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France : Société

Retraite par répartition ou par capitalisation ?

Dans L'Homme nouveau, Benjamin Guillemaind tente de résoudre le problème :

R "C’est un vieux débat qui oppose les partisans des deux formules pour financer les retraites. Les difficultés actuelles de la répartition raniment l’intérêt pour la capitalisation. L’histoire va cependant nous éclairer. Après la disparition des corporations en 1791 et de leurs caisses de solidarité, vont se créer entre 1863 et 1900 des caisses de retraites par répartition de type corporatiste […]. En 1910, un système mixte (répartition et capitalisation) est instauré pour les ouvriers et les paysans, avec cotisation facultative. […] Puis la loi du 30 avril 1930 instaure les «Assurances sociales», obligatoires pour tous les salariés, financées par les cotisations des salariés et des patrons. […] Vichy instaure le 14 mars 1941 l’allocation des vieux travailleurs. […] La loi du 22 mai 1946 créera le régime actuel de répartition : la Sécu. En effet, la capitalisation laissait de mauvais souvenirs : la crise de 29, les emprunts russes, le scandale Stavisky, la chute de valeur des fonds de commerce, qui ruinait les commerçants… Dopée par l’euphorie des trente glorieuses et la démographie positive équilibrant actifs et retraités, la répartition allait de soi.

Plusieurs facteurs allaient la remettre en cause : la chute de la natalité ne permettait plus aux actifs moins nombreux d’assumer la charge du nombre croissant de retraités, du fait de l’allongement de la vie et des progrès de la médecine. La financiarisation de l’économie et de multiples combinaisons comme les fonds de pensions, les assurances-vie, les place – ments spéculatifs offraient à l’épargne capitalisée de bons rendements financiers. Les libéraux, invoquant la liberté du choix, plaidaient l’avantage de l’assurance individuelle près de compagnies d’assurances, à l’affût d’un marché juteux. Toutefois deux éléments importants sont peu évoqués. Face à la concurrence mondiale, les entreprises pour baisser leurs prix et remplacer l’homme mécanisaient à outrance, ajoutant un argument en faveur de la capitalisation. Et le calcul des cotisations sur le salaire réduisait les ressources des caisses. D’où l’idée de les financer par une Contribution sur la Valeur ajoutée par «la machine» (CVA) ou une TVA sociale. Des escroqueries notoires, la dette des États, des faillites spectaculaires comme Enron, Natixis… ruinant les épargnants, l’effondrement des bourses et la mondialisation de l’économie justifiaient à nouveau la répartition : il fallait revenir à la réalité.

P La doctrine sociale chrétienne avait cependant indiqué la voie depuis longtemps : sans entrer dans le détail pour équilibrer les régimes, le futur Paul VI rappelait que «la sécurité sociale qui ne serait qu’un monopole d’État porterait préjudice aux familles et aux professions par le moyen desquelles elle doit avant tout s’exercer». C’est donc en harmonisant libertés et solidarités à ces trois niveaux que la couverture des retraites doit être recherchée. La capitalisation par l’épargne familiale, la solidarité compensatrice minima au sein de la profession et l’État subsidiaire. Alors ? Capitalisation ? Répartition ? CVA ? Les trois, mon général !"

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7 commentaires

  1. Il faut ajouter une quatrième option : la LIBERTÉ !
    Autrement dit : que les gens soient libres de cotiser ou pas. Dans ce dernier cas, ils font eux-mêmes leur retraite. En effet : rien ne donne à la société le droit d’imposer aux gens de cotiser pour leur retraite; d’autre part, in facto, les professions indépendantes cotisent trop (en 40 ans, on donne un million d’euro pour avoir une retraite de 800 euros mensuels ….); enfin, beaucoup de gens n’ont pas besoin de retraite (par ex. la personne qui a trois immeubles dans Paris) : elle a cotisé au taux minimum, elle touche une retraite minimum qui grève tout le système.

  2. Je conseille aux lecteurs de se rendre sur le site libres.org de l’ALEPS dirigée par Jacques Garello, professeur émérite à l’Université d’AIX MARSEILLE III. Son équipe a beaucoup travaillé sur le sujet.

  3. Si la conclusion est bonne à savoir qu’il ne faut surtout pas poser la problématique comme le fait le titre, l’idée de la TVA sociale est une ENORME FUMISTERIE qu’il ne faut absolument pas reprendre.
    Absolu, pris dans son sens complet à savoir décision après examen de toutes les constituantes.
    Or, l’on sait que toute taxe est un coup porté aux populations!
    La TVA (reprise de l’idée américaine de la Tennessee Valley Authority qui avait un rôle de regénération d’une région, elle a été appliquée en France pour celle du pays tout entier, de même taille) est un affreux système à broyer qui pénalise l’investissement naturel et permet un contrôle policier des affaires privées.
    Cette taxe doit disparaître et non être augmentée!
    Sa permanence longue (une taxe est normalement toujours provisoire) nous fait croire par habitude qu’il s’agit d’une mesure nécessaire : il n’en est rien.
    Une première idée que j’ai émise est de réduire progresivement cette taxe vers une généralisation à 8 % en quinze ans de façon à développer le commerce et les petites entreprises.
    [UE interdit d’être sous les 15 %]
    Concernant les retraites, il s’agit d’un débat complexe lié à la solidarité trans-générationnelle, un constat est à faire :
    L’Etat, que félicitent certains, nous a énormément trompés!
    Deux évidences sont à mettre en lumière :
    – Le besoin d’accès à la propriété pour tous de façon à permettre une autonomie (40% des français ne sont pas propriétaires)
    – La nécessaire augmentation des salaires avec ce premier objectif (et donc l’abaissement des marges, des produits financiers délirants et des stock-options) qui peut être vécue comme une participation capitalistique.
    J’ai dans ce sens établie unprocessus qui se nomme la “françaction”.
    Je veux ensuite signaler que l’équation de l’espérance de vie est un autre mensonge : en effet s’agissant des retraites le calcul doit être fait à 20 ans (espérance à cet âge) et non à la naissance pour différentes raisons sociales beaucoup moins favorable.
    Le bon sens montre logiquement que les bébés ne travaillent pas et à fortiori encore moins les bébés malheureusement morts dans leurs premiers jours ou âges.
    Enfin, pour ceux qui ne le sauraient pas, signalons que le collège ouvrier finance le collège cadre qui est en faillite depuis des années.

  4. Excellent. Enfin un point de vue très DSE qui ne confond pas étatisme et solidarité ou subsidiarité ou capitalisation et égoïsme ou libéralisme et injustice sociale.
    Ce que préconise M. GUILLEMAIND existe dans beaucoup de pays à des degrés divers (Chili, Japon, Royaume Uni), où on a compris que la concommittance des solutions et leur diversité sont les plus à même d’assurer sécurité et pérennité à l’épargne retraite, privée ou/et gérée par l’état.

  5. La débat sur les systèmes de retraite ressemble aux discussions bizanthines des commissions maritimes sous Louis XV/XVI qui discutaient à l’infini de l’opportunité de moderniser les systèmes d’amorçage des canons de marine. Faute de pouvoir se décider, l’armement des vaisseaux français s’est trouvé surclassé par celui de leurs adversaires britanniques, ce qui a conduit à bien des désagréments, dont la destruction de la flotte à Trafalgar. Hors sujet? Que nenni. Si l’euthanasie est tellement à l’ordre du jour c’est d’abord et avant parce qu’il convient de pousser vers la sortie des gens dont l’inactivité n’est plus finançable. A l’heure de la réglementation forcenée, il devient même impossible aux particuliers de gérer eux-mêmes leur portefeuille pour combler les manques à gagner du fait de la mauvaise gestion de leurs deniers par les établissements financiers. Voir à ce sujet les nouvelles dispositions pour annihiler l’effet de levier sur le forex ou les marchés commodities. Décidément tout est bon pour avoir la peau des classes moyennes dans un système dont la logique malthusienne conduit à l’appropriation du capital par une oligarchie toute puissante. On comprend que les jeunes du Maghreb n’est pas envie de subir le sort des vieux européens et le fassent savoir haut et fort.

  6. Système par répartition : bon dans un pays en bonne santé démographique et économique. Donc il faut des enfants (et non la promotion de l’avortement) et du travail chez nous et pour nous d’abord. Donc des entreprises elles aussi en bonne santé. Avantage : solidarité et lien social.
    Système par capitalisation : il faut aussi du travail rémunéré pour capitaliser, et des entreprises en bonne santé pour que le capital soit productif au lieu de fondre. Donc des enfants pour qu’elles soient florissantes quand les parent sont en retraite. Avantage : esprit de prévoyance.
    Système par CAPITULATION : celui qui reste quand on a tué ses enfants et délocalisé ses emplois : l’euthanasie des aînés dont les retraites ne peuvent plus être payées sans énormes sacrifices.
    Ne nous étonnons donc pas de l’offensive qui se poursuit actuellement, dans la droite ligne des souhaits — anciens — de Jacques Attali…

  7. une réflexion pour choisir dans l’alternative?
    Liberté, responsabilité, propriété
    A qui appartient son argent?
    Qui en est responsable de son emploi et de ses destinataires?
    Où est la liberté? Dans la capitalisaiton ou la répartition?
    Pour le caractère chrétien de la problématique, il suffit de consulter les réglements de la CNAV, ARRCO et AGIRC en matière de :
    liberté de refus de cotiser
    usage patrimonial des sommes versées à tout moment et pour le bien du foyer.
    la reconnaissance d’une valeur financière pour couvrir une dette.
    et surtout: la liberté et la protection du conjoint en cas de décès du cotisant.
    Alors-là on sombre dans la fureur. Allez-y, c’est Madoff en pire car lui au moins ne se cachait pas sous des principes de sociâââl ou de solidarité pour tirer le gogo.
    Solidarité: c’est l’alibi de l’irresponsabilité et de l’ignorance entretenue de l’individu et de la gabegie para- étatique:
    un smicard a plus de ressources en capitalisation qu’en répartition, par simple calcul finanicer et de rente viagère.
    la fourberie intellecto-morale de la réparttion,c’est de casser les canots du Titanic pour être solidaire de ceux qui vont se noyer et empêcher certains, les futés, de s’en sortir. Avec les hourra des passagers.
    Quant à l’évocation des ruines passées de la capitalisation, il faut indiquer que ce terme inclut tout moyen de provisionner et enrichir dans un mot: épargne; les crises évoquées furent l’oeuvre des états ne serait-ce que la spoliation des rentiers.
    rendement patrimonial de la répartition: Quant au rendement réel entre sommes versées brutes et nettes affectées et les rentes acquises ( en plus non provisionnées donc du vent!); consultez vos relevés CNAV ( particulièrement par millésime avec le calcul de valorisation …), ARRCO & AGIRC puis appliquez la réglementation en vigueur ( et si changeable sans votre accord)à ces créances douteuses et tirez votre conclusion en fonction de votre situation, de vos ressources , de votre patrimoine et d eceux d evos parents et proches, eux-aussi pris dans le système. Buvez un bon coup avant!
    A propos de ce qui arrive au quart de sa rémunération brute distribué à des inconnus sans notre accord et sous un engagement de créance aléatoire, il est bon de réfléchir.

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