Réflexions d’un militaire, suite au Livre Blanc, à la guerre Russo-géorgienne et à la mort des soldats français en Afghanistan :
"Quand certains Français ont pris connaissance du Livre blanc sur la
défense, version 2008, à la faveur de l’été propice à la lecture, ils
ont dû être aussi stupéfaits que moi. Alors que le document […] nous parle d’un monde idyllique, rarement troublé par
quelques terroristes et tsunami, nous avons assisté en direct à
l’invasion de la Géorgie par la Russie. […] Surprise, les Russes ont des chars,
et ils s’en servent […]En léger différé, ce fut, en Afghanistan, l’accrochage entre les
Talibans et l’un de nos régiments. La première impression d’un ancien
militaire professionnel, c’est que nos militaires ne disposaient pas de
moyens élémentaires :
- pas d’outils de renseignements adéquats — interprètes parlant le pachtoune, drones, hélicoptères, etc.
- pas de chars : rappelons que les chars furent inventés pour
protéger les combattants de la ferraille du champs de bataille. Les
véhicules de transport dont ils sont aujourd’hui munis sont percés par
les mitrailleuses lourdes depuis trente ans ; - pas d’appui : apparemment, il n’y avait ni artillerie, ni génie.
[…] En admettant que les Occidentaux puissent y éviter la défaite,
l’Afghanistan ne sera pas une promenade militaire. Vaincre
militairement une guérilla, cela exige
- des effectifs (un soldat pour vingt civils à pacifier),
- du temps (huit à dix ans),
- des moyens : le Livre blanc semble vouloir nous transformer
en chair à canons pour l’Alliance Atlantique. Manifestement, les
politiques et l’opinion publique ne sont pas prêts à l’accepter. Il
faut d’urgence revoir la question des appuis et de la logistique de
notre armée de terre.
MJ
Jean
Ces réflexions sont parfaitement claires, argumentées, intelligentes.
Félicitations.
Mais, quoi qu’il en soit, pourquoi mener cette guerre en Afghanistan ?
Ne devrions-nous pas garder nos hypothétiques chars et nos soldats pour nous défendre chez nous où une armée de l’ombre n’attend qu’un signal pour nous égorger ?
Jean
Lire aussi le testament du général Masson sur le renseignement militaire :
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/le-general-masson-quitte-la-drm-en-laissant-un-testament-explosif/1648/0/270740
Bruno
Mon cher jean, défendre son pays aujourd’hui ne signifie pas défendre son territoire en guerre de position. N’importe qui peut rentrer en France et se faire exploser au coin d’une rue si il a été conditionné pour ça. On se bat là bas pour éviter qu’ils s’entrainent là bas et viennent se battre ici. Là bas, les terroristes ont de l’écho dans la population, parce qu’ils ont la même culture. En France, une faible partie de la population les soutiendrait mais bien vite ils seraient vendus comme l’ont été bien souvent les résistants.
Nos chars et nos soldats sur notre territoire attendraient que les terroristes arrivent en masse avant de les détruire? Pourquoi attendre de voir nos civils mourir pour réagir contre un ennemi insaisissable alors qu’on peut attaquer le problème à la racine ou tout au moins à l’une des racines? Quand on aura un pays mis à feu et à sang par les terroristes, on tentera de riposter?
La meilleure défense, c’est l’attaque. Surtout dans cette situation.
Martine
Pas du tout d’accord avec le comm précédent : la meilleure défense ce n’est pas l’attaque, au moins dans le cas de l’Afghanistan. Car n’oublions pas que la Russie y a perdu sa guerre. On ne peut pas gagner une guerre en Afghanistan, qui est un pays très particulier.
De toute manière notre armée n’a plus les moyens de se défendre et donc encore moins d’attaquer. Qu’on se le dise : nous n’avons plus qu’une armée d’opérette.
Tout à fait d’accord par contre avec l’analyse citée par MJ.