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« Il est plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement », note saint Thomas d’Aquin dans la Somme théologique. Une conviction qui semble habiter Pierre Henri-Rousseau, artiste-peintre installé à Lyon. Pour lui, peindre, c’est transposer dans le monde sensible une contemplation intérieure. Cette importance de la contemplation, il l’a découverte chez les bénédictins, il y a une dizaine d’années. Se sentant appelé à la vie monastique, il est en effet entré à l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux et il y est resté le temps de son noviciat. « Pour de multiples raisons, j’ai dû quitter le monastère mais ces trois années n’ont pas été perdues, confie-t-il. Auprès des moines et à l’école de saint Benoit, j’ai découvert ce qu’était vraiment l’art, j’ai compris que le monde visible était là pour nous conduire à Dieu. »
Depuis sa jeunesse, Pierre aime dessiner, crayonner et peindre – son arrière grand-père était un peintre reconnu – mais jamais il n’aurait imaginé en vivre. Après le bac, il s’était d’ailleurs lancé dans des études de droit. C’est à la sortie du monastère que la carrière artistique s’est imposée comme une évidence. « J’ai perçu cet attrait pour l’art sacré comme un appel, explique le jeune homme. J’ai donc décidé d’intégrer une école de restauration de tableau, l’Atelier de la Renaissance, à Lyon ; mon objectif n’était pas de devenir restaurateur mais ces écoles m’apparaissaient comme les dernières à enseigner les techniques de peinture traditionnelles. »
En parallèle de cette formation, il entreprend des stages professionnels pour apprendre l’art de la fresque. Et plus il progresse, plus il comprend que la Beauté, associée à une contemplation des mystères de la foi, mène à Dieu. Les commandes commencent à affluer. Monastères, séminaires, paroisses, mais aussi particuliers, contactent son atelier, baptisé « les toiles du matin », pour un retable, un oratoire ou une fresque. Pour les retables, les triptyques ou les tableaux d’oratoire, il réalise des tempera sur bois (a tempera signifie en italien « à détrempe », cette technique de peinture utilise l’œuf pour dissoudre les couleurs) et n’hésite pas à ajouter une dorure à la feuille d’or, symbole du divin et de la Charité. Pour les fresques, il peint sur un enduit frais à la chaux, selon les procédés du Quattrocento et de la Renaissance. Cette technique est difficile car elle exige de peindre a fresco, c’est-à-dire de réaliser dans la journée la partie commencée le matin. Elle est cependant très intéressante car elle permet à la fresque une meilleure conservation et offre des qualités de couleurs inégalables. Une de ces fresques peut être admirée au séminaire de La Castille, à Toulon.
Avant de se lancer dans une œuvre, il confie son travail dans la prière. « Si on me commande une peinture sur les noces de Cana par exemple, je vais méditer sur la scène et, au cœur de la prière, une image va s’imposer à moi. » Outre de nombreuses sources, comme la Parole de Dieu et la liturgie, son principal inspirateur n’est autre que Fra Angelico. Béatifié en 1982 par le pape Jean-Paul II, sous le nom de Bienheureux Jean de Fiesole, ce peintre incontournable est devenu le saint patron des artistes. À sa suite, Pierre Henri-Rousseau souhaite offrir à l’homme, croyant ou non, une fenêtre sur le monde surnaturel. Une prouesse rendue possible grâce à la médiation de la beauté.
Source: La Nef
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Un article de Marine Tertrais.
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Article paru dans la nef au numéro 354 de janvier 2023.