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L'Eglise : Foi

“Retrouver la royauté du Christ, c’est admettre que l’homme n’est pas sa propre mesure”

“Retrouver la royauté du Christ, c’est admettre que l’homme n’est pas sa propre mesure”

Dans un numéro consacré au Christ-Roi, France catholique a interrogé Thibaud Collin. Extrait :

[…]

La crise politique que nous vivons est-elle la conséquence de la négation de la royauté du Christ?

La crise politique est le symptôme d’une crise bien plus profonde, morale et spirituelle, qui a des effets très concrets. Par exemple, la dette abyssale de notre pays est liée en grande partie à la désagrégation des anciennes solidarités : par ses interventions, l’État-Providence cherche désespérément à compenser la rupture des liens sociaux qu’avait tissés la chrétienté. Je pense notamment à la déliquescence de la famille. Nous payons le prix de la liberté sans entrave revendiquée naguère par les individus, et des droits sans limite exigés par des minorités innombrables, dont nous commençons à mesurer les effets délétères: la société se désagrège, la démographie s’effondre. Qui en paie le prix? Les femmes isolées, les enfants des couples divorcés – et ceux qui ne verront jamais le jour –, les personnes âgées « invisibilisées » et bientôt menacées d’euthanasie… Et, finalement, la collectivité financièrement mise à contribution pour panser ces plaies, et les générations à venir obligées de solder les dettes de notre inconséquence. L’effondrement de l’autorité est également lié à la perte des solidarités et des repères chrétiens: crise de l’éducation, crise de la justice, faillite de la sécurité… Or le fondement ultime de l’autorité, c’est bien l’autorité divine, supérieure à toute autre. Nier cette réalité au nom d’une liberté sans autre limite que la liberté de son voisin, c’est aller vers une société où l’on ne cesse de transgresser la loi naturelle et les interdits fondateurs. C’est aller vers le chaos, à rebours de la création ordonnée. C’est retourner au néant. Retrouver la royauté du Christ, c’est admettre que l’homme n’est pas sa propre mesure et que le bien commun n’est pas la somme des libertés ni des intérêts individuels. Il y a un bien objectif, qui n’est pas relatif.

Comment les chrétiens peuvent-ils agir pour rétablir cet ordre chrétien, conforme à la royauté sociale du Christ ?

D’abord, en accomplissant humblement leur devoir d’État. Chacun peut s’engager, selon ses compétences, dans le domaine familial, éducatif, associatif, communal… S’investir dans la « société civile », comme on dit, en ayant cependant conscience qu’on ne peut pas faire l’économie d’une réflexion politique critique. Bon nombre de chrétiens s’engagent généreusement dans l’action sociale mais récusent toute critique du système politique. Or se contenter de déployer une action charitable dans le cadre actuel, c’est assurer la pérennité d’un système intrinsèquement mauvais puisqu’il rejette la royauté du Christ, avec les conséquences qu’on a évoquées. Il faut que les chrétiens acceptent désormais d’agir dans le champ politique en tant que chrétiens, en montrant que seule la foi peut sauver la raison et seule la grâce peut sauver l’ordre naturel.

Ne risque-t-on pas d’accuser les chrétiens de fidéisme, ou de repli confessionnel ?

Je crois vraiment qu’il faut oser déployer les implications sociales et politiques de notre foi. S’ils s’y refusent, par excès de prudence ou par timidité, les chrétiens seront « cornérisés » – comme on l’a vu lors des débats sur la loi Taubira – mais surtout la société continuera de se déliter. La déconstruction de la raison et de la nature humaine est si avancée, et périlleuse pour l’homme, qu’il faut engager la réflexion sur les racines de la crise, donc sur le rejet de Dieu. Dans une société « post-chrétienne », il faut montrer l’actualité civilisationnelle, politique, sociale, anthropologique, éthique de la foi: la foi vient au secours de la raison, et la grâce au secours de la nature. Les chrétiens doivent s’en persuader et convaincre ceux qui ne le sont pas qu’elles vont de pair, pour le bien de la société. Mais ne soyons pas iréniques: cela n’ira jamais sans difficultés, ni tensions qu’il ne faut pas craindre d’assumer. Il ne s’agit pas de transiger avec la vérité, d’accepter une paix de compromis qui n’en serait pas une. La paix du Christ est une paix exigeante: elle est fondée sur la justice, et la justice est fondée sur la vérité. Pie XI le souligne dans son encyclique: « Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables – une juste liberté, l’ordre et la tranquillité, la concorde et la paix – se répandraient infailliblement sur la société tout entière. » Cela vaut la peine d’essayer, non?

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