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Valeurs chrétiennes : Famille

Relativiser la famille revient à fragiliser un fondement essentiel de la vie en société

Extrait de la conférence donnée le 14 septembre par Mgr Jean Laffitte,
secrétaire du Conseil pontifical pour la famille, au Congrès « Caritas
in Veritate » organisé à Bruxelles par le Groupe du Parti populaire
européen et le COMECE :

L "Pour
comprendre le lien entre Famille et société, il ne suffit pas
d'approfondir la nature de l'amour ; il y a en réalité deux pas
ultérieurs à accomplir : le passage de l'amour au mariage ; le passage
du mariage à la famille
 : Impossible de développer ici le
premier passage dans les limites de temps imparties. Simplement, le fait
de se marier donne à l'expérience amoureuse sa dimension sociale
. Il la
fait sortir des limites individuelles de l'intimité interpersonnelle,
et lui permet de s'enrichir en la revêtant d'une signification nouvelle.
L'existence même de l'alliance conjugale (civile ou religieuse)
signifie que la société ne se désintéresse pas de ce qui advient entre
des époux, mais au contraire considère leur relation comme un bien
 ;
elle va donc, par l'autorité qui est la sienne (autorité de la société
civile ou autorité de la société de l'Eglise), lui donner les moyens de
sa stabilité. La société intègre comme une donnée nouvelle le fait qu'en
son sein cet homme précis et cette femme sont unis d'une manière unique
qui non seulement les engage pour le futur, mais encore qui lui impose à
elle, la société, de considérer cette union, de lui témoigner son
intérêt, son estime, de l'aider à s'établir ou à se consolider, et de
considérer comme un enrichissement la possibilité qu'elle s'agrandisse
en devenant une famille
. Du point de vue des personnes, il faudrait
montrer comment le fait de faire une démarche publique qui engage le
futur donne à leur union sa maturité et son objectivité. […] Concrètement : y a-t-il meilleure preuve d'amour que de donner à
l'aimée non seulement la disponibilité du temps présent mais aussi son
futur ? et y a-t-il meilleur gage de cette volonté que d'en prendre Dieu
à témoin (démarche religieuse) et en tous les cas la société des
hommes ?

Le deuxième passage est celui qui relie le mariage à la
famille. L'expérience familiale peut être appréciée de trois points de
vue différents : le point de vue de l'enfant ; celui des époux
eux-mêmes, au moment où ils deviennent parents ; enfin, le point de vue
de la société elle-même. […] Jusqu'à ces dernières décennies, était communément admis dans
l'ensemble des législations, le fait que la famille était fondée sur un
engagement public entre un homme et une femme
 ; l'extension récente du
terme famille et du terme mariage à d'autres formes de
réalités sociales : familles recomposées, unions libres (sans autre acte
fondateur que la seule volonté des partenaires) et, dans plusieurs
législations, à des unions entre personnes de même sexe, a sans aucun
doute affaibli la perception du lien structurel et fondateur entre
mariage et famille. Pourtant, les droits reconnus à une famille fondée
sur l'alliance conjugale, a toujours eu le sens d'une reconnaissance que
la cellule familiale est un bien pour la société
 ; qu'une telle cellule
favorise une socialisation progressive des futurs citoyens adultes au
travers des tâches d'éducation ; que cet accompagnement par leurs
parents des enfants et des adolescents participe à la stabilité du lien
social
. […]

Relativiser l'institution familiale revient à
fragiliser un fondement essentiel de la vie en société. Cela se fait par
une privatisation absolue de la famille qui devient le lieu de la privacy,
l'espace où la personne trouve une gratification immédiate pour ses
aspirations affectives. La question juridique ici se déplace : à
l'autorité civile est reconnu le droit (ou plutôt le devoir) de garantir
la liberté des choix privés des individus, et non plus de soutenir
l'union qui lui donne son assise et sa cohésion naturelles
. Certes,
à l'aube de ce Millénaire, l'institution familiale est encore présente
dans de nombreuses sociétés qu'elle cimente et unifie. Elle est
cependant dangereusement mise à mal dans les pays occidentaux qui n'en
finissent pas de vouloir imposer et exporter leurs modèles sociaux et
culturels
. En amont de toute considération spécifiquement éthique de la
question, c'est bien à un modèle anthropologique que nous sommes
désormais confrontés 
: celui qui consiste, en pensant exclusivement la
personne de façon individualiste comme une monade isolée et titulaire
d'une liberté absolue, à ignorer sa dimension sociale originelle et donc
à ne plus voir dans le mariage et la famille une société naturelle qui
provient précisément de cette socialité naturelle de l'homme et de la
femme
 ; le risque social est le désintérêt politique pour la sauvegarde
de l'institution conjugale et familiale qui ne serait plus aux yeux des
gouvernements substantiellement liée au bien commun et donc digne d'être
défendue et promue. Il faudrait aussi pouvoir développer ici ce que la
disparition du lien stable peut avoir en termes de démographie et de
remplacement des générations.

L'encyclique Caritas in Veritate,
ayant en vue le futur même de la société des hommes, appelle les
législations à honorer et encourager la famille pour des raisons qui ne
sont pas seulement éthiques, mais qui regardent d'abord la subsistance
même du lien social
 :

Continuer à proposer aux nouvelles générations
la beauté de la famille et du mariage, la correspondance de ces
institutions aux exigences les plus profondes du coeur et de la dignité
de la personne devient ainsi une nécessité sociale, et même économique.
Dans cette perspective, les Etats sont appelés à mettre en oeuvre des
politiques qui promeuvent le caractère central et l'intégrité de la
famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, cellule
première et vitale de la société
(N. 44)."

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