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Culture de mort : Avortement

Peut-on être féministe et contre l’avortement?

Article de Maude Saint-Laurent, étudiante en sciences politiques :

"Peut-on être féministe et contre l'avortement? Je suis pour l'égalité absolue entre les deux sexes. Mais peut-on encore parler d'égalité quand un père n'a aucun mot à dire sur la naissance de son enfant? Oui, je suis pour le libre choix des femmes d'étudier, de se marier, d'avoir des enfants – ou pas, en ayant notamment recours aux moyens de contraception -, mais pour l'avortement, ça non.

Plusieurs femmes, au cours des siècles passés, ont fait des avancés formidables pour nous permettre d'acquérir certains droits. Cependant je crois profondément que le «libre choix» doit s'exercer avant la conception de l'enfant. Le «choix» des femmes ne devrait pas passer avant le droit de la vie de l'enfant (ou l'amas de cellules).

Pour certains, cela peut sembler un paradoxe d'être pro-vie et féministe à la fois. Cependant, j'ai été atterrée par le reportage de La Presse sur le gynécide et la sexosélection dans certains pays du monde. Il semblait y avoir un consensus selon lequel on devrait interdire l'avortement sur la base du sexe de l'enfant. Je suis tout à fait d'accord. Je me demande s'il y a une réelle différence entre deux femmes qui se font avorter d'un foetus féminin, l'une parce qu'elle connait le sexe de l'enfant et qu'elle tient absolument à avoir un garçon, et l'autre, parce qu'elle préfère se concentrer sur sa carrière et ne pas avoir d'enfant pour le moment.

Au bout du compte, le résultat est le même: il y a avortement. Quelles raisons sont légitimes pour poser un tel geste? Peut-on juger qu'une femme a raison parce qu'elle préfère sauver l'honneur de la famille et l'autre non? Et surtout, si l'avortement est un tel bienfait pour les femmes, pourquoi éprouvent-elles tant de culpabilité par après?

Tout en condamnant l'avortement sélectif, on louange le Dr Henry Morgentaler [médecin du combat pro-avortement,ndpc], qui, je le reconnais, a changé la face du Canada. Bien sûr, c'était un homme courageux et plein de conviction, mais a-t-il fait évoluer les choses pour le mieux? Pourquoi un tel refus de la part de la communauté médiatique et des élus politiques de remettre en question l'avortement, d'évaluer, avec le recul, si oui ou non cela a eu des effets bénéfiques pour la société québécoise?

Le Dr Morgentaler affirme que s'il a mené son combat, c'était pour que chaque enfant puisse être désiré par ses parents au moment de sa naissance. Je ne suis pas d'accord. Je ne pense pas qu'un enfant ait besoin d'être désiré pour pouvoir exister. Je repense à cette femme indienne dans le reportage d'Isabelle Hachey qui a recueilli une quarantaine de fillettes abandonnées à la naissance. Toutes ces petites ont été rejetées et, pourtant, on voit qu'elles sont heureuses et qu'elles ne demandent qu'une chose, vivre."

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3 commentaires

  1. Cet article a l’intérêt de montrer qu’on peut être féministe et s’opposer à l’avortement.
    Mais il s’y trouve plusieurs incompréhensions, que l’auteur, puisqu’elle fait manifestement preuve de bonne volonté, quant à ses intentions de réfléchir sur ce douloureux sujet, ferait bien d’approfondir.
    Ainsi j’y relève par exemple de graves contre-vérités sur la mentalité contraceptive ainsi que sur l’idéologie de l’enfant désiré, toutes deux très perverses, car la première fait le lit de la mentalité abortive et la seconde enlève le droit de vivre aux enfants qui ne le sont pas.
    Elle devrait lire l’ouvrage remarquable du Dr Philippe de Cathelineau, déjà présenté sur ce blog : Naître ou ne pas être, paru chez Saint-Léger éditions en mars 2012.
    Elle y découvrirait notamment, d’une part qu’il y a d’autres moyens de maîtriser sa fécondité, telle la méthode Billings, qui ne fait pas rentrer dans la mentalité abortive, parce que le couple reste alors ouvert à la vie en cas d’enfant inattendu, tandis qu’il est démontré que tous les échecs des contraceptifs (et il y en a !) sont “traités” par l’avortement, et d’autre part que le premier droit d’un enfant n’est point d’être désiré (ce qui le chosifie et ouvre la voie de sa marchandisation)… mais d’être accueilli !

  2. L’homophobie fait la une, alors que ce terme très ambigu amalgame la désapprobation d’un comportement avec une haine très marginale des personnes.
    Par contre, notre société a promu une véritable “fœtophobie”, qui désigne bien une “phobie” qui va hélas de la peur jusqu’à l’élimination physique d’un être. Et personne n’utilise ce terme ! Personne ne prévient les enfants contre cette dérive, qui tue !

  3. A noter que pour protester contre la remise de la médaille de l’Ordre du Canada au docteur Morgentaler, le cardinal Turcotte avait rendu sa distinction.

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