l’individu roi, réduit aujourd’hui à ses seuls affects.
Non, le plus étonnant dans ce livre est qu’il s’agit d’un livre d’idées, d’un exposé des causes profondes du délitement de la France et des moyens de retrouver le chemin du salut. Ce n’est pas à Maurras qu’il faut comparer Buisson, mais à un mélange de Bernanos et de Gramsci, la volonté de s’enraciner dans la grande tradition française mélangée à celle de reprendre le pouvoir culturel et politique. À ce titre, il est la voix des sans voix, un porte-drapeau de contestation radicale des mantras politico-culturels qui asservissent la France depuis des décennies.
La droite buissonière
Patrick Buisson voit poindre à l’horizon un « populisme chrétien ». Faisons confiance à l’analyste, mais si ce populisme ne parvient pas à s’élever jusqu’à l’objection de la modernité, il finira comme tant d’autres avant lui en conservatisme de salon et en force supplétive des illusions perdues. Que l’on aime ou pas Patrick Buisson n’a aucun intérêt. Si vous lisez ce livre, ne le faites pas parce qu’il s’agit d’un livre à scandale et qui pour cela pourrait une fois de plus être utile au système politico-médiatique qui s’en nourrit quotidiennement. Lisez-le, au contraire, pour le vrai scandale qu’il représente : être une matrice à idées dans la fidélité au catholicisme historique de la France et à la restauration politique et sociale que celle-ci attend, même dans la confusion, en tous les cas dans la souffrance.
Il y avait classiquement trois droites dans la typologie politique. Il se pourrait qu’une nouvelle émerge aujourd’hui, une droite « buissonnière », non plus au sens de celle qu’avait ainsi nommée le critique littéraire belge Pol Vandromme, mais au sens de celle que porte étrangement, La Cause du peuple."