François Bert, auteur de l'ouvrage Le Temps des chefs est venu, était invité sur Sud Radio ce matin. Il a comparé les candidats à la présidentielles des Tartarins et des botanistes devant la jungle.
Sur le premier débat de la primaire de gauche, il compare :
"nous étions au pénitencier de Lucky Luke à écouter les déclarations de bonnes intentions d’une troupe dépareillée mais unie par le même souhait, celui de plaire au jury de la levée d’écrou. Qu’il ne me soit pas fait le procès de considérer les candidats comme des bandits : l’image s’arrête là bien évidemment. Cette précaution faite, il est patent de constater que ce débat télévisé était davantage marqué par une démarche de rachat idéologique (migrants, cannabis, image du président, laïcité, égalité…) que par la démonstration comportementale d’une capacité à habiter le rôle présidentiel. […]
La famille socialiste « canal historique » s’est rassemblée pour l’occasion : voilà nos quatre frères Dalton. Il y a de la révolte dans l’air. Les colères de Manuel – Joe ne font plus peur à personne et pire, provoquent celles, froides et sévères, de la bande égarée par l’ainé. Jack – Benoît cherche à montrer qu’il a des idées. C’est sa façon, à lui, de montrer qu’il peut prendre la suite. Et comme on est à gauche, il y met du coulis de cœur aussi. Mais William – Vincent et Averell-Arnaud ne sont pas en reste : le premier a fait ses preuves en idéologie, le second a des grands mots l’appétit. Tous ont en commun un savoir-faire acquis : le braquage de bons sentiments.
Mais les salons et les banques électorales se sont aguerris, et l’artifice est difficile. Les tirs fusent, concentrés essentiellement vers le petit nerveux du mandat précédent. Rafales canoniques des tables de la gauche. Joe réarme : il mélange à ces nerfs de mousse quelques munitions Clémenceau.
Il faut dire que se sont introduits dans le jeu des trouble-fêtes des partis amis. François – O’Hara et Jean-Luc – O’Timmins viennent leur apporter leur expertise en complainte nucléaire. Et, pas en reste pour autant, viennent chasser sur le territoire des bons sentiments. Jean-Luc, qu’un cousinage lointain a manifestement fait hériter aussi des O’Hara, en à l’énergie double : il crache et tempête, s’indigne des mesquineries du jury qui lui coupe la parole au moment pile où il s’élance, s’agite et fait rire sans trop savoir si c’est de bon cœur ou de dépit. Mais François sait lui aussi prendre le teint rouge des O’Timmins, surtout quand on parle des causes vertes. Et quand d’autres membres approuvent, enfin, ses solennels emportements, il darde d’écarlates raies ses points marqués au jury médiatique.
Le beau sexe avait aussi, en proportion réduite, son représentant. De Clémenceau susnommé nous espérions qu’elle eut, comme le parti qui les unit, la radicalité. Hélas ce ne fut point la calamity Jane attendue, mais plutôt Ma Dalton rééduquée, avec le cabas mais sans le pistolet. Sylvia-Ma concourut d’une voix éteinte à la polyphonie des « valeurs républicaines », comme dépassée par l’excitation incessante de ces codétenus.
L’heure de la libération avançait, pour nous surtout. Sans délibération le jury libéra la bande vibrante des candidats, qui courut se confier à d’autres journalistes comme s’ils sortaient tout juste d’une audition de la nouvelle star."