Au terme d’un article sur la crise en Géorgie, Alain Chevalérias s’interroge :
"nous craignons une partie de poker menteur dans laquelle tout le monde aurait joué contre la Géorgie. Les Américains pour utiliser la peur de la Russie, Israël pour réactiver la guerre froide qui le rendait indispensable à l’Occident, et la Russie, pour montrer sa nouvelle force. Quant à Saakachvili, il aurait tenu le rôle de l’idiot utile."
Amédée
Idiot utile ou complice?
En tout cas le résultat est le même pour les populations civiles géorgiennes et ossètes.
amdg
Alors que la désinformation sur le conflit Géorgie-Russie bat son plein dans nos médias habitués à l’anti-poutinisme primaire ( Ah oui, comme il est loin le bon vieux temps du clown Eltsine où les oligarques – souvent rentrés des USA- et les officines étrangères se frottaient les mains de la déchéance russe tout en pillant les richesses naturelles et le patrimoine du pays!) je conseille le remarquable article de B. Cabanes qui vient de paraître dans Monde et Vie: tout est expliqué clairement et objectivement. Je conseille aussi à tous ceux qui comprennent un peu le russe de regarder la chaîne Rtr-Planeta pour avoir un autre son de cloche et d’autres images sur ce qui s’est passé.
Pascal G.
@ AMDG
Un bel exemple de désinformation à la soviétique : l’Ouest aurait pillé les richesses de la Russie sous Eltsine, et les oligarques auraient sauvé celles-ci en se les accaparant…. pour s’acheter les demeures les plus chères d’Europe occidentale. La désinformation consiste aussi à tenter de faire croire que la finlandisation de la Géorgie, l’une des premières nations chrétiennes de l’histoire, après avoir été annexée par la force deux fois par la Russie, en 1800 et dans les années 20, est une chose normale et acceptable. Ce qui revient à justifier après coup l’annexion de la Pologne ou l’Anscluss. On croit rêver.
Ce qui se produit en Géorgie est une première réussite de finlandisation post guerre froide : elle en précède d’autres qui toucheront l’Ukraine, dont la partie russophone va pouvoir proclamer son désir d’ “autonomie”. Alors que les russophones sont ”importés ” en Ukraine, comme l’ont été les russes vivant en Ossétie et en Abkhazie, et que l’armée russe aurait ”sauvées du massacre”. Avec ce type de raissonenement, l’Algérie pourra un jour venir ”sauver” les immigrés en France, puisqu’ils ont la double nationalité.
La méthode utilisée resservira contre l’Ukraine, contre les pays baltes, et sans doute l’Arménie, tous pays non orthodoxes, mettant ainsi la Pologne dans une situation d’incertitude sur les liens que l’Europe souhaite avoir avec elle.
Le but est de reconstituer le glacis ex soviétique, et de contrôler la Mer Noire et la Baltique, là où passent et doivent passer les oléoducs et gazoducs alimentant l’Europe. Il est évident que s’ils réussissent en Géorgie définitivement, les Russes feront aux Européens, et c’est fort possible du fait de la faiblesse de l’Eurpoe et de l’impuissance de l’OTAN, ce qu’ils ont fait aux Ukrainiens il y a un an : couper l’alimentation énergétique et utiliser cela comme un moyen d’intervention sur la vie politique interne de nos pays. Cela s’appelle la finlandisation : on garde les institutions nationales, mais elles sont vidées de leur pouvoir. La Communauté Européenne a déjà commencé ce travail, et la Russie l’achèvera.
C’est très exactement ce qu’avait écrit la soviétologue Françoise THOM : fin du PC Russe mais prise du pouvoir du KGB et le célèbre dissident soviétique BOUKOVSKY: la CE prépare l’effacement des libertés nationales au profit du noyau dur du soviétisme, dans sa structure Kgébite et impérialiste. Nous y sommes. Lutter contre Lisbonne sans refuser notre finlandisation par la Russie est totalement illogique.
Qu’il se trouvent des catholiques français de droite pour gober à l’hameçon russe laisse qq peu pantois.
N’oublions pas que le moule totalitaire dont sont issus Poutine et Medvedev fut l’allié du nazisme pour dépecer la Pologne, la Roumanie et les Pays Baltes.
On ne peut revendiquer l’autonomie de l’Europe en passant du parapluie troué américain au collier électronique russe.
BOGOMIR
@ amdg
Sur le même satellite (Hotbird) et à la même fréquence (11034 polarisation verticale) il y a aussi la chaîne d’information continue “Vesti”.
Aussi sur Hotbird, à la fréquence 10971 polarisation horizontale, on trouve la chaîne russe anglophone “Russia Today”, moins bonne mais parfois très intéressante (analyses de Peter Lavelle).
Les journalistes n’y sont pas tous russes, Par exemple; Bill Dod et James Brown ont travaillé à la BBC.
RIA Novosti a aussi des pages en français:
http://fr.rian.ru/
(toutefois il n’y pas de mises à jour pendant la fin de semaine)
BOGOMIR
@ Pascal G.
“les russophones sont ”importés ” en Ukraine, comme l’ont été les russes vivant en Ossétie et en Abkhazie”
Vous ne dites que des mensonges et des contre-vérités historique. Encore aux 19éme siècle l’Ukraine était nommée “la petite Russie”. La langue ukrainienne n’était qu’un dialecte, une variante du russe, mais les ultra-nationalistes veulent l’imposer et interdisent même la diffusion des films en russe.
Grâce à ces grands démocrates des millions de gens ne vont plus au cinéma!
Anonyme
Pascal G devrait lire Brzesinski qui a ecrit le “Mein Kampf” du 21° siecle, sinon il pourra toujours dire apres “nous ne savions pas…”
BOGOMIR
Texte du 6 août, dans lequel Fedor Lioukanov craignait déjà que les bushites déclenchent des hostilités (“Il faut s’attendre à un pic de tension à la fin de l’automne”).
Elles ont même eu lieu plus tôt que prévu.
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2154
Pascal G.
@ BOGOMIR et anonyme
L’Ukraine était appelée ”la petite Russie” par les Russes, et tous les Ukrainiens catholiques souffraient terriblement d’être traités en ”sous-russes”, au point que les élites ukrainiennes catholiques s’étaient souvent ralliés à l’orthodoxie pour pouvoir être acceptées. Ceci au point que les Allemands furent accueillis -dans un premier temps- comme des libérateurs, et qu’ils recrutèrent ainsi des milliers d’Ukrainiens enthousiastes qui croyaient qu’ils obtiendraient leur indépendance, et ignoraient qu’Hitler les méprisaient comme Slaves. La langue ukrainienne est proche du Russe comme l’est le corse de l’italien : la différence est grande entre les deux.
Mais l’essentiel n’est pas votre sentiment russophile tout à fait respectable, parce que le peuple et la culture russes sont profondément chrétiens et appartiennent à notre civilisation. Les Allemands aussi sont un grand peuple, mais ils ont pourtant voulu nous annexer. C’est plutôt les conséquences géopolitiques pour nous Européens qu’aura la finlandisation à peine masquée de la Géorgie, le contrôle de nos sources d’approvisionnement énergétique, et la finlandisation d’autres pays européens. Le reste n’est que sentiments, subjectifs par définition.
Enfin, le fait que nos médias soient souvent discutables ne fait pas des médias d’Etat russes, chaînes de télé ou Agence Novosti, les meilleures sources objectives d’information.
BOGOMIR
@ Pascal G.
L’Ukraine à rejoin la Russie après que celle ci l’ait aidée à se libérer de l’occupation polonaise.
Les ukrainien anti-russes sont surtout ceux de la région qui n’était pas dans l’Empire Russe, mais dans l’empire Austro-Hongrois.
Gogol écrivait en russe. Bien sur, on peut toujours trouver des gens à la psychologie de colonisés, même dans nos provinces françaises on trouve des séparatistes.
Les médias d’état russes ont aussi des débats où des représentants de tout les partis sont invités.
La radio “Écho de Moscou”, que nos médias français nous présente comme un parfait exemple de radio libre d’opposition (“la seule vraiment indépendante”), appartient en fait à Gazprom qui ne la censure pourtant pas.
Si on compare à l’information aux États Unis, où Fox News informe les masses…
Claurila
docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_245dpfwn9f8
http://www.jamestown.org/edm/article.php?article_id=2373298
Pourquoi, derrière un faux nez, Moscou attaque en Ossétie du sud
par Vladimir Socor, Eurasia Daily Monitor, 8 août 2008
Comme prévu (voir EDM, July 11, August 4) Moscou vient, derrière un faux nez, de lancer une opération militaire offensive contre la Géorgie en Ossétie du Sud. Quoique le coup ait été attendu en haute Abkhazie, et pourrait encore s’y matérialiser, la Russie a changé la direction de l’attaque vers le front d’Ossétie du Sud.
Les attaques impudentes pendant la nuit du 7 au 8 août en Ossétie du Sud n’ont pas laissé à Tbilissi d’autre choix que de riposter. Pour la Georgie, se retenir plus longtemps se serait traduit par des pertes humaines, territoriales et politiques irréparables.
L’opération militaire et de propagande de Moscou présente les traits caractéristiques de ses deux Biltzkriege de Transnistrie en 1992 et d’Abkhazie en 1993.
La réponse défensive de la Géorgie en Ossétie du sud à partir du 8 août est conforme au prérogatives de cet Etat en Droit international et militairement adaptée aux attaques subies.
C’est habituellement en août, lorsque les fonctionnaires européens sont en vacances, que la Russie monte des incidents militaires contre la Géorgie. Cette année, cependant, les opérations sont systématiques, plus longues, et placées considérablement plus haut sur l’échelle de l’escalade que lors des années précédentes.
Après avoir, au printemps, concentré des forces supplémentaires en Abkhazie, et y avoir renforcé son infrastructure militaire, Moscou a reporté le processus d’escalade sur l’Ossétie du sud.
Le 3 juillet une tentative d’assassinat avait visé Dmitry Sanakoïev, chef de l’administration intérimaire d’Ossétie du sud, qui contrôlait un tiers du territoire de la région. L’explosion a blessé les gardes du corps de Sanakoïev.
Le 9 juillet Moscou a ostensiblement reconnu que quatre avions de l’armée de l’air de Russie avaient été envoyés en mission au-dessus de l’Ossétie du sud. Cette opération visait à dissuader la Géorgie d’y faire voler des avions sans pilote, pour aveugler Tbilissi sur les mouvements militaires de la Russie et de ses substituts dans la région. Une série d’attaques à la mine ont visé les patrouilles de police géorgiennes.
Pendant la première moitié de juillet et les premières journées d’août, les troupes ossètes commandées par des Russes sous l’autorité des autorités ossètes dirigées par Moscou ont tiré à plusieurs reprises sur des villages contrôlés par la Géorgie, forçant la police géorgienne à riposter pour les défendre.
Entre-temps, les médias contrôlés par Moscou orchestraient une hystérie sur le risque de guerre, accusant la Géorgie d’avoir l’intention d’attaquer. Dans le nord du Caucase et en Russie même, les chefs cosaques payés par le gouvernement menaçaient d’envoyer des “volontaires” combattre contre la Géorgie.
Les autorités d’Ossétie du nord, qui connaissaient apparemment les plans de Moscou, se montraient nerveuses à la perspective de se trouver mêlés à une opération militaire majeure par procuration à leur frontière sud.
Les buts de l’opération militaire de Moscou sont triples :
L’objectif immédiat est de rétablir l’autorité des formats de négociation et de “maintien de la paix” contrôlés par la Russie.
En tirant sans relâche sur les positions géorgiennes et en escaladant l’intensité des tirs avec chaque jour qui passe, Moscou espère forcer la Géorgie à se résigner à ces formats sous contrôle russe pour alléger la pression.
En outre, Moscou veut forcer Tbilissi à reconnaître à la Russie un rôle dirigeant comme “garante” d’un règlement final.
Le but de Moscou est ensuite, dans un cadre temporel coïncidant avec le premier, de capturer les villages contrôlés par la Géorgie en Ossétie du sud.
Le modèle des attaques depuis le 6 août indique une intention de réduire à l’insignifiance le territoire administré par Sanakoïev, voire de l’expulser complètement d’Ossétie du sud.
Si elle réussit, cette entreprise pourrait bien être reproduite en haute-Abkhazie par les forces russes et leurs faux nez tentant d’évincer les autorités loyales à Tbilissi.
L’objectif politique stratégique est de dissuader l’OTAN d’approuver un Plan d’Action pour l’Adhésion (Membership Action Plan) pour la Géorgie aux réunions de l’alliance en décembre 2008 ou en avril 2009. Plus immédiatement, Moscou tente de faire capoter la visite d’évaluation du Conseil de l’Atlantique Nord en Géorgie, prévue pour septembre, ou au moins d’influencer les conclusions de cette visite sur les qualifications de la Géorgie pour un MAP.
Comme au sein de l’OTAN les partisans de la “Russie d’abord” prétendent que les conflits non résolus disqualifieraient la Géorgie pour un MAP, la Russie vise à démontrer que ces conflits ne le sont pas, résolus.
L’incapacité de l’OTAN, au sommet d’avril 2008, à admettre la Géorgie dans un MAP a encouragé la Russie dans l’escalade de ses opérations militaires contre la Géorgie.
Moscou tente aussi de saigner économiquement la Géorgie par des opérations militaires prolongées. La Russie ne peut pas tolérer à sa frontière le succès économique d’un gouvernement pro-occidental. Conscient, en outre, du fait que le gouvernement géorgien rend des comptes à son opinion publique, Moscou tente de forcer ce gouvernement à choisir entre céder au risque d’un contrecoup à l’intérieur et, sinon, de répliquer dans une coûteuse confrontation.
Les similitudes avec les interventions russes au début des années 1990 en Transnistrie et en Abkhazie sont imparables. Dans ce scénario, les médias russes créent une atmosphère d’hystérie, de guerre imminente, dépeignant le petit pays visé par l’attaque comme un dangereux agresseur.
Des troupes fantoches armées par la Russie, déjà installées sur le territoire de la nation visée, s’en prennent alors aux localités et aux sièges de l’autorité.
Des cosaques, et des “volontaires” du nord-Caucase sont envoyés. Les dirigeants russes peuvent prétendre que les attaquants agiraient de leur propre chef, en-dehors du contrôle de Moscou.
Le renseignement militaire russe coordonne l’opération, tandis que les forces aériennes et terrestres fournissent la couverture, intervenant directement si le pays-cible se défend.
Dans l’étape finale de ce scénario, des forces russes de “maintien de la paix” perpétuent les conquêtes réalisées sur le terrain. Pendant toute la crise, la plupart des gouvernements occidentaux sont désorientés et réagissent sans pertinence en prônant la modération “aux deux parties”, et finissent par tolérer les faits accomplis par la Russie.
C’est ce scénario-là qui a commencé à se dérouler en Ossétie du sud à la fin de juillet.
Vers le 6 et le 7 août, des troupes fantoches puissamment armées ont ouvert le feu sur des villages de Géorgie, pendant que les autorités sécessionnistes refusaient de parler avec Tbilissi.
Les attaquants ont commencé par détruire les antennes de communication du système géorgien de téléphone mobile. Des armes et des groupes paramilitaires ont alors déferlé en Ossétie du sud depuis la Russie, à travers le tunnel de Roki contrôlé par la Russie.
Les fonctionnaires russes en Géorgie ont prétendu que les assaillants échappaient au contrôle de la Russie. Cependant les dirigeants moscovites, pour leur part, justifiaient les attaques directement et indirectement en accusant la Géorgie d’agression.
(Interfax, Itar-Tass, Télévision Russe, 4-7 août).
Le 7 août à 19h00 locales, le Président géorgien Mikheil Saakachvili a fait une déclaration en direct à la télévision nationale, annonçant un cessez-le-feu unilatéral et demandant à l’autre partie de cesser à son tour les hostilités.
En des termes hautement conciliants, le Président Saakachvili appelait à des négociations “sous toutes les formes”, réaffirmant son offre déjà ancienne d’une pleine autonomie pour l’Ossétie du sud, proposé que la Russie soit garante de cette solution, offert une amnistie générale et plaidé pour une intercession internationale pour mettre fin aux hostilités.
(Rustavi-2 TV, 7 août).
A la suite du discours de Saakachvili, les attaques contre les villages géorgiens se sont intensifiées. Le village d’Anevi a été presque complètement détruit, Tamaracheni et Prissi bombardés, et le poste de police de Kurta, siège de l’administration Sanakoïev, écrasé par des tirs d’artillerie. Les civils ont commencé à fuir les villages.
Ces assauts ont forcé Tbilissi à entreprendre des actions défensives.
Le 7 août vers 22h30 locales les Géorgiens ont répliqué aux tirs. Pendant la nuit, les forces géorgiennes, y compris des colonnes blindées ont fait mouvement vers Tskhinvali, le centre administratif des autorités sécessionnistes. Ces opérations ont stoppé la répétition, en 2008, d’un scénario de type 1992-1993.
Sebaneau
docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_310c3h6bzdv
http://www.jamestown.org/edm/article.php?article_id=2373334
Ce que l’Union Européenne peut faire pour la Géorgie après l’invasion russe
Par Vladimir Socor, Eurasia Daily Monitor, 30 août 2008
Le sommet de l’Union Européenne réuni en urgence le 1° septembre doit contempler les décombres de ses politiques dans son voisinage oriental et vis-à-vis de la Russie. A la suite de l’invasion de la Géorgie par la Russie et du changement de ses frontières par la force, l’Union Européenne peut s’attendre à des pressions accrues de la Russie (après un délai de convenance) sur l’Ukraine, la Moldavie, les états Baltes et l’Azerbaïdjan.
Tandis que la forme et l’éventail des pressions –économiques, politiques, militaires—variera d’un pays à l’autre, la Russie a mis en branle un processus général de subversion de l’ordre international postérieur à 1991. La Géorgie a été sa première cible.
Quoique provoqué par l’agression contre la Géorgie, le sommet de l’Union Européenne manquerait à son devoir s’il n’offrait pas des assurances de soutien politique et de perspectives d’intégration à l’Ukraine et à la Moldavie, de même qu’une forte affirmation de l’intérêt de l’Europe pour le couloir de transit énergétique par l’Azerbaïdjan et la Géorgie.
Étant donné que la Russie avait commencé par distribuer en masse des passeports russes en Abkhazie puis en Ossétie du sud, puis était intervenue pour “protéger les citoyens de la Russie”, l’Union Européenne doit certainement délégitimer cette espèce de “passportizatsia” L’Union Européenne avait vu ce qui se passait en Géorgie mais n’avait rien dit. Si elle ne le délégitimise pas, cela pourrait encore lui revenir en pleine figure en Ukraine, en Moldavie, ou dans les États baltes.
Le sommet de Bruxelles est confronté à un ordre du jour qui est double :
Tout d’abord, sauver l’État de Géorgie du dépeçage territorial, de la destruction économique et de l’occupation militaire de la Russie ; et,
deuxièmement, fixer un coût prohibitif à l’emploi de la force par Moscou dans l’est de l’Europe, où la réimposition de la domination russe accroîtrait le pouvoir de la Russie par rapport à celui de l’Union Européenne et de l’OTAN.
L’Union Européenne semble en gros disposée à accorder un soutien politique et économique à la Géorgie, mais elle semble divisée sur la nécessité de reconnaître le défi révisionniste que lui lance la puissance russe, plus encore sur la manière de traiter cette provocation.
A son sommet de Bruxelles, l’Union Européenne peut offrir à la Géorgie les formes de soutien suivantes :
— Placer au sommet de l’ordre du jour politique la question de la suppression des zones militaires tampon de la Russie (“zones de sécurité”) à l’intérieur de la Géorgie.
Découpées unilatéralement par la Russie, ces zones occupées n’ont aucun rapport avec l'”armistice” conclu avec la médiation de la France ; bien au contraire, elles le détruisent. Ces zones s’étendent bien au-delà des territoires d’Abkhazie et d’Ossétie du sud, compromettent les artères de transport vitales de la Géorgie, menacent la viabilité du corridor de transit pour le pétrole et le gaz, et réduisent la Géorgie à un état-croupion problématique et précaire.
— Revenir à un soutien diplomatique total de l’intégrité territoriale de la Géorgie dans ses frontières internationalement reconnues.
Le Ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier et le Président français Nicolas Sarkozy avaient trop visiblement laissé tomber ce principe dans le plan de résolution du conflit en juin et le pseudo-“armistice” d’août. Cette reculade – par des tierces parties, au détriment de la Géorgie — a indiscutablement encouragé la Russie à “reconnaître” l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, et à s’emparer de morceaux supplémentaires du territoire géorgien avec les prétendues “zones-tampon”.
Pour délégitimer les “reconnaissances” par la Russie, l’Union Européenne est bien placée pour annoncer qu’elle refusera toute aide aux pays qui reconnaîtraient l’Abkhazie et l’Ossétie du sud.
— Reconnaître officiellement le nettoyage ethnique massif commis en Abkhazie dans les années 1990 et en Ossétie du sud (plus la “zone tampon”) en août 2008, disqualifiant la prétention de l’agresseur à mettre en oeuvre une prétendue “autodétermination”.
Certains dirigeants de l’Union Européenne, y compris la chancelière allemande Angela Merkel et le Ministre des affaires étrangères français Bernard Kouchner, en ont dûment pris note à la veille du sommet (Deutsche Welle, Agence France Presse, 26-28 août).
En revanche l’Union Européenne en tant que telle doit aussi enregistrer ces deux cas de nettoyage ethnique, les condamner, et en tirer les conséquences politiques appropriées.
— Appeler à une enquête internationale impartiale par une commission indépendante sur les événements qui ont mené à la guerre entre la Russie et la Géorgie, et sur ses conséquences sur le terrain.
Le ministère géorgien des Affaires étrangères a déjà appelé à une telle enquête, offrant un accès total aux preuves et aux enquêteurs sur le terrain (communiqué de presse, 29 août).
— Constituer en envoyer en Géorgie un contingent de soldats de l’Union Européenne pour maintenir la paix.
Un tel contingent pourrait être fait d’unités multinationales de type gendarmes ou policiers civils, de même que d’observateurs militaires non armés, recrutés parmi les pays membres de l’Union Européenne.
Celui-ci doit être désigné pour remplacer les troupes russes stationnées dans les prétendues zones tampon, comme la Chancelière Merkel, avec d’autres, l’a proposé (Deutsche Welle, 26 août). L’Union Européenne pourrait conférer un mandat propre à un tel contingent dans le cadre de sa Politique de sécurité et de défense (PESD). A défaut, une coalition de volontaires au sein des pays de l’Union Européenne pourrait contribuer en personnel.
Dans un cas comme dans l’autre, la Géorgie peut exercer son Droit souverain d’inviter un tel contingent sur son territoire.
Demander un mandat à l’ONU ou à l’OSCE, comme le suggère la France (AFP, 26 août), serait la mauvaise manière de procéder pour l’Union Européenne. Dans ce cas-là, la Russie utiliserait son pouvoir de veto dans l’une ou l’autre de ces organisations pour retarder indéfiniment l’arrivée de ce contingent ou pour réduire sa taille et sa mission à un rôle sans conséquence — comme c’est déjà le cas des missions de l’ONU et de l’OSCE en Abkhazie et en Ossétie du sud, à cause de ce pouvoir de veto de la Russie.
— Autoriser le financement par l’Union Européenne d’un paquet d’assistance et de reconstruction, à mettre au point par le gouvernement géorgien en consultation avec la Banque mondiale et d’autres éventuelles institutions.
La valeur de ce paquet doit être proportionnée au dommage infligé à l’infrastructure géorgienne par l’armée russe au cours de son invasion et de son “armistice”.
Une aide qui ne serait pas à la hauteur signalerait –certes, pas pour la première fois— que l’Union Européenne n’est pas sérieuse dans son intention d’utiliser dans l’intérêt de l’Europe le potentiel de transit unique de la Géorgie.
L’Union Européenne pourrait nommer un Représentant spécial pour la reconstruction en Géorgie. La République tchèque a offert d’héberger une conférence des contributeurs pour la Géorgie.
L’assistance de l’Union Européenne pour la reconstruction, cependant, n’est pas un substitut à une stratégie politique pour l’Union Européenne politique qui fait défaut en Géorgie et plus généralement dans le sud du Caucase.
— Élaborer d’urgence un accord de facilitation pour les visas et un accord de libre échange entre l’Union Européenne et la Géorgie.
L’un et l’autre étaient en préparation bien avant l’invasion russe et n’en sont devenus que plus urgents aujourd’hui. Au-delà de leur valeur intrinsèque pour la Géorgie et pour ses citoyens, la conclusion rapide de tels accords démontrerait au moins une dose d’engagement à log terme de l’Union Européenne vis-à-vis de la Géorgie.
Face à une Russie hostile, la politique extérieure commune de l’Union Européenne, sa politique de sécurité, sa politique de l’énergie, et sa politique vis-à-vis de ses voisins sont en train de perdre leur crédibilité aux yeux des pays pro-occidentaux à l’est de l’Europe, voire aux yeux de ses membres eux-mêmes.
C’est aujourd’hui que l’Union Européenne a une occasion sans précédent d’acquérir de la crédibilité vis-à-vis de tous par une politique active dans la Géorgie envahie par les Russes.
Anonyme
@ Pascal G.
Entre l’occident décadent, consumériste, matérialiste et le patriotisme fier des Russes, il serait temps que vous choisissiez votre camp. Je suis heureux de vous entendre dire que les Russes sont un peuple européen de grande culture car j’avais peur de vous entendre dire qu’il s’agissait d’un peuple slave et oriental toujours infecté par le virus du communisme, discours typique des libéraux occdientalistes droitdel’hommistes qui ne peuvent supporter que leurs intérêts économiques soient bridés par une autorité politique qui sait faire respecter ses intérêts quand il le faut.
Cependant il faudrait continuer sur votre lancée. Vous nous parlez des intérêts géopolitiques. Il faut que l’Europe soit indépendante énergétiquement des Russes, nous dites-vous. La bonne blague ! Pour mieux tomber de Charybde en Scylla. J’imagine que vous savez très bien de qui nous dépendrons si nous ne dépendons pas des Russes ?! A défaut d’utiliser les gazoduc russes, ce seront les gazoducs construits à grands frais par des intérêts américains et israéliens à travers la Géorgie en direction de la Turquie (pipeline Bakou-Tbilissi-Ceylan) qui alimenteront l’Europe, belle indépendance en perspective !
L’Europe ne saurait pas être indépendante énergétiquement à moins qu’elle découvre une autre source d’énergie que le pétrole et le gaz. Le problème des minerais se pose tout autant. L’Europe a donc le choix entre l’axe Washington-Ankara-Tel-Aviv ou l’axe Paris-Berlin-Moscou. Pour ma part, le choix est déjà fait. La Russie nous offre le plus bel exemple de nation européenne fière et indépendante. Le rapprochement du Kremlin avec le patriarcat, les obsèques de Soljenitsyne, l’aigle bicéphale sur le drapeau de la Fédération de Russie… Tout cela sont des indices clairs que la Russie n’est plus soviétique au sens où les occidentalistes l’entendaient dans les années 70. Le discours antirusse, héritage poussiéreux de la guerre froide, n’a plus lieu d’être. A moins que vous ne préférez les banlieux de New-York et de Seine-Saint-Denis peuplées de bons européens à la rigueur dictatoriale de Moscou ?
A moins que vous ne préférez le prêche haut en couleur d’un pasteur télévangéliste américain dans un stade de football aux voix gutturales des chantres slavons dans le monastère de la Trinité Saint Serge. Ne négligez pas l’aspect “culturel” et “sentimentaliste” car ce sont les idées en dernières analyse qui influencent la politique au moment de faire des choix stratégiques. Et quoi qu’il en soit, sur le terrain rationnel de la géopolitique comme sur le terrain “sentimental” de la culture, un seul choix s’impose à tout bon catholique qui se respecte: “Vive la Sainte Russie”.