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L'Eglise : Foi

“On veut sanctionner par la synodalité la fin de l’Église unique”

“On veut sanctionner par la synodalité la fin de l’Église unique”

Don Nicola Bux, professeur de théologie, ancien consulteur pour les Congrégations de la Doctrine de la Foi, pour les Causes des Saints et pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, ancien collaborateur du Pape Benoît XVI, a envoyé à Cardinalis une réflexion sur le Synode. Extrait :

Le grand et capital danger de l’actuelle saison ecclésiale est de remplacer la première note de l’Église professée dans le Credo – l’Église Une – par synodale. Je m’explique. Après avoir idéalisé, dans la période postconciliaire, l’image de l’Église primitive (Ac 2,42) comme une auto-compréhension exhaustive de l’Église, exaltant la liberté de ses membres et l’absence de verticalisme, faisant croire que le seul lien était la charité, on a oublié que les chrétiens étaient un seul cœur et une seule âme (Ac 4,32) et qu’ils étaient exhortés à s’exprimer unanimement (1 Co 1,10). Au contraire, aujourd’hui, les opinions sont nombreuses, non pas sur ce qui est précisément discutable, mais sur l’enseignement des dogmes, au détriment de l’unique vérité. Or, dans le relativisme gnoséologique et moral qui traverse l’Église, on veut sanctionner par la synodalité la fin de l’Église unique. Un bibliste a écrit : on ne naît pas synodal mais on le devient, et enfin, aux fameuses quatre notes du Credo, il en a déjà ajouté une cinquième : synodale. Or, il s’agit d’un mot composé, dans lequel le préfixe syn renvoie à un, c’est-à-dire à un chemin dans l’unité ou à un regard unitaire ; synodal est donc pléonastique et ambigu, s’il s’ajoute ou même se substitue à un.

Le danger susmentionné provient du regard non averti des orthodoxes qui, comme on le sait, ont fait du synode leur forme ecclésiastique, par opposition à la forme catholique, qui est hiérarchique. En effet, ils sont convaincus que la primauté romaine n’est pas une primauté d’autorité, mais d’honneur, niant que le droit d’appel reconnu à Rome au concile de Serdica, aujourd’hui Sofia, en 343, implique un rôle modérateur ou arbitral sur l’Église universelle ; et même lorsque certains théologiens orthodoxes admettent que la synodalité équilibre l’autorité, ils ne disent pas dans quelle mesure. Il y a donc un problème d’unité dans l’orthodoxie. Comment les catholiques peuvent-ils s’inspirer de ce concept de synodalité ? Le pape François affirme qu’une Église synodale est une Église d’écoute mutuelle : on écoute le peuple, puis on écoute les pasteurs, et enfin on écoute l’évêque de Rome (cf. Discours au synode du 17 octobre 2015). Ainsi, l’Église devient une pyramide inversée, une Église qui n’est plus hiérarchique, où il n’y a plus personne qui dit le dernier mot, voire plus personne qui enseigne. L’écoute mutuelle remplace l’enseignement. Il arrive d’ailleurs aujourd’hui qu’un nouvel évêque, avant même de commencer son ministère dans un diocèse, s’empresse de rassurer : je viens pour écouter. Il est pourtant le successeur de ces Apôtres à qui le Christ a dit : “Enseignez toutes les nations”, il n’a pas dit : “Ecoutez-les”.

Que penser alors du fait que, selon la doctrine catholique, la primauté pétrinienne, bien que liée à la collégialité épiscopale, donc à un exercice synodal, peut s’exercer en dehors d’elle ? On sait que le pape a récemment interféré avec l’autorité épiscopale, qui est de droit divin, comme l’a réaffirmé Vatican II, en révoquant des évêques diocésains sans explication et sans contredire leur autorité pastorale. Ceci est contraire au principe cher aux orthodoxes selon lequel aucun évêque, quel que soit son titre ou son rang, ne peut s’immiscer dans le diocèse d’un autre évêque sans l’autorisation de ce dernier. Ainsi, les orthodoxes, si tant est qu’ils l’aient jamais eue, transmettent le désir de rejoindre les catholiques.

Le malentendu “synodal” chez les catholiques vient du fait qu’après le document de Ravenne (2007), il est acquis que l’on est d’accord avec les orthodoxes sur la thèse selon laquelle la primauté aux différents niveaux de la vie ecclésiale, local, régional et universel, doit toujours être conçue dans le contexte de la conciliarité. Sans parler de la controverse intra-orthodoxe sur l’expression “Églises sœurs” dans le document de Balamand (1993), qui n’a pas été résolue même au Concile de Crète (2017). Malheureusement, cette expression continue d’être utilisée par les œcuménistes catholiques, sans les clarifications contenues dans la Note de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (2000), qui demande qu’elle soit utilisée pour se référer à la relation entre les Églises particulières, et non entre l’Église de Rome comprise comme synonyme de l’Église catholique universelle et l’Église de Constantinople, qui n’est qu’une Église particulière avec son territoire canonique. Malgré cela, les œcuménistes catholiques continuent à considérer les documents de dialogue produits par la Commission mixte catholique-orthodoxe comme des réalisations, comme s’ils avaient été approuvés ou reçus par les synodes des Églises orthodoxes. Cet “œcuménisme romantique”, s’il n’est pas utopique, est le plus grand obstacle à l’unité et à la communion intra-catholiques et extra-catholiques, et donc à la véritable synodalité.

Ainsi, le synode des évêques sur la synodalité est conditionné par cette influence et, de plusieurs côtés, il est compris comme la réforme de l’Église catholique dans un sens synodal, afin qu’elle ressemble à l’Église orthodoxe et protestante. [Lire la suite]

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