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L'Eglise : Foi

Qu’a enseigné le Christ ressuscité aux pèlerins d’Emmaüs ?

Qu’a enseigné le Christ ressuscité aux pèlerins d’Emmaüs ?

Du Père Renaud Silly, o.p., docteur en théologie, dans France catholique :

On aurait bien voulu être là ! Quel dommage qu’ils n’aient pas disposé d’un iPhone pour L’enregistrer – et Le filmer ! C’est la remarque que je me fais chaque fois en entendant que Jésus a expliqué « chez Moïse et les prophètes tout ce qui le concernait » (Lc 24, 27). Ma jalousie, je la partage avec tout fidèle, lecteur pieux de l’Écriture, exégète qui en scrute les profondeurs dans les pauvres limites de sa science, pasteur qui reçoit la mission redoutable d’en discerner le sens précis pour nourrir la foi de l’Église. Pensez ! Quel pédagogue surpassera celui-là ? Que d’énigmes cachées dans les replis secrets de nos Bibles ont dû être résolues !

Mais consolons-nous. Les disciples, déjà, abandonnaient les lieux où s’étaient produits les moments les plus sacrés de leur vie. La conversation avec le Christ a ressuscité la foi dans leur cœur déjà mort. La foi chrétienne, aujourd’hui comme hier, s’allume au foyer ardent de la lecture spirituelle de l’Ancien Testament : « Notre cœur ne brûlait-il pas au-dedans de nous lorsqu’il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Or l’écho de l’entretien nous parvient à travers la grandiose composition du Nouveau Testament. En bon professeur, Jésus a fait mieux que communiquer seulement un contenu à ses élèves comme une oiselle donne la becquée à ses rejetons : il a rendu les disciples capables de L’imiter. Il a transmis la méthode et les principes : toute l’Écriture parle de lui, spécialement de sa Pâque. « Ignorer l’Écriture, c’est ignorer le Christ », disait saint Jérôme dans un adage que tout exégète chrétien installe méticuleusement dans sa propre lectio divina.

La science des Écritures

Or, s’il est impossible sans l’Ancien Testament de comprendre qui est le Christ, la réciproque aussi est vraie : la science possédée par Jésus, c’est la science des Écritures. Sa conscience humaine comme Christ s’est formée à partir d’elles. Déjà dans sa première parole à nous être parvenue : « Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? » Écoutant et interrogeant les docteurs, dans le Temple de Jérusalem, Jésus occupe la position du fils sage, qui désire ardemment être instruit par la Torah, celle aussi du Fils de Dieu qui est Israël : « Écoute, mon fils, l’enseignement de ton père et l’instruction (torah) de ta mère » (Pr 3, 1). Avec une simplicité d’enfant, il comprend ce commandement d’une manière plus profonde que ses propres mère et père de Nazareth, pourtant zélés observants de la Loi, et il l’applique à la lettre dans la maison de son Père, à Jérusalem. Déjà aussi la fidélité à l’Écriture se révèle comme une mystérieuse nécessité : « Je dois être », ce qui anticipe « ne fallait-il pas ? » aux pèlerins d’Emmaüs (Lc 24, 26).

Intimité filiale

La mémoire scripturaire de Jésus se dévoile, combinant l’intimité filiale avec la nécessité de l’épreuve :

« Tu ne voulais sacrifice ni oblation, mais tu m’as fait un corps, tu n’exigeais holocauste ni victime, alors j’ai dit : “voici je viens”. Au rouleau du livre il m’est prescrit, ô Dieu, de faire ta volonté » (Ps 39/40, 7-9).

Faire la volonté du Père, c’est lui offrir le sacrifice d’amour jusqu’à l’extrême, et lui présenter une grande prière en faveur des pécheurs.

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