Oui, selon Pierre-Olivier Arduin :
"Un père et une mère décidés à ne pas porter atteinte à la vie d’un enfant éventuellement porteur de trisomie 21 doivent-ils alors se soumettre à la séquence actuelle de dépistage/diagnostic anténatals de cette maladie ? La réponse est selon nous négative. En effet, le dépistage combiné de la trisomie 21 n’a qu’un faible intérêt scientifique et médical. Si le calcul statistique rendu par le logiciel est bas, il n’écarte pas complètement la possibilité d’avoir un enfant atteint et s’il est élevé, il va falloir obligatoirement recourir à un geste invasif pour le confirmer ou l’infirmer. Or, ce prélèvement par amniocentèse ou choriocentèse comporte comme on l’a dit un danger disproportionné de mort fœtale induite […]. Faut-il alors prendre le risque de perdre le bébé uniquement dans le but de savoir s’il est ou non atteint de la trisomie 21 ? Le magistère de l’Eglise là encore nous éclaire : « On doit considérer comme licites les interventions sur l’embryon humain, à condition qu’elles respectent sa vie et qu’elles ne comportent pas pour lui de risques disproportionnés » (Donum vitae, I, 3). Manifestement les techniques invasives ne rentrent pas dans ce cadre. On peut donc en conclure que pour un couple prêt à accueillir un enfant trisomique 21, « le jeu n’en vaut pas la chandelle ». L’intérêt de la stratégie actuelle de dépistage/diagnostic anténatals de la trisomie 21 mise en place par les pouvoirs publics n’est avéré que pour les couples qui ont l’intention de recourir à une IMG en cas de confirmation d’atteinte de leur enfant. […] Ne peut-on pas se préparer à accueillir un enfant trisomique sans avoir la certitude qu’il l’est réellement pour ne point risquer de le blesser par la pratique d’un examen invasif ? Ne faut-il pas être prêt à ne le découvrir parfois qu’à la naissance plutôt que de recourir à un geste médical dangereux qui n’améliorera pas fondamentalement la prise en charge thérapeutique du nouveau-né dans les jours qui suivent l’accouchement ? […]
[I]l est parfaitement licite de recourir au DPN dans le but d’offrir à l’enfant une prise en charge thérapeutique si elle existe et/ou de se préparer à l’accueillir dans les meilleures conditions. En soi, le principe du DPN n’est pas mauvais, tout dépend de l’intention du sujet qui y recourt. Pour autant, la procédure du diagnostic de la trisomie 21 avec sa cohorte de faux positifs et faux négatifs occasionnés par le dépistage et les dangers que font peser sur l’enfant la mise en œuvre de l’amniocentèse ou de la choriocentèse obligatoires pour confirmer un risque purement statistique nous semble rédhibitoire. Dans ce cas précis, le père et la mère ont le droit – et certains diront le devoir – d’y renoncer."