Marie-Josèphe Bonnet, femme de gauche engagée depuis longtemps dans les milieux féministes, ayant participé à la fondation du mouvement des «Gouines rouges» dans les années 1970, répond au Figarovox à propos de la PMA :
"Le mot «discrimination» ici ne convient car on ne peut pas comparer les couples hétérosexuels dont un membre est stérile avec les couples de femmes qui ne le sont pas. Pour parler discrimination il faudrait que les deux situations soient comparables, ce qui n'est pas le cas ici.
Par ailleurs, parler de «PMA» pour les couples de lesbiennes n'a pas de sens et la plupart des gens ne savent pas ce que ce sigle recouvre. Il faudrait en fait parler de l'IAD, c'est à dire d' «insémination artificielle avec donneur», et précisons, «donneur anonyme». Or c'est l'anonymat qui me pose problème, pour les couples de femmes comme pour les couples hétérosexuels. On a décidé de ne pas regarder la stérilité en soi, mais «l'infertilité» des couples. Du coup, on masque le fait que dans le cas des couples hétérosexuels c'est l'homme qui est stérile. Il n'est pas le père de l'enfant. Toute cette histoire est batie sur un mensonge dont la première victime est l'enfant. De quel droit est-ce que je m'autoriserais à priver l'enfant de la connaissance de ses origines? […]
Comment expliquez-vous que le droit à avoir des enfants soit devenu une revendication homosexuelle? Etait-ce déjà le cas dans les années 1970 quand vous militiez avec les Gouines rouges?
A l'époque, on ne voulait pas d'enfants! Et celles qui en voulaient avaient recours à des moyens classiques c'est à dire qu'elles demandaient de l'aide à des amis et faisaient ça chez elles à l'aide d'une seringue! Ca se passait très bien. On était obligés de s'entendre. Autrement dit, la relation sociale entre les genres était maintenue. L'IAD fait éclater cette relation sociale. Parler de droit ou de discrimination sur ce terrain est un abus de langage. Car l'enfant n'est pas plus un droit qu'il n'est un devoir. On a trop tendance à l'oublier aujourd'hui.
La technicisation de la grossesse ne pose-t-elle pas fondamentalement le problème de la «reproduction artificielle de l'humain» (Alexis Escudero)?
Je crois en effet que la médicalisation de la grossesse pose un problème en soi. Ce qu'on nous présente comme un progrès est en réalité une reprise en main par le pouvoir médical des acquis de ces quarante dernières années par les femmes avec la maitrise de notre fécondité. Car L'IAD suppose des consultations, un bilan sanitaire et génétique, avec parfois une stimulation ovarienne, toujours très dangereuse à long terme. Et cerise sur le gâteau, un traitement médical pour fixer la grossesse. C'est beaucoup de soucis pour une grossesse qui peut se faire dans des conditions plus conviviales et plus simples.
incongru
” pour sauvegarder l’image de l’homme «viril»”:et une petite pique inutile, à des gens que justement on veut aider…
ça remet presque en cause tout l’article
mais quand on est “engagé”, comment rester neutre?